Le raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier contre une base d’Al Qaïda en territoire malien n’a pas fini de révéler toutes ses facettes. Accusant les forces alliées mauritaniennes et françaises d’avoir enlevé deux éleveurs maliens, au cours de leur opération, une communauté arabe du nord Mali a déposé une plainte au tribunal de Tombouctou pour enlèvement et séquestration.
L’armée mauritanienne a mené le 22 juillet avec des appuis humain et matériel de la France (soutien logistique et opérationnel avec la participation de 20 à 30 militaires des forces spéciales d’intervention françaises) un raid contre un camp d’Aqmi en territoire malien. Cette attaque aurait fait six morts dans les rangs de cette organisation islamiste. Les forces franco-mauritaniennes n’en sont pas restées là, selon une communauté arabe du nord du Mali, qui a décidé de porter plainte contre ces assaillants étrangers en territoire malien.
« Quand les militaires français et mauritaniens sont arrivés dans le campement, après avoir tué ceux qu’ils cherchaient, ils sont allés dans un petit campement pour arrêter, séquestrer et enlever deux civils qui sont Ckeikna Ould Bolla et Rabah Ould Bammoshi », a déclaré vendredi à la presse internationale, Sidy Mohamed Ould Mohamed, élu municipal de Tombouctou et membre de la communauté arabe de cette région.
Ainsi, la communauté arabe du nord du Mali a rendu effectif le dépôt d’une plainte auprès du tribunal de Tombouctou contre les armées mauritanienne et française pour « enlèvement de deux civils maliens » après le raid du 22 juillet. « Ce sont des civils innocents qui ont été enlevés. C’est arbitraire. On exige leur libération », a déclaré cet élu de Tombouctou. Par voix de presse internationale (Rfi notamment) l’avocat de la communauté arabe a dénoncé « l’attitude de l’armée franco-mauritanienne qui se comporte dans notre pays comme en territoire conquis… »
Cependant, la réponse de Paris ne s’est pas fait attendre et c’est le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, au cours d’un point de presse vendredi, qui s’est fait le porteur de cette réaction française : « aucune personne n’a été détenue à l’issue de l’opération mauritanienne du 22 juillet contre Aqmi à laquelle la France a apporté un soutien logistique et opérationnel », a –t-il affirmé.
L’opération franco-mauritanienne qui fait aujourd’hui l’objet de toutes les supputations visait, selon la France, à libérer l’otage français Michel Germaneau, détenu depuis avril par Aqmi qui a fini par l’exécuter le samedi 24 juillet pour venger ses membres tués lors de ce raid. De son côté, le gouvernement mauritanien affirme que l’opération avait pour seul objectif de prévenir une attaque d’Aqmi sur son territoire, programmée le 28 juillet contre Bassikhoun. A quand la fin de ce feuilleton ?
Boukary Daou