La recrudescence des attaques terroristes plonge le pays dans une situation sécuritaire très alarmante. Il est clair que la maîtrise en appelle à des actions concertées entre les autorités maliennes et leurs partenaires, notamment la Minusma et la Force Barkhane.
Le 3 août, un poste de sécurité de la garde nationale a été attaqué à Gourma Rharouss avec un bilan lourd de 11 morts. Le 7 août, un établissement hôtelier situé dans la ville stratégique de Sevaré est pris pour cible (12 morts). Le 10 août, un véhicule des forces armées et de sécurité saute sur une mine dans le cercle de Ténenkou. Bilan : 3 morts. Mais avant, Misséni, Nara et Fakola avaient subi des attaques. Une recrudescence des attaques terroristes plongeant le pays dans une situation sécuritaire très alarmante et dont la maîtrise en appelle à des actions concertées entre les autorités maliennes et leurs partenaires, notamment la Minusma et la Force Barkhane.
Qui sont-ils ?
D’où provient leur financement ?
Qui sont donc ces mouvements qui sèment la terreur ? Il y a d’abord Ançardine d’Iyad Ag Agaly dont les principaux responsables ont changé de chemise à la suite de l’intervention française pour créer le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), aujourd’hui membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad, l’un des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. L’ancien chef rebelle – ‘’Djihadiste’’ pour les uns et un vulgaire terroriste pour d’autres – dispose encore d’un carré de fidèles, prêts à obéir à ses ordres, selon de nombreux spécialistes. Les agents de la Direction générale de la Sécurité d’Etat, le plus puissant des services de renseignements maliens, ont établi la connexion entre Iyad et les éléments qui ont attaqué Misséni et Fakola au nom d’Ançardine du sud, un mouvement jusque-là inconnu du répertoire des forces obscurantistes.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) reste actif et détient toujours quelques otages, dont un Sud-africain, enlevé en novembre 2011 à Tombouctou. A cause des autochtones qui ont rejoint ses rangs et surtout les liens de mariage que ses principaux animateurs ont tissé avec les communautés locales, ce Groupe terroriste né des cendres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) est encore nuisible.
L’organisation Al Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar ne chôme pas et a réussi à établir des connexions dangereuses avec des groupes locaux. Ainsi, Al Mourabitoune sous-traitera avec le Front pour la libération du Macina (FLM) d’Hammadoun Kouffa. Est-ce qu’un fait du hasard que les deux mouvements ont réclamé la paternité de l’attaque contre ‘’Le Byblos’’ à Sévaré ? La logistique, dont disposent les lieutenants de Kouffa, lève tout doute sur leur parrainage par un mouvement plus robuste qui assure leur ravitaillement en armes et en vivres.
Il ne reste plus grand-chose du Mouvement pour l’Unicité du Djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) dont les dirigeants ont su se mettre à l’abri dans d’autres mouvements. Ce qui n’empêche pas un groupuscule de se cacher sous la bannière du MUJAO pour revendiquer des attentats dans la région de Gao contre les forces de maintien de la paix des Nations Unies.
Qui finance ces Groupes ?
Ils sont financés par l’argent provenant d’une part des rançons versées par les occidentaux pour la libération de leur otage et, d’autre part, des fonds issus des trafics notamment de la drogue. Avec la crise en Libye, les groupes terroristes se sont suffisamment ravitaillés en armes et munitions pour les dissimuler dans différents endroits du désert. En dépit de la surveillance des drones américains et français, des armes quittent toujours la poudrière libyenne pour atterrir au nord du Mali. Plusieurs raisons expliquent cette flambée de violences qui quittent de plus en plus la zone traditionnelle d’insécurité.
L’une des raisons qui explique cette recrudescence des attaques terroristes dans le Gourma, la zone inondée de Mopti et la bande allant de Taoudeni à Nara en longeant la frontière mauritanienne, c’est le fait que les groupes terroristes sont dans l’impossibilité de traverser le Tilemsi à cause de la surveillance des forces françaises. Celles-ci détectent, selon de nombreux spécialistes, le moindre mouvement suspect d’un cortège de véhicules dans le désert avant de le pulvériser. L’utilisation de motos par les mêmes groupes serait une manœuvre visant à s’échapper à la surveillance des forces Barkhane. Aussi, certains spécialistes sont persuadés que les groupes terroristes veulent déplacer les violences vers le centre et le sud pour mieux se livrer à leur trafic florissant dans le Sahara.
Que faut-il faire ?
Que faut-il faire alors ? Il faut éliminer Iyad Ag Agaly et ses ramifications ou dialoguer avec eux. S’agissant de leur élimination, il ne faut pas se faire trop d’illusions. Le Mali, seul, n’a pas les moyens d’une telle opération dans la mesure où ses forces armées et de sécurité n’ont aucun accès aux zones de refuge de cet énigmatique ancien chef rebelle qui bénéficie d’une large protection de certains de nos partenaires. Iyad Ag Agaly restera longtemps en vie tant que ses protecteurs auront besoin de ses services.
L’homme, véritable maître du terrain, a toujours été présenté comme un rempart contre les velléités sécessionnistes des aventuriers du Mouvement pour la libération de l’Azawad (Mnla) dont des meneurs obéissent plus à Rabat qu’à Alger.
Le très sérieux site Mondafrique le présentait dans un article comme un agent triple. En 2012, au plus fort de l’occupation, l’Algérie avait démarché certaines personnalités les plus influentes des régions du nord afin qu’elles rallient le chef d’Ançar dine. « Allez-vous entendre avec son frère Iyad », confiaient des officiels à ces personnalités dont le séjour était soigneusement encadré par les renseignements algériens (DRS).
Pourquoi ne pas dialoguer avec Iyad ?
Pour le moment, le gouvernement de la République du Mali ainsi que la communauté internationale s’opposent à toute idée de dialogue avec Iyad et ses compagnons. A tout seigneur tout honneur : le Président du Parti pour la reconnaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, dans un document intitulé «au-delà de l’accord d’Alger », a jeté un pavé dans la mare en demandant ouvertement un dialogue avec les «Djihadistes maliens». D’autres acteurs, notamment des responsables du Hcua tels qu’Aglabass Ag Intallah et Hammada Ag Bibi qui ne veulent nullement le mal de leur mentor n’en pensent pas moins.
L’équation d’Iyad et ses ramifications est difficile à résoudre. Il est à craindre que les déçus de la mise en œuvre de l’accord trouvent en Iyad un fédérateur pour engager une nouvelle lutte.
Chiaka Doumbia
Ibk Traitre lache Traitre voleur Corrumpu
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