Pour cette rencontre d’ampleur, tous les cercles étaient représentés à raison de 50 personnes par cercle. Des invités sont venus des pays voisins (Niger, Mauritanie, Algérie et Burkina Faso) ainsi que des compatriotes refugiés dans les pays voisins et des personnalités résidant à Bamako et ailleurs.
Plus de 500 participants ont ainsi pris part à la rencontre. A l’ouverture des travaux, le maire de Tombouctou, Hallé Ousmane, s’est réjoui du fait que la ville a retrouvé ses repères d’antan après une longue période de turbulence liée à l’occupation par les djihadistes et les indépendantistes. Il a ensuite salué les efforts du gouvernement de regrouper tous les segments de la société pour discuter de paix et de réconciliation.
Le ministre Samaké, avant d’entamer son discours d’ouverture, a fait observer une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs nationaux et étrangers tombés au champ d’honneur. Il a rappelé la barbarie dont la ville fut victime durant l’occupation. Du fait des agissements des djihadistes, hommes, femmes et enfants ont souffert le martyr. Même le patrimoine culturel n’a pas été épargné, rappellera-t-il en évoquant les destructions des mausolées et des monuments.
Entrant dans le vif du sujet, Sada Samaké a jugé que « le forum de Tombouctou est un moment singulier du dialogue entre Maliens ». Pour le gouvernement, a-t-il assuré, le Nord est la priorité. « Après les Assises nationales sur le Nord, le forum de Gao et les foras locaux de Tombouctou, Diré, Goundam, Gourma Rharous et Niafunké, nous voila à l’étape régionale où il est attendu des participants des voies et moyens pour dégager des perspectives pour toute la région en matière de réconciliation de gouvernance et de développement », a indiqué le ministre Samaké. Il a exhorté les uns et les autres à se dire la vérité en face et à trouver les réponses adéquates aux préoccupations communes dans un esprit de solidarité, de cohésion et d’unité dans la diversité. Il a mis aussi un accent particulier sur le caractère inclusif de la rencontre.
Durant 6 jours, les participants repartis en groupes thématiques, avec des experts et des facilitateurs, travailleront à décliner une politique de réconciliation nationale. Celle-ci est destinée à ressouder le tissu social, renforcer la cohésion de la Nation, promouvoir le vivre-ensemble, approfondir le processus de décentralisation visant à faire de la région le point nodal du développement local à travers, notamment, la matérialisation du transfert effectif des compétences et des ressources financières aux collectivités décentralisées et la validation des grands axes du Plan de développement accéléré des régions du Nord.
La tenue de ce forum participe de la stabilisation politique et de la refondation de l’Etat. Le gouvernement a posé d’importants actes en vue du raffermissement de l’unité nationale et de la cohésion sociale du Mali post-crise. Le ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des Régions du Nord est chargé de la mise en œuvre de la volonté politique de promouvoir une paix et un développement durables à travers, notamment, l’établissement d’un nouveau contrat social entre l’Etat et les citoyens.
Conscient des frustrations multiformes engrangées par l’ensemble des composantes sociales du pays et, singulièrement, celles nourries par les communautés vivant dans les trois régions du Nord, du fait de la mal gouvernance structurelle pratiquée par l’appareil d’État au cours de la décennie écoulée, le gouvernement s’attèle à mieux répondre aux aspirations légitimes de justice, de progrès social et d’épanouissement individuel et collectif de toute la Nation malienne.
Les travaux en plénière prévoient des communications sur la réconciliation nationale, la décentralisation et le développement économique régional. Des informations seront fournies aussi sur les ateliers informels organisés en commun avec la MINUSMA.
Les participants visiteront les trois grandes mosquées Djingarey Ber, Sankoré et Sidi Yehya, le Centre de documentation et de recherche Ahmed Baba, le périmètre rizicole de Daye et Amadia, à 18 km de Tombouctou. Ils feront également le Kalémé (promenade culturelle sur la route qui va de la mosquée de Sankoré à l’entrée de Sareyeina).
Au cours de la cérémonie d’ouverture, des jeunes ont bruyamment exprimé leur mécontentement, estimant ne pas être impliqués dans le forum. Le ministre Samaké a donné des apaisements aux porteurs de pancartes dont les récriminations sont partagées par d’autres Tombouctiens qui s’estiment tenus à l’écart.
M. SAYAH
AMAP-Tombouctou