Rébellion touarègue : Les dessous de la prise de Léré par le MNLA

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Dans l’après-midi du jeudi 26 janvier, des combattants du Mouvement National de libération de l’Azawad (MNLA) ont attaqué la ville frontalière de Léré (située au Nord-ouest du  Mali) sans avoir rencontré une résistance militaire. Les  hommes du Colonel Bouna règnent ainsi en maîtres dans cette ville où les populations, saisies de peur et de panique, commencent  à sortir de la ville pour se réfugier en Mauritanie.

Le jeudi 26 janvier, vers 14 h, ces combattants du MNLA ont pris Léré sans confrontation avec les militaires de l’Armée dont certains ont abandonné le camp pour rejoindre celui de Niafunké, ville situé à l’Est de Léré. L’autre partie des militaires de Léré ont rallié les combattants du MNLA. Selon un communiqué du Mouvement, 60 militaires originaires du Nord la saisie de plusieurs matériels militaires. « Quelques uns des intégrés (les militaires d’origine arabe ou tamasheq qui ont intégré l’Armée malienne après les rebellions touarègues passés) ont rejoint le Mouvement national de libération de l’Azawad à Léré », informe le Directeur de l’Information et des Relations publiques des Armées, le Colonel  Idrissa Traoré, sans toutefois en préciser le nombre.

Pour les matériels militaires saisis, le Colonel Traore préfère de ne pas en parler pour « ne pas entrer dans le jeu de bilan du Mouvement national de libération de l’Azawad », explique-t-il. En fait, les combattants du MNLA conduits par le Colonel Bouna occupent la ville depuis le jeudi et ont coupé les réseaux téléphoniques de la ville dès leur arrivée. Ainsi pour passer des coups de fil grâce au signal du réseau du petit village de Djanké situé à 30 km de Léré, les quelques habitants de la ville Léré se déplacent à 3 km vers le côté Est de la ville.

Carburant confisquée

Après quelques jours dans la ville, les combattants du MNLA ont commencé à confisquer les biens de l’Etat appelés  localement « Eheré ntafoukt », c’est-à-dire « le bien du soleil », donc « le bien de tout le monde » en langue tamashek qui veut dire. Ainsi, des structures étatiques ont vu leurs biens confisqués par les combattants du MNLA. « Les cuves de stockage du carburant des groupes électrogènes qui assurent le fonctionnement du château d’eau de Léré ont été vidés par les combattants du MNLA. Et le carburant en stock du groupe électrogène du centre émetteur de la télévision et de la radio de Léré a été confisqué dans la nuit du vendredi au samedi  par les rebelles », renseigne un habitant de Léré joint au  téléphone. Du coup, les commerçants de la ville ont commencé à fermer leurs boutiques et du coup, la panique s’est installée  au sein de la population. Pris de peur, la population civile commence à quitter la ville de Léré en grand nombre suite aux messages que font circuler les combattants du MNLA.

Réfugié malien en Mauritanie

« Sortez de la ville ! Il ne faut pas que vous soyez pris entre deux feux car l’Armée malienne peut venir à tout moment pour nous combattre ». C’est l’essentiel du message qu’auraient donné les combattants du MNLA aux populations de Léré. « Cela n’est pas exclus », dit un militaire malien de Bamako. « Les combattants du MNLA se mêlent entre la population pour nous amener à l’erreur, ce qui rend notre tâche difficile, mais nous restons sereins », dit le Colonel Idrissa Traoré. Tout comme la plus part des villes du Nord,  les populations de Léré ont commencé à quitter la ville, soit pour aller rejoindre un campement dans le désert, soit pour aller en Mauritanie. « Le message des combattants du MNLA constitue une propagande  pour diriger des refugiés maliens vers les pays voisins », selon un ressortissant de Léré à Bamako.  Au niveau de la ville frontalière de Bassikounou, la Police mauritanienne a déjà enregistré plusieurs dizaines de familles qui sont rentrées dans le territoire mauritanien.

 Baba Ahmed


 

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