« La question de minorité n’est pas liée à la question d’ethnie ni de couleur mais est liée à la culture et à la langue » dixit Zeidane Ag Sidalamine
Le caractère récurrent de la rébellion dans le septentrion du Mali impose une analyse de fond pour comprendre les tensions sociétales profondes. A cet égard Djoyoro fa, une association dont la naissance résulte de la prise de conscience d’un groupe de Maliens de toutes origines sociales et d’appartenances politiques différentes, a organisé une conférence débat sur « La question des minorités Touareg et arabe au Mali dans une perspective historique et géostratégique », animée par Koniba Sidibé, en présence de Younoussi Touré, vice président de l’Assemblée Nationale, le président du haut conseil des collectivités locales, du corps diplomatique accrédité au Mali, les associations et organisations de masse, les élus des régions Nord-Mali.
Cette conférence vise à placer, sans tabou, les rébellions « touarègues» dans la perspective englobant les aspects sociologiques, anthropologiques, politiques, juridiques, économiques, entre autres. Ainsi, suivant une perspective historique, les rapports entre les différents groupes ethnoculturels des régions Nord du Mali ont été abordés. Leurs rapports avec le colonisateur n’est pas demeuré en reste. La dimension socio-anthropologique, quant à elle, a couvert les aspects relatifs à la structure sociale des sociétés des pasteurs nomades en instance de sédentarisation et leurs rapports avec les autres groupes de producteurs, les administrateurs et les représentants des forces armées et de sécurité présents dans les régions Nord du Mali .
L’objectif poursuivi par cette rencontre est de procéder à une analyse approfondie de la question sous ses différents angles, de manière à contribuer à une meilleure compréhension des causes et des enjeux dans l’espace Saharo-sahélien, à la lumière des évolutions récentes qui ont précipité la région dans une crise profonde. Au cœur des conflits d’influence, les régions Nord sont l’objet de revendications politiques par des groupes de Touareg depuis des décennies. L’espace saharo- sahélien présente un intérêt géostratégique sur le plan des ressources naturelles et énergétiques qui y sont nombreuses, et pour des pouvoirs en émergence, il est devenu une zone de trafic où s’exercent de nouvelles formes de domination contre lesquelles les Etats actuels semblent bien démunis. L’avenir de l’espace Saharo-sahélien est un enjeu tout autant que celui de l’Afrique de l’Ouest et des rapports avec l’Europe.
La conférence a permis ainsi de dresser l’état des lieux de la situation en termes de sécurité, de crise humanitaire et politique pour mener avec les chercheurs, les élus et d’autres acteurs intervenant dans les régions du Nord du Mali une réflexion critique sur les modes de gestion politique dans un contexte de crise internationale profonde, la décentralisation et la réforme de l’Etat comme perspective de sortie de crise. A la faveur des soulèvements qui ont lieu dans les pays du Maghreb et de l’Afrique du Nord, l’occident porte une responsabilité particulière dans la déstabilisation de la région et la crise en cours au Mali, contrecoup direct de la guerre de l’Otan en Libye.
Au cours de cette rencontre, il est attendu des actes de portée pédagogique et scientifique incontestables qui pourront faire éventuellement l’objet de publications dans les revues scientifiques reconnues, de même des recommandations opérationnelles, à court, moyen et long termes ont été formulées.
Gérard Dakouo
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