«Un peuple affamé n’est pas en paix » : ces propos du maire de la localité à l’ouverture de la rencontre intercommunautaire organisée par le PSPSDN qui inaugurait, les 14 et 15 octobre derniers, les réunions prévues dans la Région de Tombouctou, traduisent le sentiment de la trentaine de chefs de fractions et la dizaine de chefs de villages présents à l’événement. Un événement qui a donné l’occasion à la centaine de participants dont les maires des différentes communes du Cercle de Niafunké et même ceux des cercles voisins Goundam (Ras el Ma) et Niono (Nampala) de valider l’ambitieux document stratégique pour le développement de la commune de Léré, en tant que pôle sécurisé de développement et de gouvernance du PSPSDN. Naturellement, tout ceci ne peut être pris en compte par le PSPSDN, a tenu à préciser, tout de suite, le représentant du programme à cette réunion, le Commandant Abdoulaye Macalou, dans une concision et une franchise qui ont été saluées par l’auditoire.
Mais on y retrouve les lignes-forces du PSPSDN : pourvoir les conditions minimales de sécurité et garantir celle-ci par des actions de développement. En somme, le binôme-sécurité-développement, comme l’avait précisé le président Touré au lancement, en août dernier, des chantiers de ce programme dont il n’est pas peu fier. Mais pourquoi Léré en tant que pôle au lieu du cercle de Niafunké tout court ? La question est plusieurs fois revenue dans les débats : et l’émissaire du programme a sa réponse : les onze pôles du PSPSDN sont choisis en fonction de critères géostratégiques précis, inspiré dans ses aspects sécuritaires par le Conseil Supérieur de la Défense, et validés dans ses aspects développementaux par les autorités des trois régions concernées que sont Kidal, Gao et Tombouctou. Cette dernière région n’a-t-elle pas été exclue de l’attribution des marchés de Kidal et de Gao ? La clause de territorialité est autant que possible un critère du programme, a expliqué M. Macalou.
Mais la Région et les entreprises de Tombouctou devraient être privilégiées dans la phase 2 qui est imminente, à condition que ces entreprises soient éligibles aux critères des appels à candidature. Apaisements appréciés et renforcés par le Préfet de Niafunké qui précisera que le PSPSDN ne remplace pas l’administration publique dans sa mission de développement classique mais plutôt la complète en permettant de réunir les conditions de sécurité requises. Rien de vraiment facile, à en juger par la résolution finale de la rencontre. Outre les défis traditionnels dont le choc des légitimités entre notabilités anciennes et nouvelles d’une part et intercommunautaires d’autre part, les conséquences sur le Sahel de la crise libyenne ont été déplorées et le gouvernement appelé à plus de vigilance et de diligence pour que ce nouveau fléau ne déstabilise pas davantage le Nord-Mali. Tombouctou est pour l’instant épargnée par les violences signalées à Kidal et Gao. « Continuons de croiser les doigts », prièrent les participants. En tout cas, le rendez-vous est pris pour les autres rencontres dans cette région : Diré (24-25 octobre), Agouni (29-30 octobre), Gossi (30-31 octobre).
Adam Thiam, (Envoyé spécial)