Oxfam a publié un rapport accablant sur la situation des réfugiés maliens, alors que des milliers d’entre eux ont dû fuir leur domicile. L’aide humanitaire ne pourra faire face à cet afflux sans changement d’approche.
Le rapport se fonde sur des informations recueillies par Oxfam essentiellement entre août et décembre 2012 à travers les programmes d’Oxfam au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. Dans ces pays abritant de nombreux refugiés maliens, il y a eu plus de 65 entretiens avec des représentants des États et des organisations humanitaires, ainsi que des discussions avec des réfugiés dans les pays hôtes et des organisations de la société civile et des communautés au Mali. Lancé simultanément hier dans les différents pays où Oxfam intervient, il ressort de ce rapport que depuis janvier 2012, près de 375 000 Maliens ont fui le conflit qui sévit au nord du pays. Quelques 145 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, se sont réfugiées dans les pays voisins, principalement au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. Avant l’intensification actuelle du conflit, l’ONU estimait que le nombre des réfugiés pourrait doubler et atteindre le chiffre de 400 000 personnes suite au déploiement d’une force militaire africaine, la MISMA (Mission Internationale de Soutien au Mali), autorisée par le Conseil de sécurité. Il ressort également de ce rapport que selon le HCR, le 17 janvier, soit sept jours après le début des opérations militaires, les combats avaient déjà causé le déplacement de 10 000 personnes, dont plus de 2 000 se sont réfugiées dans les pays voisins. La situation au Mali et dans la région est plus volatile et imprévisible que jamais.
Oxfam souligne également les difficultés éprouvées ces derniers mois pour répondre à cette crise. Bien que les communautés hôtes, les pays voisins et les organisations humanitaires aient fourni une assistance vitale aux réfugiés, l’augmentation des capacités a été particulièrement difficile et lente en raison de difficultés logistiques, de l’expérience limitée des organisations humanitaires sur place en matière de crise de refugiés, et de la faible présence du HCR dans la région, dans les premiers moments. Près d’un an après l’éclatement du conflit dans le nord du Mali, le rapport d’Oxfam affirme que “les besoins essentiels ne sont toujours pas couverts de façon uniforme, en particulier dans les domaines de l’alimentation, de la protection et de l’éducation“.
L’organisation humanitaire souligne que le taux de malnutrition infantile dans certains camps de réfugiés dépasse largement la limite de l’urgence de 15 % fixée par l’Organisation mondiale de la santé.
En prévision de l’augmentation probable du flux de réfugiés et de l’augmentation des besoins inhérents, Oxfam affirme que les organisations humanitaires doivent rapidement adapter leurs programmes afin de soutenir les communautés hôtes et les réfugiés issus de communautés pastorales, lesquels sont arrivés avec des dizaines de milliers de têtes de bétail, augmentant considérablement la pression sur les ressources locales déjà limitées et les tensions entre réfugiés et communautés locales.
En certains endroits, le nombre de réfugiés est plus important que celui des membres de la communauté d’accueil.
Bandiougou DIABATE