Rencontre d’Alger du 16 juillet courant : La mauvaise foi du Mnla étalée au grand jour

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Comme pour satisfaire à une des exigences de l’opposition parlementaire, l’ancien Premier ministre Modibo Kéita, haut représentant du Chef de l’État pour le dialogue inclusif inter-maliens, a rencontré, le jeudi 10 juillet 2014, les partis politiques de la majorité et de l’opposition. L’objectif de cette rencontre était de faire le point de la situation dans le nord et d’évoquer les futures négociations entre la partie gouvernementale et les groupes armés.

A quelques jours de l’ouverture des discussions d’Alger, prévue pour après demain mercredi 16 juillet, M. Modibo Kéita a mis à profit cette rencontre avec la classe politique pour défendre ce que doit être l’état d’esprit des uns et des autres. Peu importe que l’on soit de l’opposition ou de la majorité parlementaire. Il a reconnu devant ses interlocuteurs que “la solution militaire a montré toutes ses limites et qu’il faut discuter, surtout qu’il s’agit de discussion entre Maliens. Il faudrait mettre l’accent sur la nécessité d’impliquer les populations du nord dans la discussion. Ceux qu’on appelle les éléments des mouvements armés sont des Maliens. Donc il s’agira de dialogue inter-maliens”.

Au cours de cette rencontre entre le haut représentant du Chef de l’État pour le dialogue inclusif inter-maliens et la classe politique, les représentants de celle-ci ont posé des questions et ont faut des observations et recommandations, notamment sur la nécessité absolue de respecter l’intégrité territoriale du Mali et la laïcité de l’État lors de l’établissement et de la signature d’un futur accord.

En réponse à ces préoccupations de la classe politique, M. Modibo Kéita a rassuré que les futures discussions d’Alger se feront en trois phase : l’adoption d’une feuille de route; l’adoption d’un pré-accord et enfin la signature d’un accord.

ALGER, POUR QUOI FAIRE?

En scrutant les déclarations des uns et des autres, dans les deux camps antagonistes (Gouvernement versus groupes armés), il y a fort à craindre que les négociations qui doivent débuter le 16 juillet prochain à Alger ne donnent lieu à une cacophonie.

On se souvient qu’en son temps, le Ministre algérien des affaires étrangère, M. Ramtane Lamamra avait indiqué que les négociations se dérouleront eu deux temps, dont une première phase pour les négociations proprement dites qui se tiendra en Algérie et qui sera sanctionnée par un traité d’accord. Ensuite une phase de signature se fera à Bamako ou en tout autre lieu du territoire malien. Donc pour le Gouvernement malien et le pays médiateur, cette rencontre d’Alger est la première étape des négociations de paix.

Mais du côté des mouvements armés, dont le Mnla, l’on considère que la rencontre d’Alger qui débutera le 16 juillet prochain est une première phase de négociation qui définira le calendrier et le lieu des futurs pourparlers. Donc pour les groupes touaregs, il s’agira tout simplement d’une réunion technique pour fixer la date et le lieu des négociations à venir.

Ces nombreuses tergiversations de la part des groupes touaregs prouvent à souhait leur mauvaise foi pour aller aux négociations. Cela se comprend aisément dans la mesure où ils s’estiment en position de force dépuis leur victoire sur l’armée malienne à Kidal, le 23 mai dernier. Le cessez-le-feu qui a été signé à cet effet, suite à la médiation du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a maintes fois été violé par les groupes rebelles.

Encore, tout récemment, le vendredi 11 juillet 2014, donc à moins d’une semaine du début des pourparlers d’Alger, des affrontements ont eu lieu dans deux localités situées entre Gao et Kidal (près d’Anéfis), causant de nombreuses pertes en vies humaines.

LA MAUVAISE FOI DU MNLA

Il faut dire que depuis la signature du cessez-le-feu le 23 mai dernier, les autorités du Mali n’ont de cesse tiré sur la sonnette d’alarme et dénoncé des actes de concentration militaire et d’avancées de troupes rebelles et groupes armés dans les localités du nord.

Face à cette escalade de violence, le Mnla pour se dédouaner a accusé l’armée malienne d’avoir attaqué ses positions. Ce sont là des allégations dénuées de tout fondement, dans la mesure où l’armée malienne est pratiquement absente de cette zone depuis plusieurs mois.

Les accusations grotesques du Mnla ont d’ailleurs été démenties par M. Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint de l’Onu aux opérations de maintien de la paix, qui effectuait une visite de travail au Mali, la semaine écoulée. “J’observe que l’armée malienne est absente de toute cette région depuis deux ou trois mois. Donc je pense qu’il doit y avoir d’autres acteurs”.

En effet, il y a d’autres acteurs, car il a été constaté sur le terrain la présence de certains groupes armés, différents de ceux déjà connus et qui prennent possession de certaines localités. Ce constat a été fait par des sources sécuritaires proches de la Minusma qui le confirment et soutiennent par ailleurs que les djihadistes sont de plus en plus présents. Ils s’infiltrent parmi les populations locales et procèdent à des distributions de vivres. Leur objectif est clair : “reprendre les armes dès que ce sera possible”. Il y a donc danger.

A propos des affrontements du vendredi dernier, le Mnla, après avoir accusé à tort l’armée malienne dans un premier temps, s’est dédit quelques heures seulement plus tard, en déclarant que ses troupes ont eu à faire militairement à des narco-terroristes. La réplique à cette autre allégation du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) (Mnla) ne s’est pas faite attendre de la part de Mohaled Ould Malhali, un des leaders d’une frange du Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa) qui explique que “c’est le Mnla qui nous a attaqué et nous les avons repoussé énergiquement”. C’est dans ce contexte de confusion que les différentes parties sont attendues à Alger dans quelques jours pour des pourparlers de paix.

Mamadou GABA

 

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