Rebondissements dans l’Affaire Air Cocaïne : Voilà pourquoi les inculpés sont blancs comme neige

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Après l’atterrissage en 2009 d’un Boeing 727/200, type avion de transports de marchandises, supposé avoir débarqué une cargaison présumée composée de stupéfiants et produits hallucinogènes, une information judiciaire fut ouverte. Mais au terme de l’enquête, ni les boîtes noires, ni d’autres éléments permettant d’identifier l’aéronef  n’étaient trouvés sur la carcasse fumante de ce Boeing tristement dénommé Air cocaïne par la presse.  Pourtant, après des investigations bâclées, des innocents furent livrés à la presse, tandis que les vrais coupables courent toujours. Que s’est-il alors réellement passé ?

Eric Vernay

Les sables mouvants de Tarkint dans le Nord Mali n’ont toujours pas livré tous leurs secrets  quant au contenu de l’avion. Mais la composition de son équipage et sa zone de provenance font suspecter, à bord, la présence de produits psychédéliques puissants et en grande quantité, destinée à l’Europe. Le Mali, le maillon faible de la lutte contre ce genre de trafic, n’étant qu’une zone de passage. La cargaison était en provenance de Tocumen, ville épicentre du trafic de drogue en Amérique centrale.

A bord de l’aéronef, des pilotes dont les noms évoquent des personnages sortis des aventures des conquistadores espagnols: Carlos Marlon, André Josée; Luis Agosta, ressortissants de Colombie, le pays où les barons de la drogue défient l’Etat le plus puissant du monde, les Usa.

Comment Air Cocaïne a-t-il pu atterrir près de Bourem?

C’est Ibrahima Guèye, patron de AAA, African Air Assistance, qui avait affrété et avait immatriculé l’avion en son nom dans un pays, plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest. Il s’agit de la Guinée Bissau.

AAA avait saisi la direction de l’aviation civile (Anac) pour une autorisation de survol et d’atterrissage du Boeing au Mali. Cette autorisation fut sollicitée à travers Go-Voyages. C’était en octobre 2009, précisément le 17  octobre. Eric Vernay qui travaillait à l’aéroport comme prestataire, a demandé l’heure d’arrivée du fameux vol. Cela a suffi pour inculper Eric et le patron de  Go-Voyages, Mohamed Hacko. Ils ont été ainsi poursuivis pour  complicités d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Eric et Hacko ont, depuis leur arrestation, vivement protesté contre cette allusion à une quelconque complicité avec les auteurs présumés d’une atteinte à la sûreté de l’Etat.

Quant à Miguel Mera, on a voulu lui attribuer une déclaration selon laquelle il aurait dit que lui-même et d’autres personnes dont Eric et Ibrahima seraient au courant de l’organisation du vol sur Bamako.  Selon ce procès-verbal (pv) sulfureux, d’autres individus comme Didi Ould  Moussaoui et Mohamed Sidi Mohamed feraient partie des organisateurs de la  randonnée du désert du Boeing d’Air cocaïne.

Miguel, évidemment, nia avoir apposé une quelconque signature sur quelque pv que ce soit. Et d’ailleurs, comment peut-on déclarer qu’on est l’auteur d’un trafic de drogue dans une sorte d’association de malfaiteurs ? Cela manque de crédibilité. La signature sur le pv étant d’ailleurs différente de la signature de Miguel.

C’est donc sur la base d’un pv tronqué que Miguel a été associé par la défunte autorité à ce trafic dans le but de lui soutirer de l’argent. Le ministre de la Justice de l’époque, Marafat Traore, aurait encaissé près de 100 millions Fcfa dans cette gigantesque opération d’extorsion de fonds au détriment de la société de Miguel. Le juge d’instruction lui  accordera un non-lieu.
De même, Eric Vernay a tout le temps soutenu que par son métier de prestataire à l’aéroport de Bamako, il peut demander l’heure d’arrivée de n’importe quel vol à la demande des clients. Il l’a fait en toute bonne foi pour AAA de Ibrahima Guèye, croyant avoir  à faire à un affréteur sérieux. Et c’est tout ! Il n’a ni piloté le vol qui arrivait en direct de l’Amérique centrale, ni fourni une quelconque assistance aéroportuaire à l’avion d’Air cocaïne qui a atterri directement à Tarkint. Le juge d’instruction lui délivra à lui aussi un non-lieu, parce que le coup de filet était trop mince pour permettre d’inculper une personne dans un trafic de drogue.

Quant à Ben Hacko de Go-Voyages, il n’eut aucune peine à établir son innocence dans cette affaire. Bien qu’il ait été  approché par AAA qui voulait établir des relations d’affaires avec Go- voyages, il était loin d’imaginer que ce partenaire avait des relations douteuses avec les barons de la drogue en Amérique latine. La première demande d’autorisation devait conduire  l’avion de Dakar à Bamako, sur une requête de Go-Voyages adressée  à l’aviation civile en septembre 2009.    Lorsque le vol fut annulé, AAA se servit de la même autorisation, sous le couvert de Go-Voyages, pour un  vol sur Bamako dont le point de départ est une ville d’Amérique du sud. Quand Ben a appris le subterfuge, il adressa une lettre  de protestation à son partenaire via l’Agence nationale de l’aviation civile (Anac). Au moment de l’établissement de cette nouvelle requête, Ben était aux Usa. Il apporta les preuves de son absence et exhiba copie de sa lettre de protestation. Le juge lui accorda un non-lieu. Tous les 3 ont ainsi bénéficié d’un  non-lieu.

Mais dans cette affaire, la grande surprise vient du parquet qui fit appel sur les dossiers d’Eric et Miguel tout en laissant Ben Hacko libre de rentrer chez lui. Deux poids, deux mesures ou une volonté de soutirer de l’argent aux blancs ? La suite de l’affaire qui passera en début de semaine prochaine à la Chambre d’accusation nous le dira.

Ce qu’il faut savoir, dans une ordonnance on ne peut faire appel sur une partie contre une autre partie. Comme pour  dire qu’il y a de bons innocents et de mauvais innocents. On ne peut libérer une partie des innocentés et garder l’autre partie au frais.

Quant aux vrais  coupables présumés, ils courent toujours: il s’agit de Carlos Bossions, André José; Luis Acosta, Ibrahima Guèye, Didi Ould Moussaoui; et Mohamed Sidi Mohamed. Ils seront déférés devant un tribunal correctionnel si les mandats internationaux émis à leur encontre sont exécutés un jour. La justice est patiente.

Il faut rappeler, dans cette affaire rocambolesque, la présumée  présence du commandant Konaré, le fils de Alpha Oumar Konaré,  dans la tentative d’extorsion de fonds au détriment de Miguel, qu’il aurait séquestré et pendu à un croc de boucher pendant 5 jours sans eau ni nourriture.

Quant à Att, il usa  de son influence pour faire  libérer les trafiquants présumés de drogue incarcérés à la sécurité d’Etat qui relève directement de lui. Il faut donc qu’il explique au peuple malien pourquoi il a ordonné une telle libération et en quoi il serait impliqué dans cette affaire qui a terni l’image du Mali au point de faire taxer notre pays d’un «Etat-voyou» par une superpuissance mondiale.

Birama FALL

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7 COMMENTAIRES

  1. Je suis certains que AIR COCAINE et AIR RACAILLES DU NORD sont lies … donc si on parviens a nous debarrasser de la racaille du nord….on aura fait beaucoup de progres….

    Moussa Ag, qui est certains que beaucoup de riches au Mali n’ont pas pris la voie normale…la sueur de leur front…BONNE CHANCE AVEC LES ENQUETES MAIS DEBARASSEZ NOUS DE LA RACAILLE DU NORD AU MOINS

  2. citoyen
    apparemment tu es mêlé à cette affaire. Le journaliste ne fait que son travail.Tous les coupables doivent être arrêtés et traduits en justice même ceux qui ont perçu de l’argent doivent répondre

    • Bonjour
      Franchement j’ai le sentiment que ce journaliste a été également bien arrosé dans cette affaire de gros sous.Je m’attendais à ce qu’il s’étonne de cette libération.

  3. fall combien tu as touché pour ton torchon pour raconter du nimporte quoi ce qui es sur tu na jamai été sérieux cequi essur cette fois tu aouras à repondre de tes betises devant la justice pour diffamation

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