Réflexion : La stabilité n’est pas pour demain

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Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères
Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères

Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, de retour de New York et d’Alger a annoncé avec ou sans la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) la signature de l’accord de paix à Bamako le 15 mai prochain. Cette détermination des autorités à instaurer la paix dans les régions nord du pays n’est pas pour l’heure un acquis. Au regard de l’évolution de la situation, rien ne présage une issue favorable le 15 mai prochain entre les protagonistes.

 

Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, de retour de New York et d’Alger a informé l’opinion nationale et internationale de la signature de l’accord de paix à Bamako le 15 mai 2015. Pour l’occasion, il était accompagné du ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamidou Konaté.

Le conférencier du jour a estimé que la position du gouvernement est claire : l’étape des discussions est terminée. “Mais nous avons constaté avec beaucoup de déception que nos frères n’ont pas jugé opportun, à ce stade, malgré la situation critique que le pays vit de se joindre à ce document que l’ensemble de la communauté internationale juge comme étant un compromis, certes, imparfait, mais équilibré qui est la seule voie qui nous conduira vers une paix définitive”, a-t-il déclaré.

Selon le ministre Diop, cet accord sera signé le 15 mai prochain à Bamako en présence de la médiation et de la communauté internationale, avec ou sans la CMA.

Le ministre Diop n’a pas certes fait dans la dentelle pour réaffirmer la position du gouvernement, mais il serait très difficile d’obtenir le quitus de tous les protagonistes qui ont pris part aux discussions en Algérie durant 8 mois pour signer l’accord le 15 mai prochain à Bamako.

Le document de paix et de la réconciliation issu du processus d’Alger équilibré selon le gouvernement et la communauté internationale n’est pas encore paraphé par les groupes armés. La minorité des délégations est parvenue à prendre le monde en otage, mettant en cause le caractère sincère de l’accord.

Les menaces de sanctions de la communauté internationale sur lesquelles le gouvernement du Mali compte pour obliger les ennemis de la paix n’ont jamais fait effet sur le terrain depuis le déclenchement de cette crise au Mali. Le MNLA et ses alliés n’ont pas leurs pareils dans la violation des déclarations des Nations unies.

Pour preuve, après le carnage du 17 mars dernier, la communauté internationale avait invité sans délai la CMA à parapher l’accord. Toutes les initiatives de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilité au Mali se sont soldées par un échec. Et s’il y a une autre possibilité pour la gestion de crise, c’est bien l’option militaire pour l’unité du Mali conformément à ses engagements. Ce qui semble impossible en ce moment, car le mandat actuel des Nations unies au Mali est un mandat de sécurisation. C’est dire qu’il faudrait s’attendre au renouvellement du mandat des soldats de la paix au Mali pour des avancées notables dans le processus.

Autres précisions importantes, le principal partenaire du Mali dans la gestion de cette crise, la France estime que le problème du Nord est inter-malien dont la solution ne serait que politique. Sous le nez et la barde des forces françaises, les populations du Nord sont massacrées et martyrisées. L’insécurité est devenue le lot de faits troublants des paisibles citoyens du Nord.

En tout cas, les mesures préventives des forces françaises contre les agitations du MNLA et alliés ne sont pas visibles. Mieux, beaucoup de Maliens font la remarque que les groupes armés de Kidal, fief de tous ce que le Mali compte comme séparatistes, sont devenus des forces supplétives de la France.

Quant à la Commission de l’Union africaine, elle semble handicapée par les moyens de sa politique. Les ambitions sont exprimées de vive voix, mais sans effet. Elle a toujours montré ses limites dans la gestion de la crise du septentrion malien.

Les raisons : le mandat de la Misma adopté en 2012, n’a été opérationnel qu’en 2013. N’eut été l’intervention de la force Serval, l’existence du Mali allait être compromise au moment où cette commission était en quête de moyens financiers pour ses troupes. Il a fallu le cri de cœur de la France pour que la force africaine et de l’ONU prennent le relais. Et si le Mali devait signer cet accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger le 15 mai prochain sans la CMA en accordant un crédit aux engagements de la communauté internationale, c’est vraiment craindre le pire.

Le moment où le Mali doit faire confiance à ses forces armées de défense et de sécurité pour une intervention militaire est venu. La signature unilatérale du document sera toujours un obstacle pour la paix et la stabilité. Les parties doivent reconnaître que la première garantie de l’aboutissement de l’accord réside dans leur sincérité, leur bonne foi et leur engagement à assumer le contenu de l’accord et œuvrer à la mise en œuvre de l’ensemble de ses dispositions dans l’intérêt de la réconciliation.

Bréhima Sogoba

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