Refugiés maliens au Burkina Faso: Entre la vie, la survie et la mort

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La crise du Nord-Mali a occasionné des milliers de réfugiés au Burkina Faso. Quant à la région du Sahel, elle a accueilli plus de 95 % de réfugiés touaregs, arabes et autres. Les sites de Mentao (province du Soum)  et de Gandafabou (province d’Oudalan) abritent respectivement 30 000 refugiés dont 80 % constituent des femmes et des enfants. Le constat est triste et amer.

« Il y a quelques jours, au camp de Mentao, nous avons procédé à l’enterrement d’une dame qui était malade. C’était le 15 juin dernier », explique dans un ton abattu Mouhamedoun Ag Almouhad, un réfugié malien au Burkina Faso qui, la semaine dernière, a regagné une famille dans notre capitale.

Le cri de cœur d’un rescapé 

Selon Mohamedoun, ce jour-là, les refugiés du site étaient en deuil. C’est dans cette atmosphère déplorable qu’il a pris la route pour rallier la ville de Bamako. A l’en croire, sur le site, tout se lit à vue d’œil sur les visages. Confectionnés avec l’aide du Haut commissariat aux refugiés (HCR), les habitats de fortune n’arrivent plus à mettre les occupants à l’abri des pluies. Et après chaque pluie, tout ou presque est à refaire. De Mentao à Gandafabou, les refugiés touaregs et arabes laissent parler leur cœur où s’entremêlent la détresse, les prières et les appels à l’aide. L’assistance humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM), du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), de la Croix-Rouge et du « Catholic relief service » (CRS), n’arrive plus à combler les attentes car  les sites enregistrent chaque jour de nouveaux refugiés qui s’installent. Aujourd’hui, sur le site de Mentao, il y a 100 familles nouvellement venues qui n’ont pas encore été enregistrées par le Programme alimentaire mondiale (PAM). Une situation qui a incité les anciens bénéficiaires de l’aide alimentaire à partager ce qu’ils ont avec les arrivants.

Selon Mouhamedoun Ag Almouhad, tous les refugiés inscrits qui possèdent leurs cartes sont régulièrement bénéficiaires de l’aide alimentaire. La ration est partagée par tête, et chaque membre du site a droit à 7 kg de riz par mois. L’huile est redistribuée de la même manière. Aussi à Gandafabou, c’est le sauve qui peut  chaque personne perçoit 6 kg de riz par mois et 0,375 litre d’huile par personne et par mois. Sur tous les sites du Burkina Faso règnent des problèmes d’insuffisance en alimentation, de manque de médicaments dans les dispensaires, d’accès à l’eau potable…Des disputes,  il  en existe aussi sur le site de Mentao. En effet, les Touaregs et les Arabes s’affrontent régulièrement, et on déplore généralement des blessés. Le désœuvrement des jeunes et le manque d’activités constituent pour la plupart de grandes préoccupations. « Ici, les gens sont en général des éleveurs, des commerçants, des artisans…Nous avons fui, tout abandonné. Sans occupation, nous nous ennuyons à longueur de journée », affirme Mouhamedoun Ag Almouhad. Ainsi la préparation du thé est non seulement devenue un passe-temps, mais aussi le carrefour des retrouvailles et des causeries. « Dans les camps de refugiés, la vie est monotone », confie notre interlocuteur  qui confie avoir subi un choc psychologique difficile à surmonter.

Sur le site de Gandafabou, le secrétaire général du comité de gestion du camp  Mohamed El Moctar qui est intervenu sur la chaîne de télévision « Africa 24 », donne le même son de cloche en ce qui concerne le manque d’eau. Les bêtes périssent au jour le jour. L’organisation de la gestion sur ce site est néanmoins plus maîtrisée qu’à Mentao. 30.000 refugiés sont repartis en 23 groupes dans les camps de réfugiés dans le  strict respect des affiliations familiales et sociales voire ethnique. (Touaregs, Arabes, Peulhs). Cette répartition a pu épargner ce site des querelles comme c’est le cas à Mentao. Sur « Africa 24 », à la question de savoir ce que pensent les refugiés de cette guerre au Mali, les avis sont divergents. « Nous sommes des victimes innocentes de cette guerre. C’est déplorable ! Nous ignorons le fond de la guerre. Bamako est déstabilisé, le Nord-Mali est pris en otage par des groupes armés tels que le MNLA, Ançardine. Et nous payons strictement les pots cassés de cette cacophonie. Ils disent qu’ils veulent créer l’Azawad. Nous ne sommes associés ni de près, ni de loin. La majeur partie des refugiés ici sont des paysans, éleveurs, commerçants, agriculteurs…Donc, nous ne voulons que la paix », informent-ils. La prière pour le retour de la paix au Mali est devenue le vœu principal des refugiés des deux sites. Vivement que les protagonistes de cette crise reviennent à la raison afin que leurs compatriotes retrouvent leur sourire et leur dignité !

Jean Pierre James

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3 COMMENTAIRES

  1. En effet, la souffrance n’a pas fini de faire ces lots de miserables. Le MNLA est seule responsable de nos malheurs, les autres peuvent etre des co responsables. Effectivement la reconciliation des peuples du Nord sera rude, vu la dechirure entre les touaregs et les autres communautés qui sont majoritaires. Accord signé avec le MNLA pas question, nous y veillerons ! ce sont des criminels qui doivent repondre des assassinats et de cette grave crise humanitaire que le Mali n’a jamais connu. Tandis que le Mossa Ag Assarid est assis sur KU en france et pavane entre la belgique, l’idiote Zakiatou est callée en Mauritanie, ils vont payer chez cette guerre !

  2. C’est en grande majorité les tamachecks du gourma que le MNLA à lancer dans la misère en leur promettant un pays et un paradis.

    Le reveil sera plus douloureux, pour le Mali mais surtout les populations du nord(songhoï, tamacheck, Peuls, dogons, bambana, maures,etc) car la dechirure sociale est très profonde.
    Mes respects

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