Récurrence de conflits meurtriers entre les groupes armés à Kidal : Péril sur le processus de paix au Mali

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Des combattants de la CMA, lors du Forum pour la réconciliation, à Kidal, le 28 mars 2016.
Des combattants de la CMA, lors du Forum pour la réconciliation, à Kidal, le 28 mars 2016.

Pour le contrôle de Kidal, on assiste à une récurrence des conflits entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et le Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA). Les deux groupes armés, signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, se sont encore violemment affrontés, le mercredi 26 juillet 2017, dans plusieurs localités de la région de Kidal. « Ces combats, d’une violence inouïe, ont fait, au moins, trente morts », assure un notable de Kidal. Les deux camps se rejettent la faute de ce regain de violences qui met en péril le processus de paix au Mali déjà en grande difficulté plus de deux ans après la signature de l’Accord de paix issu des pourparlers d’Alger.

Le mercredi dernier, les combats furent intenses entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) et le Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA) dans plusieurs localités de la région de Kidal : Takalot, Annafif, Tiwarghene, Amassine, Koniba …. « Rarement les conflits entre ces deux groupes armés ont atteint un tel seuil d’intensité. Ce fut un carnage ! Des deux cotés, il y a eu plusieurs morts», témoigne, sous le couvert de l’anonymat, un notable de Kidal. « Ces combats, d’une violence inouïe, ont fait, au moins, trente morts », précise notre source. Sur les réseaux sociaux, des images insoutenables de combattants tués partagées par les internautes corroborent ce tableau dressé par le notable de l’Adrar des Ifoghas.

Comme d’habitude, après chaque affrontement, les deux groupes armés se rejettent la faute. Selon Ilad Ag Mohamed, responsable de la CMA, ils ont mené « ces combats après plusieurs tentatives d’aboutir à un cessez le feu avec la plateforme, qui a toujours opposé une fin de non recevoir, dans l’objectif certainement d’occuper de nouvelles positions et d’encercler la ville de Kidal pour la rendre inaccessible. » « La CMA a démantelé toutes les positions de la plateforme qui se formaient autour de la ville », se réjouit, dans un communiqué, le responsable de la CMA. Au niveau de la Plateforme, on a une autre version sur la reprise des hostilités entre les deux groupes armés.  « La Plateforme des mouvements du 14 juin d’Alger, informe …de l’attaque ce matin par la CMA de ses positions de façon quasi simultanée, il s’agit entre autres de Takaloute, Koniba , Tiwraghene et bien d’autres toutes dans la région de Kidal », indique, dans un communiqué, Sidi mohamed ould Mohamed, responsable de la Plateforme. Selon lui, ces malheureux évènements sont orchestrés, dans le seul dessein de compromettre les initiatives issues de la rencontre CMA-Gouvernement-Plateforme du 23 juin dernier, laquelle rencontre a initié un chronogramme pour l’installation du MOC ainsi que le retour du gouverneur, des autorités intérimaires et des services sociaux de base dans la région de Kidal.

Plusieurs combats ont eu lieu, ce mois de juillet, entre les deux groupes armés dans différentes localités de la région de Kidal. Le jeudi 6 juillet 2017, ils se sont violemment affrontés au sud d’Aguel’hoc. Une semaine après, le mardi 11 juillet 2017 à Tidjachiwen et à Anefif, d’âpres combats auront encore lieu entre les deux ennemis jurés.

A deux reprises, le 20 juin et le 20 juillet, l’Etat malien a dû renoncer à son retour à Kidal conformément au calendrier établi entre les signataires de l’Accord. Les différentes tentatives de conciliation, sous la houlette de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali, pour obtenir un cessez-le-feu entre les deux groupes armés, ont jusqu’à présent échoué.

Pour ne rien arranger, des mouvements armés continuent de hausser le ton. A l’image du Mouvement Populaire pour le Salut de l’Azawad (MPSA), un mouvement de la Plateforme qui dénonce une « gestion abominable d’un accord qui était jusqu’à hier le seul espoir de voir une paix durable revenir au Mali ».  Le MPSA s’insurge contre les blocages dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali : l’exclusion de certains groupes dans l’application de l’Accord, la dégradation de la situation sur l’ensemble du territoire national, la dégradation continue du tissu social, le non retour des réfugiés maliens… Selon Boubacar Sidigh Taleb Sidi Ali, le secrétaire général du mouvement, « la prise en otage du processus d’Alger par un groupe ou par une région est inadmissible ». Face à la presse le mercredi dernier, Sidi Ali, d’un ton menaçant, a lancé un ultimatum aux différentes parties du processus de paix au Mali (Gouvernement malien, CMA et Plateforme) : « il faut remédier aux différentes lacunes de la mise en œuvre de l’Accord ». Passé ce délai, prévient le secrétaire général du MPSA, nous fermerons les accès de la ville de Tombouctou à tous les convois officiels y compris ceux des forces étrangères. » « Pour exécuter ce blocage, nous utiliserons tous les moyens y compris les plus extrêmes », précise Boubacar Sidigh Taleb Sidi Ali.

Madiassa Kaba Diakité

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