Rencontre à Gossi / Comment la communauté arabe s’est fait entendre

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Gossi, pour la deuxième fois a servi de cadre de rencontre à la communauté arabe sur  la sécurité au Nord.  La première, en 2006, a donné lieu  à la naissance dit du groupe de Gossi en opposition à celui dit de Tombouctou. « Querelles de leadership et odeurs de suspicion, diagnostique Ould H., un opérateur privé qui a participé à la rencontre à l’époque et qui déplore : « curieusement, la rencontre de 2006, au lieu d’unir la communauté arabe, l’a plutôt divisée»  Ould H était de nouveau à la réunion de cette année qui vient juste de se tenir, les 10 et 11 de ce mois.  A l’ordre du jour, rien de formel.

Mais un choc entre les ambitions d’une part entre ceux qui voulaient transformer la rencontre en un congrès arabe pour se démarquer des turbulences actuelles du Nord du pays imputé aux Touaregs et le camp qui s’est opposé, tout de suite, à ce qui lui paraît être une tentative de stigmatisation et qui récusait d’ailleurs le leadership des initiateurs de la rencontre. Un ministre de la République, Mohamed El Moctar  et Moulaye Ahmed, officier de la douane.  Les divergences ont commencé immédiatement à l’entame de la rencontre qui comptait plusieurs centaines de participants venus de Kidal, Gao, Tombouctou et Bamako : cadres, notables, hommes d’affaires, chefs de fraction, élus communaux dont neuf maires.

Odeur de jasmin

L’opposition la plus résolue serait venue des chefs de fraction et des élus qui ne voulaient « pas du tout entendre parler de transformer la réunion en congrès de prise de position sur la nouvelle situation au Nord ». Elle a remporté, peut-on dire, la première manche en obtenant que ce congrès soit tenu au plus tard le 15 janvier 2012, ainsi que le dit le communiqué de la réunion. Le congrès tout de suite était pourtant la position d’une minorité, avec à sa tête, le ministre de la culture et le douanier. Pourquoi la pondération amenée par la majorité des participants peut elle être considérée comme un camouflet, voire un échec. Le flamboyant Porte parole des Jeunes Arabes du Mali, Abdoul Aziz Ould Mohamed, s’explique : « La délégation de Bamako n’a pas de légitimité parce qu’elle n’est jamais venue pour tâter le pouls du terrain et elle voulait torpiller la rencontre au profit d’une déclaration qui rendrait plus tard inutile toute concertation ultérieure sur la question de la sécurité au Nord ». Elle en aurait donc  « eu pour son grade ».

 Pour le porte-parole, que les maires se soient désolidarisés de la délégation de Bamako était le plus cinglant des désaveux et cela n’augurait rien de bon pour la « mission ». Deuxième échec, la déclaration des jeunes arabes qui accompagnaient la délégation a été rejetée par le plus grand groupe de jeunes qui pousseront l’énervement jusqu’à chasser de la salle le ministre et ses partisans, l’après-midi du 11 novembre. Mauvais quart d’heure donc pour El Moctar et sa suite qui durent  entendre des vertes et  pas des mûres.

Ce dernier s’est entendu reprocher « son passé et ses promesses non tenues » et c’est la mine serrée qu’ils ont quitté Gossi, la veille même du retrait-sanction de Baba Ould Choueikh qui lui aussi remettait en cause le procédé de la délégation de Bamako dont il est pourtant proche. Elégante pourtant jusqu’au bout, la mission de Bamako, gardant dans sa poche son projet de déclaration, est restée pour écouter le communiqué de la rencontre. Lequel, saluant le président de la République pour l’anticipation remarquée dans l’affaire de nos compatriotes retournés de Libye, insiste sur deux points : les mesures urgentes que l’Etat doit prendre « pour assurer la sécurité de toutes les personnes et leurs biens » et le respect par toutes les parties prenantes des engagements pris. Le congrès d’Agouni en janvier 2015 se passera peut-être dans une ambiance moins insurrectionnelle.                                               

Adam Thiam

 

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