Résolution de la crise malienne : Kidal, la poudrière

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Un membre du MNLA à Kidal
Un membre du MNLA à Kidal, le 23 juin 2013.
REUTERS

Malgré les efforts, aussi bien nationaux qu’internationaux, la région de Kidal reste le bastion des indépendantistes du MNLA.

Alors que le reste du territoire national se remet lentement de l’occupation par les rebelles et les jihadistes, les nouvelles autorités craignent que le climat persistant de défiance et d’hostilité qui règne à Kidal ne déstabilise le pays.

 

 

Le destin du Mali, post crise, est lié au cas de Kidal. Cette région, isolée du processus de paix en cours, est comparable à une épine dans les pieds des nouvelles autorités maliennes. Même si, dans l’ensemble, toute la région du nord malien est loin d’être stable, la région de Kidal empêche le début des pourparlers pour une sortie de crise.

 

 

L’insécurité persiste dans cette partie de notre pays. Il ya deux semaines, le MUJAO a revendiqué l’enlèvement de quatre membres du Comité international de la Croix-Rouge et d’un vétérinaire sur la route entre Gao et Kidal. Auparavant, en début du mois de février, une trentaine de touaregs ont été massacrés par des combattants, toujours issu du MUJAO. Mercredi dernier, un véhicule de Médecins du monde a sauté sur une mine.

 

 

Des troupes maliennes sont présentes à Kidal, aux côtés des troupes de la MINUSMA et de l’armée française. Mais, selon les observateurs, leur nombre ne suffit pas à sécuriser ce vaste territoire.

 

Malgré le retour du gouverneur Abdoulaye Kamissoko dans la région de Kidal, l’évacuation, avec réticence des bâtiments importants occupés par le MNLA, le gouvernement n’a pas le contrôle de Kidal.
En 2013, le MNLA a dit à un journaliste que « mettre un drapeau malien à Kidal, c’est une déclaration de guerre ». Autant dire que pour les rebelles touaregs, Kidal n’est pas malien.

 

 

A qui la faute ?

Si l’intervention militaire française, qui a débuté en janvier 2013, a permis de chasser les occupants islamistes du pays, le sentiment de gratitude de beaucoup de Maliens s’est estompé au cours de ces derniers mois.

 

À Bamako, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que, si les forces françaises ont délogé les islamistes de Tombouctou et Gao entre autres, elles ont adopté une approche de « non-intervention » à Kidal. Les troupes françaises sont intervenues en collaboration avec les soldats tchadiens, en excluant ouvertement l’armée malienne.

 

La France a laissé le MNLA s’installer, en espérant que sa connaissance du désert ferait de ce mouvement un allié lors des négociations de libération d’otages et des opérations militaires visant à contrer la menace résiduelle posée par les jihadistes.

 

Certains Maliens estiment que la France a été dupée sur ces deux points. Selon eux, le gouvernement français considère le MNLA comme un mouvement autochtone aux revendications légitimes et les islamistes comme des opportunistes majoritairement étrangers. Une distinction erronée, disent-ils.

 

 

Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale et actuel président de la COMODE, la Coalition malienne des organisations démocratiques, une vaste alliance de partis et de groupes de pression qui ont appelé à la libération de Kidal, a dit à une Agence d’information : « Je n’ai toujours pas compris ce que la France voulait faire dans le Nord. Si on prend la protection de l’intégrité territoriale au sérieux, on ne peut pas laisser un autre drapeau flotter dans l’Adrar. Pour nous, c’est tout simplement incohérent ».

 

Régler la question du MNLA
Voir le MNLA faire flotter le drapeau de l’Azawad autour de Kidal, organiser des manifestations contre les délégations gouvernementales et éviter les négociations relatives à l’évacuation est intolérable pour l’ensemble des maliens. Les rébellions et les accords de paix précédents ont laissé sceptiques un grand nombre de nos compatriotes. Les dirigeants séparatistes avaient signé des accords et accédé à des postes élevés dans le civil ou dans l’armée avant de soutenir les nouvelles insurrections. S’ils veulent être pris au sérieux, ils n’ont d’autres choix que de rendre les armes. Autrement, ils s’attireraient, tôt ou tard, les foudres de la Communauté internationale dont la France.

 

 

Le mouvement rebelle touareg ne cesse de jeter la pierre sur les autres. Aux intermédiaires et aux journalistes, ces dirigeants parlent de civils tués par les forces de sécurité maliennes pendant les manifestations, accusent la France d’avoir laissé le mouvement exposé et isolé à Kidal et expriment leur déception de voir que le président, Ibrahim Boubacar Keïta, n’a rien proposé de nouveau. Une attitude qui jette davantage de discrédit sur le MNLA.

 

 

Lors de sa prise de fonction, le président IBK avait affirmé que le Nord serait sa priorité. Pour la première fois, un ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord a été crée. Il a également organisé des assises nationales pour le nord du Mali à Bamako (boycottées par les groupes armés) et établi une nouvelle commission vérité, justice et réconciliation qui devrait s’intéresser aux origines de la crise et aux abus qu’elle a entraînés.

 
Concernant, le processus de négociation, il est au point mort. Selon l’Accord de Ouagadougou, des pourparlers inclusifs auraient dû avoir lieu dans un délai de 60 jours à compter de l’investiture du nouveau président. Jusqu’à nos jours, il n’a pas eu lieu

Ahmed M. Thiam

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