Quatre raisons de ne pas confondre les conflits du Mali et d’Afghanistan

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Djihadistes, déserts, montagnes…, les deux guerres pourraient se ressembler à première vue. En réalité, d’importantes différences existent.

Photo d’illustration : des soldats maliens arrêtent un islamiste. © AFP

En comparaison avec George W Bush, de nombreux observateurs ont relevé ces derniers jours que le Mali pourrait bien être “l’Afghanistan de François Hollande”. Des responsables politiques – français et étrangers – ont été tout aussi nombreux à évoquer le risque d’une “afghanisation” du conflit, c’est-à-dire un enlisement des troupes face à un ennemi invisible, caché dans des grottes et fondu dans la population. Pourtant, de très grandes différences séparent ces deux guerres et changent suffisamment la donne pour qu’il soit risqué de les comparer. Environnement régional, répartition ethnique, population locale, mouvements rebelles…, Le Point.fr passe en revue ces quatre facteurs pour dissocier les deux conflits.

L’environnement régional 

La porosité des frontières autour du Mali a incité de nombreux commentateurs à établir un parallèle avec l’Afghanistan. Ce dernier est voisin du Pakistan : les islamistes y ont bénéficié d’une véritable base arrière avec une protection d’Islamabad. Notamment dans les régions tribales et les zones montagneuses difficiles d’accès qui sont comparables au massif entre le Mali et l’Algérie. Pourtant, selon Philippe Hugon, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), “l’Algérie n’est pas le Pakistan du Mali”. Même si cette dernière a souvent eu des relations ambiguës avec les islamistes, “la situation n’est pas comparable, parce que les deux pays n’ont pas le même niveau de soutien aux rebelles”, selon Philippe Hugon. Les frontières ont été officiellement fermées, de même que l’État algérien affiche son soutien à l’opération française. Si le gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika tient ses promesses, les djihadistes pourraient être asséchés en essence, pick-up et munitions.

La répartition ethnique

Déclenchée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la guerre au Mali s’est ouverte sur des revendications territoriales. Les Touareg ont demandé l’indépendance du Mali du Nord, renommé par eux Azawad. En Afghanistan, les talibans s’appuient eux aussi sur une ethnie, les Pachtouns, pour leurs revendications nationalistes. La comparaison s’arrête là. Au Mali, les Touareg n’ont jamais exercé une réelle domination. “Les Songhaï et les Peuls sont ultramajoritaires dans le Nord-Mali”, précise Francis Simonis, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), avant d’ajouter : “Ces ethnies n’ont aucune velléité autonomiste. Ils demandent de l’aide au développement et davantage de soutien de Bamako.” En Afghanistan, au contraire, le problème majeur de la guerre réside dans le fait que “les Pachtouns, majoritaires, ont fondé l’Afghanistan et l’ont toujours dirigé”, explique Karim Pakzad, chercheur à l’Iris. Et de préciser : “C’est une véritable guerre civile puisqu’aucune des autres ethnies n’accepte la domination talibane, donc pachtoune.”

Le soutien de la population locale

En Afghanistan, les Pachtouns offrent un soutien indéfectible aux rebelles, c’est une donnée-clé de la guerre. “Les talibans ont une base énorme, ils n’ont jamais eu de problème pour recruter et n’en auront jamais, décrypte Karim Pakzad. Ils bénéficient même du soutien des 25 millions de Pachtouns du Pakistan.” À l’opposé, les Maliens sont globalement opposés à la progression des groupes islamistes dans leur pays. C’est sûrement la différence la plus cruciale entre les deux conflits, celle qui invalide pratiquement toute comparaison. Selon Philippe Hugon, “les djihadistes sont pour l’essentiel des corps étrangers à la population locale. Il y a bien certains appuis, certaines alliances, mais elles ne représentent pas grand-chose.”

L’unité des mouvements rebelles

Réunis – en apparence au moins – sous une seule bannière en Afghanistan, les mouvements rebelles sont divisés au nord du Mali. La dissension la plus récente et la plus visible est la scission d’Ansar Dine en deux entités. Le Mouvement islamique de l’Azawad serait d’ailleurs plus enclin à négocier que la structure dont il est issu. Le mélange des genres entre les revendications des Touareg et les ambitions des islamistes pousse d’ailleurs les forces rebelles dans deux directions différentes. De quoi faciliter la tâche de potentiels négociateurs à venir. Pour autant, les montagnes et les grottes du massif des Ifoghas ne sont pas sans rappeler les théâtres d’opérations en Afghanistan. Et le risque d’enlisement est bien réel, même si le gouvernement estime que les troupes françaises devraient commencer à être rapatriées en mars.

Le Point.fr – Publié le 

 

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3 COMMENTAIRES

  1. IL N’YA JAMAIS DE CESSESION AU NORD MALI,
    IL EST DEPLORABLE QUE CERTAINES PESONNES CONTINUENT A SEMER LA CONFUSION SANS LE SAVOIR.
    LES POPULATIONS DU NORD MALI N’ONT JAMAIS PARLER DE CESSESSION.
    SEULEMENT DES BANDITS TEL LE MNLA VEULENT S’IMPOSER PAR DES ARMES; CETTE IDEE DE CESSESSION.
    ET D’AILLEURS LES POUPULATIONS LES ONT TOUJOURS CONSIDERE,COMME DES OCCUPANTS.

    ET MEME L’ASSOCIATION CREEE RECENMENT A BAMAKO NOMMEE TRAIT D’UNION ENTRE LE NORD ET LE SUD ILLUSTRE LA MEME APPROCHE INADEQUATE DU PROBLEME.
    👿

  2. LA plus grande erreur de la France c’est d’annoncer son départ en mars. Autant elle s’est présenté au chevet du Mali, autant elle veut le laisser vite à son triste sort. C’est une grosse erreur qu’a déjà fait La France avec la Libye. Elle a laissé la Libye dans une situation totalement confuse. Et voila que tout le sahel récolte des pots cassés. J’invite les autorités maliennes à demander à la France d’installer sa base militaire à Tessalit en vue d’une sécurisation du Sahel et partant de l’Europe.

  3. Déjà une raisonde ne pas confondre Mali et Afghanistan ! En Afghanistan ils fabriquent la drogue ,au Mali vous l’importez

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