Stigmatisées par des présomptions de bellicisme et présentées parfois comme des obstacles au processus de stabilisation, les communautés arabes de Tabankort (cercle de Bourem) se sont défaites des étiquettes par une dédicace induite à la paix. Un forum de belle facture s’y est déroulé entre les 27 au 29 décembre, avec à la manette le célèbre parlementaire Mohamed Ould Mattali. Aucun petit détail n’a été négligé dans le bastion du député de Bourem pour accueillir les différentes délégations en provenance des quatre coins du Mali. Les vagues d’officiels et d’invités de marque ont déferlé sur la ville de Gao par dizaines de passagers via les vols de la Minusma, avant de rallier la ville de Tabankort que les organisateurs du forum ont transformée pour la circonstance en véritable carrefour de brassage intercommunautaire. Ainsi, avec l’essentiel des participants issus des localités environnantes, des centaines d’acteurs et décideurs locaux du processus de paix ont consacré trois longues journées d’échanges aux contours et dimensions multiples de la crise malienne ainsi que sur les voies et moyens de la résoudre par des solutions locales. Cet exercice laborieux a été entamé le Vendredi 27 décembre avec une cérémonie d’ouverture riche en couleurs sous l’égide du ministère de la Cohésion Sociale de la Paix et de la Réconciliation nationale et de la cohésion représenté. L’éclat de l’événement sera en outre rehaussé par la présence de moult notabilités locales dont le maire de Tabankort, les différents leaders communautaires, les acteurs de la Plateforme et représentants de mouvements alliés comme la CMA, entre autres. Lesquels sont d’ailleurs tour à tour montés au créneau pour saluer l’initiative en lui témoigner leur adhésion et se réjouir de l’occasion que leur offre un creuset inédit de fédération des différentes communautés du septentrion ainsi que de leurs efforts en faveur de la paix et du développement. Pour sa part, le principal chef d’orchestre et artisan du Forum, Mohamed Ould Mattali, n’a pas tari de reconnaissances à l’endroit de ses invités pour l’intérêt accordé à l’événement. On y dénombre une impressionnante brochette de figures emblématiques dont la voix compte dans le Nord-Mali et que le député a vivement remerciées pour «avoir répondu à l’invitation en plein désert, témoigné de leur soif de la paix et de l’envie de se retrouver» dans leur diversité.
Deux journées de travaux en atelier et en plénière seront ensuite consacrées à des préoccupations brûlantes comme la prévention et la gestion des conflits inter et intracommunautaires, aux contours de l’Accord pour la paix ainsi qu’aux stratégies de développement durable, d’épanouissement et de mieux-être des populations locales. Des sujets assez pertinents pour susciter des échanges fructueux et déboucher sur des conclusions à la hauteur de l’objectif recherché, à savoir : contribuer à la dynamique de stabilisation du Mali par l’entente et la convivialité à l’échelle locale. Au cours des débats, les différents intervenants n’ont guère ramé à contre-courant des objectifs. Ils ont notamment insisté sur les besoins d’organisation et de sécurisation du terroir qu’ils partagent, ainsi que sur la restauration de la confiance entre les communautés, entre autres préoccupations.
Par-delà les résolutions et recommandations, le Forum de Tabankort donnera lieu, par ailleurs, à la signature d’un pacte social en vue de réhabiliter le climat de confiance intercommunautaire fortement affectée par la crise sécuritaire.
Ce geste solennel pourrait avoir servi d’une précieuse référence pour la prévention des clivages susceptibles de découler de l’érection de Tabankort en chef-lieu de Cercle, en vertu notamment du nouveau découpage administratif qui lui affecte comme arrondissements les localités d’Almoustrat central, d’Agharous, d’Ersane et de M’Beikit Ljoul.
A KEÏTA