Depuis la prise des régions Nord du Mali par les rebelles, terroristes et intégristes islamistes, les secours humanitaires pour les Maliens restés sur place ont été mis en place. Ainsi, plusieurs associations et mouvements ont été créés pour les besoins de la cause. Mais annoncions-nous à maintes reprises (parutions N° 365 et 377) l’urgence de libérer ces régions Nord et de tirer la sonnette d’alarme sur le détournement de l’aide humanitaire. Concernant la répartition de l’aide humanitaire, le constat dans les régions occupées par des assaillants est aujourd’hui plus qu’alarmant.
Selon de nombreux observateurs (ONG, agences des Nations Unies, médias), le Nord du pays est aujourd’hui confronté à une terrible crise alimentaire au moment même où une nouvelle mobilisation humanitaire nationale et internationale se met en route pour sauver les affamés, d’autant que le scénario est connu et se répète dans ces régions du Nord en proie à des épisodes réguliers de malnutrition. Mais le hic dans tout cela, c’est que l’aide humanitaire proprement dite ne bénéficie pas aux populations ciblées, mais plutôt aux rebelles et intégristes islamistes qui contrôlent ces régions.
Le Nord-Mali, royaume de tous les trafics
L’analyse reste d’une étonnante actualité éclairant la tragédie qui se déroule sous nos yeux. Elle rappelle également une évidence : si la famine fait rage comme le disent les Nations unies, elle ne peut s’expliquer que par la seule sécheresse et le déficit actuel de pluies dont souffrent majoritairement les éleveurs nomades. La crise alimentaire qui frappe cette partie du Mali est le résultat d’un long processus de dégradation associant des agressions climatiques répétées et les conflits qui ravagent le pays depuis le début des années 60. Face à l’insécurité, les humanitaires, malgré leurs tentatives renouvelées, se sont retrouvés dans l’impossibilité de maintenir une présence efficace et permanente sur le terrain.
L’aide alimentaire détournée par les assaillants
Selon les récentes déclarations des rebelles qui contrôlent les régions Nord, ils acceptent l’aide humanitaire et laissent les humanitaires entrer dans les villes occupées. Mais leurs déclarations ne guère rassurantes pour autant. Si les organisateurs de l’aide doivent agir, ils vont donc devoir se déployer avec une très grande prudence dans les régions où ils ne sont pas les bienvenus et où rien ne leur sera facilité. Par ailleurs, les risques de détournement de l’aide alimentaire sont importants car l’histoire du dernier corridor humanitaire arrivé à Gao la semaine dernière est très édifiante. 70 tonnes de vivres et de médicaments devrait être reparties entre 5 cercles. Normalement, il existe 4 cercles, mais le cinquième cercle regroupe d’hommes de médias, de l’éducation, de la santé et de l’énergie. Ainsi, lors du partage, chaque cercle a eu droit à 11 tonnes d’aide humanitaire. Mais le couac, c’est que pour la commune urbaine de Gao qui compte 7 communes, en plus des jeunes qui effectuent les patrouilles de nuit, a eu droit à seulement une tonne et demi de vivres, alors que la commune urbaine compte au moins 10 000 habitants. La répartition a ainsi été faite : 50 kg de riz pour 6 personnes ; 1 pot de 2 kg de petit pois pour 1 personne, et 5 litres d’huile pour 10 personnes, et tout cela sans accompagnement financier : c’est dire que l’aide financière en liquidité a été empochée par les assaillants. Alors, à quoi sert tout ce tapage médiatique concernant l’aide humanitaire en faveur des régions du Nord occupées ? Ces corridors humanitaires sont plutôt en train « d’engraisser nos ennemis » du Nord. Ne faut-il pas donc songer à libérer ces régions une fois pour toutes plutôt que de peaufiner des stratégies de pourparlers qui n’aboutiront peut-être à rien ? Quant au président national de la commission de distribution de la ville de Gao, il admet difficilement le partage fait ces derniers temps par les rebelles car dans un passé récent, ils avaient procédé à la distribution de 100 tonnes d’aide alimentaire en vivres. Mais cela n’a malheureusement pas suffi à la commune urbaine de Gao. Alors, que faire avec 11 tonnes ?
Attention, une mafia d’escrocs est née !
Depuis que des citoyens maliens et amis du pays ont décidé de venir en aide aux populations restées au Nord en aide humanitaire, une nouvelle mafia à vu le jour dans le pays. Des individus mal intentionnés créent des ONG et associations pour soi disant venir en aide aux Maliens du Nord. Ainsi ils font tout pour avoir des sponsors et une fois en possession des dons en question, ils oublient les populations du Nord : ils collectent des vivres plutôt pour leur propre besoin. Il leur suffit tout juste de connaître un déplacé du Nord à qui ils vont consentir un tout petit don pour camoufler le gros des dons en leur possession. La vigilance doit donc être de mise si l’on ne tient pas à aggraver les souffrances des populations du Nord. L’histoire récente des interventions humanitaires au niveau du continent nous enseigne qu’aussi nécessaire soit-elle, la mobilisation financière en cours ne sera pas suffisante pour assurer le succès des opérations de secours et sortir le septentrion du cycle infernal actuel. Il n’y aura pas de résolution humanitaire à cette crise comme il n’y en a pas eu pour les autres. Si à ce stade, la réponse humanitaire en urgence est la seule envisageable, étant donné la gravité de la situation, elle est loin d’être satisfaisante. Elle permettra certainement de circonscrire «l’incendie » alimentaire, mais pas de l’éteindre, faute d’autres perspectives plus politiques. Alors, il y a lieu de bien réfléchir sur une meilleure manière d’acheminer ces dons au risque que cela ne prenne une autre tournure.
Paul N’guessan
Monsieur le journaliste, dis clairement ce que tu veux dire: utiliser la faim comme arme de guerre. Tu écris “c’est que l’aide ne beneficie pas aux populations ciblées, mais aux rebelles ….” c’est honteux de dire cela, ces quelques kilos reçus ont soulagé pas mal de familles. certes il y a detournement d’une partie (ce qui a tjrs existé, meme ici à BKO) mais les populations beneficient bel et bien de cette aide. Je t’apprends que nos militaires basés aux postes, à sevaré aussi prennent leur part d’huile, de sucre, de riz. Tu dis aussi que “des individus mal intentionnés créent des ONG et associations pour soi disant venir en aide aux maliens du nord…” Ce ne sont là que des allegations, peux-tu un seul cas d’ONG, ou association créé pour cette occasion et qui a disparu avec l’aide collectée, un seul cas Monsieur le menteur de journaliste? Tu as ecrit, ou on t’ a demandé d’ecrire ce papier bon pour les toilettes, uniquement pour preparer le terrain à ceux qui ont toujours voulu utiliser la faim comme arme de guerre. L’armée en fuyant Gao (que je connais) a laissé des tonnes de riz, d’huile dans les camps:les rebelles en ont pour des mois.
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