Depuis une semaine, les événements s’accélèrent en ce qui concerne la région de Kidal et l’application des Accords d’Alger. Le comité de suivi qui vient d’être installé s’active énormément en vue de sécuriser la zone et rassurer les populations. Les premiers actes dans ce sens viennent d’être posés. Cependant, va-t-on vers une véritable paix dans le Nord de notre pays en général et à Kidal en particulier ?
Le message du président du comité de suivi des Accords d’Alger sur les antennes de la télévision nationale à l’endroit des populations maliennes est on ne peut plus clair. Mamadou Diagouraga a expliqué que tous les Maliens sont concernés par cette affaire et que tous doivent s’impliquer pour le retour d’une véritable paix dans le Nord en général et à Kidal en particulier.
C’est ce à quoi il s’applique, lui et toute l’équipe qu’il dirige depuis Kidal dans le cadre du comité de suivi des Accords d’Alger.
C’est ainsi que depuis le vendredi 15 Septembre dernier, conformément aux termes des dits Accords, a eu lieu une cérémonie solennelle pour la libération des personnes détenues (il s’agit de Aghaly Ag Hay et Alhassane Ag Saghdoun) suite aux événements du 23 Mai et ceci suivant un calendrier tracé à Alger, suite à la rencontre entre le Ministre Kafougouna et les chefs de l’Alliance Démocratique.
Un calendrier jusqu’ici respecté par les deux parties, principalement l’Etat malien.
Diagouraga à Tigharghar
Dans le même cadre, les insurgés ont reçu, Jeudi 14 Septembre dernier, la visite du Comité de suivi de l’Accord d’Alger accompagné du Groupe Technique de Sécurité fraîchement mis sur place le 11Septembre à Kidal.
Conduit par son Président Mahamadou Diagouraga le comité de suivi a été accueilli aux environs de 10h, après les salutations d’usage et les différentes présentations.
Un bref discours fut prononcé par le Président dans lequel il fallait retenir la disponibilité de l’homme et des autorités à ne ménager aucun effort pour que la paix et la confiance soient retrouvées et aussi son souhait de voir un jour toute cette jeunesse retrouver ses droits et sa place au sein de la nation malienne.
Il faut dire que les choses commencent à s’éclaircir peu à peu à Kidal.
Une ville qui avait connu des moments difficiles depuis le 23 mai dernier. Des événements condamnables dignes d’une autre époque qui sont survenus à la suite de la rencontre qu’ATT a eue avec les notabilités de Kidal.
C’est en représailles à la position d’ATT que Iyad et ses amis ont décidé d’attaquer la ville de Kidal.
Ce jour, le président de la République, Amadou Toumani Touré a été ferme et très clair : " Koulouba ne sera plus le gouvernorat de Kidal ". C’était lors d’une réunion au Palais de Koulouba où il recevait des notabilités de la Huitième région en vue de discuter avec ces derniers sur la situation de mi-crise, mi-paix qui existait dans la zone. Par cet acte, le président de la République voulait rompre avec une habitude qui s’était installée et qui perdurait dans le septentrion malien, principalement dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas (Kidal).
En effet, depuis toujours, il existe une véritable mafia composée de certaines notabilités et chefs de fractions qui venaient directement régler leurs problèmes à Bamako, précisément à Koulouba, sans intermédiaire. Ces derniers brandissaient toujours la menace de rébellion et faisait du chantage.
Une situation contre laquelle les autorités ne pouvaient pas grand-chose. Mettant l’intérêt de la nation au dessus des pauvres billets de banque, elles cédaient et les nordistes retournaient avec les poches pleines d’argent et d’autres promesses encore.
Depuis la rébellion de 1963, le même procédé continuait et tous les régimes se pliaient aux exigences des frères d’Iyad. Face à cette situation qui ne pouvait plus continuer, les caisses de l’Etat ayant terriblement soufferts de ce chantage septentrional, le président de la République Amadou Toumani Touré était obligé de sortir de sa réserve.
D’abord à l’endroit d’Iyad et ses hommes ensuite aux chefs de fractions ayant refusé de suivre Fagaga dans sa folle aventure, ATT a asséné ses quatre vérités : " Moi je suis un militaire et on ne me fait pas du chantage ".
Ces vérités s’adressaient, bien entendu, à ceux qui soutiennent Fagaga, mais qui ont toujours fait semblant de négocier son retour dans l’armée régulière, à savoir Iyad et les autres. ATT a mis clairement en garde ses derniers quant à une quelconque autonomie du Nord. Le Mali reste un et indivisible, a-t-il dit. L’allusion au militaire qu’il est un message à peine voilé qu’ATT a adressé à ses hôtes de la matinée. A travers ce mot, le président de la République voulait mettre en garde contre les excès des " frères égarés " dans le Nord qui pourraient le pousser à la riposte. Car, on a souvent l’habitude de le dire, " Quand un militaire se sent poussé jusque dans ses derniers retranchements, la seule chose qui lui reste à faire, c’est dégainer ".
Des deux rencontres qu’ATT a eues avec les ressortissants de Kidal, la seconde, celle qui s’est tenue dans l’après-midi, a particulièrement retenu l’attention des observateurs. Car, elle constituait à leurs yeux celle de la rupture d’avec d’anciennes pratiques qui, comme nous l’écrivions, ne pouvaient plus continuer. Tout portait à croire que cette rencontre était différente de celles qu’ATT a l’habitude d’avoir avec les représentants des populations du Nord.
D’abord la composition de l’équipe reçue à Koulouba, c’était des gens pas habitués aux allées du pouvoir, qui ne viennent que quand c’est nécessaire, de vrais responsables du Nord Mali ; ensuite par la chaleur et l’enthousiasme avec lesquels ils ont été accueillis depuis l’entrée du Palais.
Le président de la République tenait, en personne, à faire part à ces chefs de fractions, notabilités et autres leaders d’opinion, qu’il les soutenait dans leur démarche et qu’ils pouvaient toujours compter sur lui.
Le débat a été franc et très constructif. C’est pourquoi les hôtes d’ATT n’ont eux aussi, pas pris de gants pour le rappeler la responsabilité de l’Etat dans la crise que traverse le Nord.
Selon nos sources, un des participants n’a pas hésité à expliquer clairement que " c’est vous qui entretenez ces gens, c’est vous qui leur donner de l’argent, c’est vous qui les soutenez.
Et c’est pour cela que les populations les suivent car elles estiment qu’ils sont du même bord que vous.
Sinon, nous sommes, et avons tous, des combattants et ils le savent. Nous pouvons mettre fin à cette situation ". Des mots qui n’ont fait que conforter ATT dans sa nouvelle position.
Une position qui reste inchangée malgré la signature des Accords d’Alger que d’aucuns trouvent comme une capitulation de l’Etat.
Bien au contraire, c’est une manière de régler pour de bon les problèmes dans le Nord Mali et y ramener pour toujours la Paix.
MoussaTOURE
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