C’est le mardi 16 décembre 2014 que s’est tenue à Gao la réunion mixte de suivi du cessez-le-feu, signé le 23 mai 2014 entre le Mali et les groupes armés. Le but de la rencontre était de faire le point de la situation sur le terrain et surtout demander à chaque partie d’observer le cessez-le-feu jusqu’à la signature d’un accord à Alger.
Cet ordre du jour n’a pas pu être discuté, car dès l’entame de la réunion, les représentants des groupes armés Mnla, Hcua et Maa, ont exigé le payement de leurs per diem de participation à la rencontre. Et leur participation aux débats en dépendait. Malgré l’assurance donnée à ce sujet par les organisateurs (les per diem seront payés à la fin de la rencontre), ils sont restés sur leurs positions, bloquant ainsi le début des travaux.
Certains représentants de ces groupes armés ont fait savoir que les responsables de la Minusma savent ce qu’ils gagnent chacun dans les réunions de ce genre et savent aussi que les médiateurs ont de bonnes rémunérations qui n’ont rien à voir avec les primes dues à leur rang. Cela suffisait pour justifier leur revendication ! D’un autre côté, certains membres de ces groupes armés déploraient les conditions d’hébergement et de restauration. Pour ainsi dire, pendant deux heures, les échanges se sont focalisés sur cette réclamation de per diem.
C’est après tout ce tohu-bohu que les organisateurs ont décidé de leur payer 75% du montant avant la fin des travaux qui devraient durer une journée. Mais cela a été catégoriquement rejeté par les groupes armés qui ont finalement eu gain de cause. Evidemment, certains médiateurs ou responsables de la Minusma étaient dépassés par le comportement des représentants des groupes armés. La partie malienne, quant elle, est restée calme dans la salle pour suivre le débat, sans placer un mot.
Selon un responsable militaire malien, il est temps que ceux qui viennent pour la médiation comprennent la réalité des choses. Surtout qu’après les questions de per diem, il n’y a pas eu de débats, car les représentants des groupes étaient très peu nombreux dans la salle. Pire, ils sortaient et rentraient en parlant d’achat de certaines choses dans les marchés de Gao. La plupart d’entre eux étaient venus du Burkina Faso, de Bamako et deux seulement étaient de Kidal.
Finalement, la rencontre du Comité mixte de suivi du cessez-le-feu, en présence des représentants de la médiation, n’a pas donné les résultats escomptés. Car les représentants des groupes n’ont pas voulu un débat de fond. Précisons que cette rencontre a été tenue à huis clos, réservée uniquement aux différentes parties. Il a fallu l’arrivée du représentant spécial du Secrétaire général des Nations-unies par intérim, David Gressly, pour qu’on en sache plus. Il a minimisé les débats devant la presse, espérant que les pourparlers d’Alger puissent permettre la signature d’un accord définitif, tout en souhaitant qu’avant la signature de cet accord, les armes se taisent.
Par ailleurs, cette réunion n’a pas été très appréciée par les représentants des groupes armés que nous avons rencontrés. Lesquels préfèrent attendre la prochaine phase des pourparlers à Alger. Cependant, la médiation ne s’affole pas. Les négociations, selon David Gressly, peuvent aboutir à un accord que la Minusma soutiendra dans son application sur le terrain.
La réunion s’est achevée au bout de 4 heures de temps, dont 3 heures sur les questions de per diem des représentants des groupes armés. Aucun compromis n’a été trouvé alors que les médiateurs souhaitent le respect du cessez-le-feu. Même s’ils savent aussi que les groupes armés ne sont plus maîtres dans leurs zones respectives, mais procèdent actuellement à des attentats et à la pose de mines dans la région de Kidal.
Kassim TRAORE