En dépit des appels au dialogue de part et d’autre, Nord-Mali et Libye éprouvent beaucoup de difficultés à maîtriser la situation sécuritaire et à faire revenir le calme. A Kidal, de nouveaux combats ont éclaté, hier (mercredi, entre l’armée malienne et les mouvements armés de l’Azawad, qui contrôlent toujours la ville depuis samedi dernier.
L’armée malienne a pilonné la région dans une tentative de chasser les rebelles touareg du Mnla et de reprendre la totalité des points de la ville entre leurs mains. “L’armée malienne a attaqué nos positions à 11h22”, a déclaré à l’Afp Bilal Ag Achérif, leader du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla), joint par téléphone. “Nous ne faisons que nous défendre”, a-t-il ajouté. C’est l’option militaire qui a été finalement retenue malgré la médiation de l’Onu, à travers la Minusma, portant un coup dur au “dialogue inclusif” auquel n’ont cessé d’appeler Alger et Bamako.
Sur le terrain des opérations, la France, dont le Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian était à Alger, hier, justement pour parler de la situation dans la région, a envoyé un contingent de 100 soldats supplémentaires au Nord-Mali, au moment où Paris a prévu de porter le total de ses hommes sur le continent à 3.000 soldats dans le but de lutter contre les groupes armés dans la région du Sahel et en Afrique, avec une priorité pour le Nord-Mali. Selon un premier bilan dressé par les autorités maliennes, les affrontements d’hier matin ont provoqué la mort d’au moins huit soldats de l’armée malienne et huit civils, dont six représentants du Gouvernement.
L’Algérie n’a pas tardé à réagir en condamnant la mort “injustifiable” de plusieurs cadres de l’État malien à Kidal. Dans une déclaration faite hier (mercredi) et relayée par l’Apa, le Ministre des Affaires Étrangères, Ramtane Lamamra, a déclaré que “l’Algérie condamne en particulier la mort injustifiable de plusieurs cadres de l’État malien dans des circonstances qui nécessitent d’être clarifiées”, au moment où l’Algérie “appelle à l’apaisement et à la retenue et exhorte tous les acteurs à éviter tout acte de nature à alimenter l’escalade de la tension et de la violence”.
M. Lamamra rappelle une nouvelle fois la pleine disponibilité de l’Algérie “pour continuer à apporter sa contribution à la réalisation des objectifs d’une phase qualitative nouvelle dans l’histoire de ce pays frère et voisin qui entend, comme convenu, donner rapidement une impulsion aux processus de consultations entre mouvements maliens en préparation pour le lancement du dialogue inter-malien inclusif sur le sol malien”.
TOURNURE INATTENDUE EN LIBYE
En Libye, l’ancien général Khalifa Haftar, à l’origine d’une offensive sans précédent contre les groupes armés et les miliciens à Benghazi, qui s’est étendue à Tripoli avec l’attaque du Parlement libyen, a reçu le “soutien” du commandant en chef de l’armée de l’air libyenne.
Le Colonel Jomaa Al Abbani a prononcé un discours télévisé mardi soir dans lequel il a déclaré que ses forces “seront aux côtés du général Khalifa Haftar”. Cette annonce du commandant en chef des forces armées libyennes intervient alors qu’hier (mercredi), c’est le Ministère libyen de l’Intérieur qui a annoncé à travers un communiqué diffusé par l’agence de presse officielle son “ralliement” au Général Haftar ; en même temps que les autorités libyennes ont annoncé la tenue d’élections législatives le 25 juin prochain, essayant de trouver une alternative “pacifique” au chaos qui règne dans le pays.
D’autre part, le chef d’état-major de la marine libyenne, le contre-amiral Hassan Abou Chnak, deux gardes et un chauffeur ont été blessés hier à Tripoli dans une attaque contre leur convoi, lorsque des hommes armés à bord d’une voiture ont bloqué la route au convoi du contre-amiral et ont tiré des rafales de balles sur son véhicule. Une véritable situation de “chaos” qui a poussé plusieurs pays à rappeler leurs ressortissants sur place et à déserter leurs installations économiques le temps que la Libye renoue avec le calme. Ce qui ne semble pas encore acquis vu que, après la fermeture temporaire des représentations diplomatiques algériennes et le rapatriement par Sonatrach de ses employés en poste en Libye, Air Algérie est la dernière à avoir décidé de prendre des mesures face à de la situation inextricable en Libye.
Invoquant des raisons de sécurité, les vols de la compagnie nationale sur la Libye seront “suspendus” une fois le rapatriement des Algériens depuis ce pays terminé. «Les vols sur la Libye seront maintenus jusqu’à la fin du rapatriement des Algériens qui sont en Libye, mais la décision de suspendre les vols, après, a été prise», a déclaré à l’AFP une source qui a requis l’anonymat.
“Les pilotes de la compagnie ont demandé à la direction de suspendre le vol hebdomadaire sur la Libye”, a affirmé un pilote qui a précisé qu’ils ne veulent plus travailler sur cette ligne “surtout depuis le rapatriement des diplomates algériens” en poste dans ce pays.
Source : Reporters (Algérie)