Rencontre intercommunautaire d’Ansongo : Entre gestion difficile du quotidien et attente du PSPSDN

0

Ansongo, comme les autres petites villes du Nord du Mali, souffre de nombreux maux: manque d’infrastructures socioéconomiques, de moyens adéquats pour que l’administration, en général, fonctionne bien, insécurité résiduelle… C’est dans ce contexte qu’elle a reçu, le jeudi 27 et le vendredi 28 octobre 2011, une délégation du Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement des régions Nord du Mali (PSPSDN), venue s’enquérir des attentes des populations. 

D’entrée de jeu, pour démontrer leur enthousiasme, les populations ont réservé à la délégation un accueil des grands jours, meublé de musique et de danses traditionnelles. Avec, en tête de la foule, le Maire  de la commune et le Préfet.

Parmi cette foule bigarrée se trouvait Aïchata. Debout au bord du chemin qui mène à la salle de réunion de la Préfecture, d’un air timide, elle nous a confié être «très pressée de voir les réalisations du PSPSDN démarrer. Surtout pour les femmes». «Nous gérons déjà difficilement notre quotidien. Avec le peu de moyens dont nous disposons, nous, les femmes, essayons de faire du maraîchage et du petit commerce. Si le programme vient à notre aide pour accroitre nos revenus, je crois que les problèmes d’insécurité que tout le monde décrie ici ne seront plus que des souvenirs lointains», nous a-t-elle dit, avec, cette fois-ci, un sourire qui dévorait tout son visage.

C’est le même élan d’espoir qui anime un gendarme en service dans la localité que nous avons rencontré tout juste avant le début de la rencontre : «Avec les réalisations du PSPSDN, je crois que les services de sécurité seront fonctionnels à 100%. Aujourd’hui, nous faisons avec les moyens du bord. Je ne veux pas être trop alarmiste, mais je dois avouer que nous sommes souvent obligés soit de faire recours au système D soit de baisser les bras devant des situations pourtant gérables. Mais quand vous n’avez même pas de carburant ou un bon véhicule pour intervenir, les gens qui commettent des forfaits ont toujours une, voire deux, longueurs d’avance sur nous… Nous gérons le quotidien et attendons avec impatience que le programme nous dote des moyens adéquats».

Des moyens adéquats, la région voisine de Kidal en voit déjà la couleur, avec le lancement de plusieurs réalisations, selon le chef de la délégation. Côté sensibilisation, on a noté les exposés de Sicaye Ag Ekawel et Arboncana Boubèye Maïga. Pour ces deux experts, les problèmes d’insécurité ne peuvent pas être résolus seulement par les autorités administratives. Tout le monde doit s’impliquer pour combattre les malfrats, car ils sont parmi nous.

«Ce sont nos propres enfants, nos frères, nos cousins, qui nous braquent, qui enlèvent nos véhicules et qui nous tendent des embuscades» a martelé Sicaye Ag Ecawel, dans un Tamasheq plus que limpide. Et Arboncana Boubèye Maïga de lui emboîter le pas, en langue sonrhaï : «on ne peut pas développer nos localités si l’on ne tient pas compte des aspirations des uns et des autres. On ne peut pas avancer s’il n’y a pas de dialogue, s’il n’y a pas de cohésion sociale. Nous devons faire tomber toutes les barrières linguistiques et ethniques, afin que le sédentaire et le nomade cohabitent agréablement».

Pendant les débats, cette même problématique de cohabitation houleuse a été longuement évoquée. «Aujourd’hui, c’est un fossé qui est creusé entre nous. Nous nous regardons en chiens de faïence. Le sédentaire ne peut plus parler au nomade comme avant. C’est le langage de la violence et de la vengeance qui prévaut. Si nous n’y faisons pas attention, nous allons réduire à néant les efforts fournis par nos autorités» ont lancé plusieurs maires dans la salle.

Le jeune maire de Talataye, quant lui, s’est plutôt appesanti sur les impacts des futures réalisations: «J’espère que le PSPSDN fera mieux que la PRODECA. A part les quelques bâtiments construits, il n’y a eu aucun impact sur le terrain». D’autres intervenants ont évoqué la nécessaire restauration de l’autorité de l’Etat, à travers la présence effective des forces armées et de sécurité sur le terrain.

 

Des recommandations XXXL

Comme pour prouver à la délégation que les populations du cercle d’Ansongo voulaient mettre une chape de plomb sur l’insécurité et ceux qui la causent, une soixantaine de recommandations a été formulée. Les trois quarts concernent la sécurité. C’est ainsi qu’on a, entre autres recommandations, inscrite celle de la création de postes de sécurité à Indelimane, Amalawlaw, Andermanen, Tinatasa, Tin-Hama… Sans oublier les mises en place des groupements, de pelotons, de postes militaires et la construction de logement pour les Préfets et les Sous-préfets…

Par ailleurs, les populations du cercle d’Ansongo n’ont pas passé sous silence la construction impérative d’infrastructures socioéconomiques de base, comme les CSCOM, les parcs de vaccination, les centres pour jeunes ou encore l’aménagement de périmètres irrigués.

 

Paul Mben, Envoyé spécial

 

 

Mme Diallo Safiatou Touré, Présidente de la COFEM  à Ansongo

 

«Les projets féminins doivent être prioritaires»

Venue participer à la rencontre intercommunautaire d’Ansongo dans le cadre du PSPSDN, Mme Diallo Safiatou Touré, Présidente de la COFEM, a bien voulu nous rencontrer pour faire une mise au point sur les sujets qui la préoccupent. Notamment la prise en compte des projets proposés par les femmes. «Pendant la première phase, nous n’avons pas été considérées, alors que les femmes d’Ansongo sont très dynamiques. Grâce au maraîchage, nous subvenons à certains besoins de nos familles. Sans nous, les jeunes, que l’on met toujours au devant des choses, ne peuvent rien réaliser. De toutes les façons, quand la femme a un revenu amélioré, cela revient toujours à toute la famille». Les membres de la COFEM, à Ansongo, vivent surtout du maraîchage, du petit commerce, de la couture et de la teinture. C’est à travers ces différentes activités qu’une quarantaine de projets a été montée. Mme Diallo, qui est la Coordinatrice des femmes d’Ansongo depuis avril 2008, assure «qu’il n’y a pas de problèmes ethniques ou communautaires au sein de la COFEM. Nous gérons nos activités dans la transparence totale, sans aucune politique politicienne. Il n’y a jamais eu de barrière entre nous, femmes sédentaires, et nos sœurs nomades. D’ailleurs, ce concept, c’est dans le discours des hommes que nous l’avons entendu. Tout ce que nous avons comme difficultés actuellement, ce sont la lutte contre les sautereaux et le manque de semences».

 

PM


Commentaires via Facebook :