Renouvellement du mandat de la MINUSMA : Les soldats maliens et africains victimes économiques de la guerre

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C’est en principe le 29 juin prochain que le Conseil de Sécurité des Nations Unies devra procéder au renouvellement du mandat de la Mission Multidimensionnelle des Nations Unies au Mali (MINUSMA). L’annonce a été faite, hier par nos confrères de RFI. C’est le secrétaire général de l’Organisation, le Sud Coréen Ban Ki-moon, qui devra introduire la requête de prolongation  et de renforcement de la force onusienne au Mali au moment venu. L’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, qui devra diriger le Conseil durant ce mois de juin, promet de s’appuyer sur les recommandations du Secrétaire Général pour demander le renouvellement du mandat de la mission.

Pour justifier juridiquement cette décision, Ban Ki-moon s’appuie officiellement sur la dégradation de la sécurité dans le septentrion de notre pays en général et la multiplication des attaques terroristes à l’encontre des casques bleus en particulier pour demander le renforcement du mandat de la Minusma. Selon la correspondante de RFI à New York, Marie Bourreau, l’outil d’aide à la décision qui sert de boussole pour Ban Ki-moon et le Secrétariat général du Conseil de Sécurité est un rapport de 40 pages, qui a été remis au Conseil de sécurité. Dans ce document épais, le Sud Coréen ne cache point son inquiétude devant la dégradation de la sécurité dans le Nord de notre pays. Selon lui, les attaques sont de plus en plus complexes et meurtrières. Avec l’utilisation d’engins explosifs combinés à des embuscades. Dans ces conditions, il estime que le mandat de la Minusma doit être renforcé ainsi que ses capacités logistiques pour répondre à l’environnement hostile auquel la mission est confronté.

Pour cela, il envisage de demander au Conseil de Sécurité de porter le nombre des casques bleus de 12 000 actuellement à près de 13 289 personnels, soit 2 049 soldats de plus. Ban Ki-Moon se propose également de demander le transfèrement de  la force de réaction rapide de 650 hommes de la Côte-D’ivoire au Mali. Il compte aussi demander le renforcement des équipements militaires de la Mission. Qui manquerait toujours d’équipement-clé dans la lutte contre le terrorisme, notamment un hélicoptère de combat, un bataillon assurant la sécurité des convois, des moyens de renseignement et d’analyse de données et plus largement du personnel qualifié et « équipé pour combattre dans un contexte de guerre asymétrique ».

Comme on le voit, tout est bien dit ici à l’avantage des Nations Unies. Sauf que l’intérêt du Mali reste à chercher dans cette forêt de propositions. Pour mémoire, cela fait exactement 17 ans que l’ONU est présente en RD Congo à travers la MINUSCO. Les militaires maliens aussi donnent tout pour obtenir un séjour dans ce pays au sein de la MINUSCO. Histoire de se faire une petite fortune pour réaliser quelques uns de leurs rêves. Mais, cet intérêt mercantile pour l’extérieur a-t-il fait bouger les choses dans ce pays en termes de sécurité ? Non car jusqu’à preuve du contraire, les Congolais souffrent énormément de deux maladies : l’insécurité et la misère. L’on a l’impression que ce n’est pas le même ex-Zaïre que le dictateur Moboutou a légué en héritage. L’immense richesse est exploité par des sans foi ni loi en complicité avec des multinationales qui n’ont d’intérêt que pour le cours du dollar à la Bourse de New York, de Londres, de Frankfort, de Paris, de Hong Kong, ou de Shanghai, etc. Ces grosses sangsues, dont les intérêts sont bien préservés par les Nations Unies, à travers leurs Etats respectifs, sont établies à des milliers de kilomètres des mines d’exploitation des minerais et sont totalement insensibles à la souffrance des pauvres populations de Kinshasa, de Lubumbashi et surtout du Katanga, bastion minière du pays.

Tout comme en RD Congo, la guerre est devenue la seule arme, l’arme la plus efficace, entre les mains des Nations Unies pour se maintenir dans nos pays faibles. La preuve, chaque fois qu’une fin de mandat s’approche, les attaques des rebelles se multiplient, offrant des arguments techniques pour remplir les pages d’un soi-disant rapport du secrétaire général, qui n’est en fait qu’un moyen et non une fin de cycle de la violence. Car, rien n’est fait pour que celle-ci s’estompe un jour. Elle est alimentée et entretenue par les pompiers pyromanes eux-mêmes. Pour le cas du Mali, il est connu des esprits les plus avertis que le mois de mai est le plus dangereux de toute l’année. C’est pendant le mois de mai 2014 qu’ont eu lieu les événements de Kidal. C’est également en mois de mai 2015 que l’Accord de paix et de réconciliation a été signé. L’on s’est arrangé pour que le MNLA et ses complices du HCUA, d’Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali et du MAA (branche rebelle) n’apposent pas leurs signatures au bas l’Accord qu’en juin de la même année.

Cette année encore, le mois de mai a été particulièrement meurtrier pour les soldats maliens des FAMas et de la MINUSMA. Une seule fois, certainement par erreur, une colonne de la  force  Barkhane a été prise pour cible par des éléments proches de la CMA, le 13 avril dernier, qui ont, encore une fois de plus, été qualifiés de Djihadistes par RFI. Etant entendu que les militaires français sont toujours épargnés de la folie meurtrière dans une zone de combat. C’est la seule fois que Barkhane a perdu 3 hommes et 2 blessés, lesquels succombèrent à leurs blessures peu après leur évacuation en France. Cette attaque inaugurait une série noire. Depuis, il ne se passe pas une seule semaine sans les rebelles ne se signalent quelque part par des attaques à l’aide des mines anti personnelles. Les Tchadiens ont eu leur dose le 18 mai suivie de celle des Togolais, le week-end dernier. Entre ces deux attaques, ce fut le tour du véhicule du colonel Daou de sauter sur une mine dans les faubourgs de Gossy. Le hic qui fait tilt, c’est que même endommagé par le choc de la mine, son véhicule a été pris pour cible par des tireurs embusqués. Le lendemain, c’est le commandant Mamadou Camara de se faire assassiner lâchement à son domicile à Gao. Une semaine après ces deux assassinats, une colonne des FAMas a sauté sur une mine entre Ansongo et Ménaka avant de se faire tirer dessus par des hommes armés embusqués. La dernière attaque contre les Nations Unies a eu lieu, en début de cette semaine. Elle a fait quatre victimes, dont un chinois, un français et deux Maliens.

La question est de savoir si les Nations Unies ont besoin d’autant de sacrifices humains pour obtenir le renouvellement de leur mandat au Mali ? La réponse à cette question est une invite à la réflexion lancée à la fois à Ban Ki-moon et aux Maliens.

M . A. Diakité

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1 commentaire

  1. Would a couple of drones for recon be useful plus cost effective? Keep it real. Peace piece. Very sincere, Henry Author Price Jr. aka Obediah Buntu IL-Khan aka Kankan.

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