Une telle prière, je l’avoue, témoigne de l’incapacité individuelle et collective des fidèles à triompher d’eux-mêmes de ce grand satan. Comme toutes les prières, elle ne sera exaucée que lorsque les fidèles auront tout essayé. L’heure est d’une telle gravité pour les analystes, qu’elle peut sembler exagérée pour ceux qui ne voient que dans la lumière. Risquons le risque pour mettre un peu de lumière sur le talon d’Achille du « grand-satan du Nord-Mali ».
Pourquoi veut-il créer un bastion dans votre pays ? Dans une zone désertique et aride, à la frontière de l’Algérie, de la Mauritanie et du Niger, où à l’œil nu il n’y a point d’espoir de vivre. Chaque malien a ses réponses, car les balivernes que les élus leur servent ne convainquent point. Depuis quand un satan sauve un fidèle, à plus forte raison un grand satan ? Le fidèle est sa proie, il ne le sauvera que pour un meilleur dîner à venir. Les maliens sont mal barrés, les africains le sont tous, car ils n’ont pas de leaders à la taille de leur malheur, pas encore…
Il y a trois jours sur maliweb, est publié un article, en fait un conte fabuleux, où il est question d’une jument sacrée enlevée par deux féroces démons pour pouvoir mieux dépecer le village des Bô. En dehors de son intérêt romanesque, il est plein d’enseignements. Selon moi, ces démons sont les bébés-éprouvette du « grand-satan du Nord-Mali ». Mais, son ambition primordiale n’est pas de dépecer le Mali. Certes, cela peut-être un effet indésirable. Son ambition primordiale n’est pas d’exploiter librement les ressources minières, pétrolières et acquifères de cette partie de votre pays, qu’il convient d’ailleurs de confirmer ou d’infirmer l’importance par vos pouvoirs publics. Il est vrai que d’ici une cinquantaine d’année, l’eau deviendra aussi stratégique que le pétrole. Du bassin du Jourdain au fleuve du Nil, déjà des antagonismes et des tractations s’arrangent et se dérangent autour des réserves.
L’objectif primordial du « grand-satan du Nord-mali » est son positionnement stratégique pour mieux abattre de bien plus gras gibiers. C’est peut-être ce qu’insinuait Seydou B. Kouyaté dans l’une de ses interviews publiée sur maliweb. Car les éventuelles richesses souterraines de Kidal, que le Mali ou le chimérique empire des rebelles du désert le contrôle, le « grand-satan du Nord-Mali » a les malices nécessaires pour négocier la plus grande part de marché sans créer tout ce désordre. Mais l’objectif primordial de toutes ses souffrances est l’Algérie. L’Algérie est la première cible. Les algériens ont fait des erreurs de jugement par le passé – comme les africains en sont rois de part leur naïveté chronique – mais ils le savent maintenant qu’ils ont vu les cornes du grand satan. Si le Mali lui accorde droit de cité, l’Algérie peut dire adieu à sa stabilité politique et à une grande partie de ses richesses pétrolières dans une dizaine d’années.
Je vous dis comment cela va se passer sans peur d’être le charlatan de l’histoire de Mr Konaté que j’admire pour sa profondeur d’esprit. Le « grand-satan du Nord-Mali » va instrumentaliser les noirs et les berbères du Sud de l’Algérie contre leur pouvoir central. En effet, les noirs algériens sont mécontents, comme le serait tout être humain, d’être discriminés et négligés alors que c’est leur sous-sol qui renferme les gisements pétroliers les plus importants. Le Sud malgré ses richesses naturelles est la région algérienne la moins développée. L’impérialisme se nourrit plus facilement des injustices. Tout le monde le sait. Et ne croyez pas que si cela arrive à l’Algérie, le Mali sera tranquille. C’est pourquoi dans cette catastrophe qui vous consomme progressivement, il s’agit de choisir le moindre mal.
Ainsi, ayant une petite expérience avec un ancien haut gradé des services secrets français, le fatalisme m’a complètement quitté pour de bon. Vous pouvez éviter le pire. Cela commence avec une folie, votre folie de ne pas accorder juridiquement un bastion à ce « grand-satan du Nord-Mali ». Et si vous êtes suffisamment fous, demandez lui l’impossible : vous aider à triompher de la rébellion ou déguerpir immédiatement les lieux. Quelqu’un l’avait dit, sans folie vous ne pouvez pas bâtir un Etat en Afrique. Un clin d’œil à vous Mr Konaté.
George.