Contrairement à ce que les groupes armés tentent de faire croire à l’opinion, leurs discordes sont loin d’être dissipées. Leurs conclaves de Ouagadougou n’ont rien donné. On en veut pour preuve, le ton sec que Djibrill Bassolé, ministre burkinabé des Affaires étrangères, présent à Alger, a lancé aux responsables du MAA et du Mnla: « vos divisions constituent une menace pour la paix ».
La délégation gouvernementale, de son côté, a assuré qu’elle est à Alger « avec l’esprit ouvert et les oreilles tendues ». En effet, leurs oreilles étaient si tendues aux appels venant de Bamako, sans nul doute du président de la République, que le ministre Diop en a perdu son latin. Dans son discours d’ouverture, il a maladroitement remplacé l’expression « lettres de noblesse » par « lettres de faiblesse ». Confuse n’est pas exagéré pour qualifier la situation dans laquelle Bamako se trouve actuellement. En découdre avec le problème du Nord est son vif souhait. Mais à quel prix ? Et qu’arrivera-t-il après ? D’abord, Bamako entre en négociation avec six groupes armés face a elle seule. Et le problème est que ces groupes armés ne sauraient représenter toute la population meurtrie du Nord. Le gouvernement de Bamako sait pertinemment qu’à Alger, c’est uniquement les grandes questions officielles et que la réalité est tout autre. La signature d’un accord à Alger à ces rassemblements de rebelles ne redonnera pas l’espoir aux populations du Nord. De plus, la reconstruction ne se fera pas toute seule. Au Nord, tout sera à refaire. C’est pour tout cela que Bamako est fébrile à l’heure de la phase décisive des pourparlers.
Rokia DIABATE