Le gouvernement du Mali, à travers le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (Fafpa), vient d’initier un important programme de formation au bénéfice de la «population active» de la région de Gao (1.200 km au nord de Bamako). La cérémonie de lancement de cette initiative a eu lieu le 30 août 2014 à Gao en présence du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, porte-parole du gouvernement, Mahamane Baby. On notait aussi la présence du ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, Abdoulaye Idrissa Maïga.
Financé à hauteur de 200 millions de Fcfa, ce projet porte sur la formation de près de 500 personnes membres des associations de jeunes et de femmes de la Cité des Askia. La formation porte sur 24 corps de métiers dont, entre autres, l’embouche bovine, la tresse traditionnelle, la coupe et coupure, la restauration, le marketing, la gestion de projet et des ressources humaines, le plaidoyer/lobbying et la culture de la paix. La durée de la formation est de dix jours à l’issue desquels des kits seront remis aux bénéficiaires afin de les aider à s’insérer sur le marché du travail à travers des activités génératrices de revenus.
Pour le Directeur général du Fafpa, Mohamed Al Bachar Touré, cette initiative est d’autant pertinente que «le développement humain durable commande pour chaque citoyen une vie digne et l’accès à des services sociaux de base que sont l’éducation, la formation professionnelle, un emploi décent et un environnement naturel sein». Pour le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, qui a présidé la cérémonie de lancement à Gao, ce projet vise à consolider «la paix et le développement» par la formation professionnelle. Tout comme il concrétise une promesse de campagne du président Ibrahim Boubacar Kéita qui a promis de créer 200.000 emplois au profit des jeunes de son pays.
La pertinence de ce projet est aussi perçue au niveau de la population bénéficiaire. «Dans les régions du nord, singulièrement à Gao, la pauvreté liée au chômage des jeunes est la principale cause de vulnérabilité des jeunes ciblés par les trafiquants de drogue et les organisations criminelles comme celles des islamo-terroristes. Avec cette initiative, je pense que le gouvernement a pris conscience de cela et est engagé à combattre les causes d’instabilité de ces régions», souligne Dr. Kalifa A. Touré, professeur d’université et formateur en gestion des projets. «Ce vaste projet citoyen à l’endroit de la jeunesse de Gao tombe à point nommé… Le chômage conduit au désespoir pouvant conduire au banditisme résiduel. Ainsi, les jeunes en quête d’emplois ont été recrutés et engagés dans une aventure ambiguë par les terroristes… Des initiatives comme celle lancée aujourd’hui les mettent à l’abri de telles entreprises de déstabilisation du pays», a déclaré Mlle Almouréita Diarra, porte-parole des bénéficiaires du projet. «Notre ambition est de remettre les jeunes au travail pour empêcher d’être attirés ailleurs avec les conséquences qu’on connaît. Il faut former et équiper les jeunes et les aider à entreprendre pour qu’ils ne tombent pas dans le banditisme ou qu’ils ne deviennent plus des proies faciles pour des organisations terroristes», a précisé Mohamed Al Bachar Touré.
En tout cas, les autorités politiques et administratives comme le directeur de cabinet du gouverneur de Gao, M. Adama Kansaye, sont convaincues que «c’est l’une des meilleures approches pour corriger les raisons et les conséquences de la crise multiforme que notre pays vient de vivre». Pour M. Kansaye, cette formation permettra non seulement de «renforcer les capacités des jeunes de Gao, mais aussi d’accélérer le développement de notre région, gage du bien-être social et de paix». Pour un responsable de Wabaria Consulting, une agence retenue dans la formation, ce projet va aussi contribuer à «la valorisation de l’expertise locale». Cette agence de Formation et de Placement va encadrer 80 jeunes dans la Gestion des projets, l’Informatique et Internet, la Culture de la paix et le plaidoyer/ lobbying.
Pour mieux concrétiser cette volonté politique, Wabaria Consulting se dit prête à «soutenir les deux meilleurs porteurs à la concrétiser».
Moussa BOLLY (Envoyé spécial)