Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a son siège sis dans la zone ACI 2000,un café de presse pour non seulement faire le point sur le rapatriement des réfugiés maliens vivant dans les pays voisins notamment le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, mais aussi d’entretenir les journalistes sur les activités inscrites dans son mandat au Mali . C’était sous la présidence de Anne Elisabeth Ravetto, représentante adjointe du bureau du HCR au Mali, en présence de Nsona Vela Do Nascimento, Administrateur principal chargé du rapatriement, d’Isabelle Michal, Administratrice chargée des relations extérieures.
D’entrée de jeu, l’Administrateur principal chargé du rapatriement au bureau du HCR, Nsona Vela Do Nascimento a fait savoir que depuis la crise de 2012 qui a généré des larges mouvements de populations à l’intérieur du Mali et dans les pays voisins, des milliers de maliens sont toujours en exil dans les pays limitrophes. Selon lui, au 31 mars 2016, ils sont 60.300 réfugiés au Niger, 50.600 réfugiés en Mauritanie et 33.800 réfugiés au Burkina Faso. A ses dires, malgré l’instabilité de la situation dans certaine zone, beaucoup de réfugiés et de personnes déplacées internes ont commencé à revenir dans leur pays et régions d’origines. A l’entendre, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali le 15 mai 2015, parachevé le 20 juin 2015, qui comporte un chapitre sur la mise en place de conditions favorables au rapatriement des réfugiés, représente également un espoir pour les maliens encore en exil à l’étranger.
Pour lui, selon le dernier rapport sur le suivi du mouvement des déplacés du 3 mars 2016, le Gouvernement estime qu’environ 52.200 personnes sont encore déplacées internes. Le nombre de personnes déplacées retournées s’élève quant à lui à presque 453.100.
En parallèle, précise-il, presque 42.700 rapatriés spontanés ont été enregistrés selon la même source parmi lesquels le HCR a facilité le rapatriement volontaire de 17.500 rapatriés.
Nsona Vela Do Nascimento a rappelé que le rapatriement des réfugiés doit toujours être volontaire, avoir lieu dans la sécurité et la dignité des personnes. Toutefois fois, il mentionne que le retour est un droit. « Le HCR ne peut pas empêcher le retour d’un réfugié », a fait comprendre l’Administrateur principal chargé du rapatriement. A ce jour, ajoute t-il, moins de 3000 réfugiés maliens ont exprimé leur retour volontaire. Le HCR considère qu’à l’heure actuelle, les conditions ne sont pas encore réunies pour promouvoir le rapatriement volontaire organisé des réfugiés, a ensuite noté Nsona.
C’est pourquoi, Anne Elisabeth Ravetto, représentante adjointe du bureau du HCR au Mali a parlé de deux Accords tripartites signés entre le Mali, le Niger et le HCR le 3 mai 2014, et le Mali, le Burkina Faso et le HCR le 9 janvier 2015. Elle dira que ces conventions visent à d’établir le cadre juridique du rapatriement volontaire des réfugiés maliens. « Sur cette base, les autorités maliennes informent les autres parties de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et les réfugiés dont le rapatriement volontaire est facilité sont informés avant leur départ sur les conditions de retour. Les réfugiés maliens décidant de se rapatrier volontairement reçoivent un formulaire de rapatriement volontaire et un viatique équivalent à 35.000 francs CFA du HCR dans le pays d’asile pour faciliter leur rapatriement volontaire », indique Anne. Avant de préciser que pour faciliter la protection et la réintégration des rapatriés dans leurs zones de retour au Mali, le HCR, en coopération avec ses partenaires gouvernementaux et non
gouvernementaux, et en coordination avec les autres acteurs humanitaires présents dans les zones, a appuyé la mise en place de 28 points d’enregistrement dans les régions du nord et le district de Bamako et met en œuvre des projets d’appui aux infrastructures communautaires, tels que les puits d’eau, la réhabilitation d’écoles, la reconstruction et la réhabilitation d’abris, et soutient un nombre limité de rapatriés dans la mise en œuvre d’activités génératrices de revenus.
A en croire l’adjointe au représentant du bureau du HCR, l’agence a également initié un projet pilote d’intervention en espèces, consistant à soutenir financièrement les rapatriés de manière individuelle pour la prise en charge de leurs besoins immédiats : « La contribution en espèce s’élève à l’équivalent de 110 dollars américains par adulte et 50 dollars américains par enfant. Ce projet est très apprécié des rapatriés. Avec pour cible une population de 4.000 rapatriés, 4.307 en ont déjà bénéficié en 2015 ». Elle dira que, pour contribuer à la réintégration de ces rapatries et à la coexistence pacifique, le HCR met en œuvre des activités dans 16 communes dites prioritaires, d’où provient la vaste majorité des rapatriés, dans les régions de Gao, Kidal, Mopti, Ségou et Tombouctou.
Parlant des difficultés, Anne Elisabeth Ravetto a mis l’accent sur le déficit de financement des activités qui dépend des bonnes volontés. A cet effet, elle fera remarquer que le HCR et le Gouvernement continueront le plaidoyer.
Jean GOÏTA