Région du Sahel : Les richesses attisent les convoitises

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Pour certains observateurs, la recherche d’une mainmise sur les richesses naturelles que recèle du Sahel par les puissances mondiales est ce qui suscite leurs intérêts et aussi leurs inquiétudes vis-à-vis de la région et de son instabilité.

Mahdi Taje expert du Sahel, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire de Paris, estime, que «la réalité géographique de cette zone permettrait à certains Etats, (s’ils se positionnent économiquement et militairement) de mieux contrôler les richesses des Etats du Maghreb et celles d’Afrique de l’Ouest». Leur objectif est de «se positionner au sein de ce couloir stratégique pour sécuriser leurs approvisionnements en matières sensibles, énergétiques et minérales, vers le golfe de Guinée pour les débouchées américains, vers le Sahara et la Méditerranée pour l’Europe enfin vers la Mer Rouge pour l’Asie».

Il faut dire que l’importance économique de la région n’a cessé de s’étendre ces dernières années, suite «aux découvertes énergétiques au Tchad et en Mauritanie», souligne cet autre, politologue. Selon lui, «c’est l’enjeu énergétique qui peut expliquer cet engouement de la France, de la Chine et des USA».

Récemment encore, le pétrolier français Total annonçait avoir signé deux permis d’exploration avec les autorités mauritaniennes sur le bassin de Taoudéni, jugé très «prometteur».

Selon l’agence internationale de l’énergie, la demande mondiale en pétrole et en gaz naturel devrait doubler dans les vingt prochaines années.

Les Etats-Unis qui importent 15% de leurs besoins d’Afrique devraient en importer 25% en 2015».

De ce point de vue, «le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie», notamment avec l’entrée du Tchad et de la Mauritanie dans le cercle des pays producteurs de pétrole.

Côté ressources minières, la tendance est similaire

Le Mali est considéré comme le troisième producteur d’or en Afrique, le Niger le second producteur mondial d’uranium, ce qui le place au centre des intérêts français au vu de son important programme nucléaire.

Selon cet expert, «avant de conclure les accords d’indépendance (1960) avec le Niger, la France s’est assurée du droit exclusif à l’exploitation des mines d’uranium». Areva, la compagnie chargée de l’exploitation de ce minerai, «n’hésite alors pas à utiliser toutes les méthodes, pour préserver ce privilège..

Ancienne puissance coloniale dans la région, la France cherche donc à sécuriser ses approvisionnements.
A côté de la France, «les Etats-Unis ont un autre projet qui est déjà mis en place à travers un oléoduc qui désenclave le pétrole tchadien à travers le golfe de Guinée». Enfin, la Chine «désenclave le pétrole sud-soudanais vers Port-Soudan et l’exporte à travers la mer Rouge».

A travers sa compagnie pétrolière CNPN, la Chine est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Selon l’AIE, l’Asie, notamment la Chine et l’Inde, devrait être responsable de 65% environ de l’augmentation totale de la demande d’énergie de tous les pays en développement, d’ici 2030.

En clair, les atouts économiques du Sahel sont devenus l’objet d’antagonismes politico-économiques entre les principales puissances mondiales pour «le contrôle de ses richesses». Un objectif qui va façonner en grande partie leur approche vis-à-vis de l’instabilité de la région.
Malick Camara

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