Reconquête du nord du Mali : Trop de discours, aucune action concrète

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Du coup d’Etat du 22 mars 2012 à ce jour, le Nord du Mali a été envahi et reste occupé par les indépendantistes, les islamistes et les narcotrafiquants. Ce sont eux qui font la loi là-bas. Du reste, les nouveaux maîtres du Sud sont devenus de célèbres théoriciens du maintien en situation de non-guerre, non-paix. Quand le Saint des Saints appelle au secours, le sage des sages dit n’en avoir pas besoin. Quand le soutien annonce sa disponibilité à nous aider, il bloque nos armes quelque part sur son territoire. Le gouvernement ne négocie pas et ne fait pas la guerre sous prétexte qu’il faut se préparer. Entre temps l’ennemi renforce ses rangs et son armement. Où va-t-on ?
A propos du gouvernement, qui a jamais vu Cheick Modibo Diarra ou une mission gouvernementale, un seul jour au Nord pour aborder la question du Nord avec les occupants ? On a vu CMD dans les pays du champ et aux assises de la CEDEAO, mais jamais en négociation de paix avec les vrais acteurs regroupés au sein du MNLA, d’Ançar Eddine, du Mujao, d’AQMI. C’est la société civile qui a osé négocier, mais à quel titre ? Et pour quelle fin ?
Et le hic, c’est lorsque le Président par Intérim a fait appel à la CEDEAO, pour demander son aide quant à l’acheminement de l’aide humanitaire, la capacité du génie militaire pour la neutralisation des mines et engins explosifs improvisés, la guerre électronique, le soutien santé (médicaments, prise en charge des blessés) et la reconstruction des camps et autres infrastructures.
                A propos, RFI rapporte :
[Le président malien DioncoundaTraoré a envoyé mardi au président ivoirien Alassane Ouattara la requête autorisant la Cédéao à apporter un soutien militaire au Mali pour en découdre avec les islamistes qui occupent le nord du pays. Si le ministre de la Défense et l’état-major malien soutiennent clairement cette demande, ils ne sont pas forcément suivis par l’ensemble des troupes, ce qui crée des remous à Kati. Les autorités de la sous-région réclament quant à elles un retour prioritaire du pouvoir constitutionnel à Bamako.
La soirée du jeudi 6 septembre a été chaude à Kati. Dans la caserne qui abrite les ex-putschistes près de Bamako, l’ambiance était électrique autour d’un sujet : le président Dioncounda Traoré n’aurait pas dû autoriser la Cédéao à envoyer des bataillons étrangers dans le nord (3 300 militaires à la disposition du gouvernement du Mali).
Selon nos informations, le capitaine Sanogo a dû palabrer longtemps pour calmer officiers et sous-officiers, leur faire entendre que l’heure n’était pas à un nouveau coup de force et qu’il était urgent d’avancer d’un même pas.
Mais ce manque de consensus était bien réel, au point que l’état-major de l’armée qui avait un temps prévu un communiqué pour dire son accord avec la démarche du président a dû se raviser au dernier moment pour éviter le clash.
Les militaires récalcitrants en veulent à Dioncounda Traoré mais aussi à la Cédéao, qu’ils accusent toujours de bloquer des armes dans la sous-région, mais surtout de vouloir venir combattre les islamistes à la place de l’armée malienne.
Du côté de la médiation burkinabè, on cherche à calmer le jeu. Selon Djibril Bassolé, la Cédéao ne veut pas se substituer à l’armée malienne, juste l’appuyer. Pour le diplomate burkinabè, les modalités de soutien et le déploiement militaire se feront en concertation. ” Tout se discute “, assure-t-il. Les chefs d’état-major de la sous-région doivent se réunir très prochainement.
Clarifier la situation constitutionnelle
Au niveau sous-régional, à l’occasion d’une visite de son nouvel homologue du Ghana, John Dramani Mahama, le président du Bénin, Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, a déclaré que les pays d’Afrique occidentale se rencontreraient bientôt pour discuter de stratégies pour une intervention au Mali.
Pour le président ghanéen, la Cédéao, avant d’envisager une quelconque action militaire, doit avant tout clarifier cette question : qui dirige réellement le Mali, le capitaine Sanogo ou Dioucounda Traoré ? ” Je crois que l’une des premières étapes dans cette affaire, c’est qu’il faudrait qu’on règle ce problème de pouvoir et de la constitutionnalité. Et c’est à ce niveau d’ailleurs qu’il y a la confusion. Avant qu’on intervienne dans cette histoire, il faudrait qu’on maîtrise vraiment la situation constitutionnelle. ”
Quant au président en exercice de l’Union africaine, il ne peut y avoir, selon lui, deux voix discordantes à Bamako. Pour Boni Yayi, la junte doit retourner dans sa caserne et renoncer à diriger une quelconque institution de la République : ” Il faut absolument le retour de la junte dans les casernes, il faut absolument que la junte soit écartée de la vie politique, qu’elle soit écartée des institutions politiques pour que nous puissions trouver une issue rapide à cette crise. “].
Pour sa part, dans un entretien exclusif à Mali Demain, Colonel Youssouf Traoré, parle de la crise et profite de l’occasion pour répondre aux menaces du Chef d’état Major du MUJAO qui menace de prendre Bamako en 24 heures si leurs positions sont attaquées. Egalement, cet Officier membre du CNRDRE et non le moindre, a dénoncé avec la dernière rigueur la lettre du Président de la République par intérim : ” Nous n’avons pas besoin de la présence d’aucune troupe étrangère sur notre sol. Nous ne sommes pas d’accords car nous avons assez d’expérience en la matière pour avoir montré nos preuves sous d’autres cieux . Je rappelle que le Mali est un pays indépendant. Donc souverain qui est capable malgré les problèmes crées sciemment par certains pour nous affaiblir. En tout cas, l’armée est là pour unifier le pays. Nous avons des hommes qui sont très engagés et prêts à monter au front s’ils ne sont pas déjà. Je rappelle ici que la montée au front de nos hommes a été retardée parce que nous avions fondé beaucoup d’espoir sur les commandes d’armes que nous cherchions avec des amis pour rééquiper certaines de nos forces. Malheureusement, ces armes ont été délibérément bloqué par certains dirigeants ouest-africains en complicité avec des pays Occidentaux rien que pour des intérêts personnels”.
Que Dieu sauve le Mali!
Mamadou DABO

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