Rébellion touarègue : L’heure des grandes incertitudes

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Iyad Ag Ghali, dans Kidal, nord du Mali, 7 august, 2012.
Iyad Ag Ghali, dans Kidal, nord du Mali, 7 august, 2012.

«Certaines personnes font des promesses pour le seul plaisir de ne pas les tenir», avait justement lâché William Hazlitt, écrivain irlando-britannique. Espérons que ce ne sera pas, pour cette fois, la philosophie partagée par les  dirigeants du Mouvement national de  libération de l’Azawad (MNLA), qui ont récemment promis de libérer le site du gouvernorat et les locaux de la  radio télévision de Kidal à partir du 14 novembre 2013. Ces endroits hautement stratégiques sont occupés depuis l’avancée militaire française en début d’année. L’annonce a été faite de concert, avec, semble-t-il, le  Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le  Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).

 

 

Naturellement accueilli avec un haussement d’épaules des autorités maliennes, qui, en  matière de promesses du genre, en ont vu de toutes les formes et de toutes les couleurs. En effet, depuis le début de la crise au Mali, et même bien avant, les décisions respectées par le MNLA et ses affidés sont  aussi rares que les larmes d’un chien.

 

 

Une chose est cependant sûre,  l’annonce survient à un moment où il y a beaucoup d’électricité dans l’air, avec comme principaux générateurs l’assassinat des deux journalistes de Radio France Internationale (RFI) et le récent accrochage à la frontière nigérienne entre  l’armée malienne et des éléments touarègues, qui aurait fait trois morts. Du reste, depuis le premier fait, il se susurrait que Paris, qui a toujours joué un rôle trouble avec les Hommes bleus, allait être obligé de revoir sa copie, d’autant que, jusque-là, la responsabilité de la rébellion touarègue dans cet assassinat n’a pas été écartée. Pour sûr, après l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, enlevés en présence d’un chef local du MNLA devant sa cour, plus rien ne sera comme avant. «Ce MNLA, enfant gâté de la France qui l’a jusque-là traité avec une complaisance coupable, sait que désormais il sera mis au pas. Son refus de désarmer, ses retournements de … sèche, ses desseins obscurs et ses rapports brumeux  avec des groupes islamistes, tous ces micmacs politico-religieux,  seront tirés au clair avec la fermeté qui va avec», nous écrivions-nous dans notre édition du mercredi 6 novembre 2013.

 

 

Aujourd’hui, l’armée française  renforce sa présence militaire à Kidal (où ont été enlevés en plein jour les deux journalistes) : en début de week-end, 120 éléments supplémentaires y ont été dépêchés, les doigts plus que jamais crispés sur les gâchettes de leurs armes. La pression est-elle d’autant plus forte que les rebelles mettent un peu d’eau dans …leur thé ? Attendons le 14 novembre prochain pour voir si la décision prise par le MNLA de restituer à l’Etat le gouvernorat et la radio télévision de Kidal sera effective. C’est malgré tout le moment des grandes interrogations chez les jusque-là maîtres des lieux, avec surtout cet autre épisode qui ne laisse pas de marbre le MNLA : la récente offensive militaire malienne réussie dans le camp de Kati qui a abouti au désarmement des Bérets verts et transformé le capitaine, pardon … le général Amadou Haya Sanogo en un tigre en papier. Bilal Ag Cherif, patron du MNLA, et Cie sont visiblement à la croisée des chemins. En plus compliqué pour eux, se profilent à l’horizon les prochaines législatives maliennes. Ce sera l’heure du grand suspense, l’occasion pour les membres du Mouvement de convaincre que les populations des régions du Nord (Kidal, Gao et Tombouctou), dont il jure la main sur le cœur qu’ils défendent les intérêts, les portent dans leur cœur.

La Rédaction

Source: lobservateur.bf/

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