Le projet d’accord paraphé suscitera sans nul doute beaucoup de controverses, car tout le monde est d’accord qu’il n’est pas parfait. Malgré tout, la communauté internationale a témoigné de la bonne foi du gouvernement à aller dans le sens de la paix, en préservant l’essentiel, au détriment de ce qui est considéré par certains comme des concessions exagérées.
Il faut rappeler que la crise malienne engendrée par les attaques terroristes au Nord du Mali en 2012 est restée gravée dans l’esprit de nos concitoyens. En effet, les 9 mois de calvaire que les populations du Nord ont vécu sous l’occupation terroriste ont révélé l’incapacité de l’Etat malien à sécuriser le septentrion. Les opérations franco-maliennes, tchadiennes ont fini par libérer Gao et Tombouctou, sans toutefois résoudre l’équation de Kidal, qui est restée comme une épine dans le pied du Mali. La blessure va persister à faire mal. Pire, elle s’aggrave avec la tentative avortée des autorités issues de la présidentielle de 2013 de déployer l’administration à Kidal en mai 2014. Après signature d’un nouvel accord de cessez-le feu, les pourparlers avec des séparatistes de mauvaise foi sont engagés à Alger. Ils vont faire 5 rounds. Le projet d’accord est finalement paraphé par toutes les parties à l’exception des séparatistes : la Coordination des mouvements de l’AZAWAD (MNLA, HCUA et MAA dissident). Le contexte est donc resté lourd, dans la mesure où il faut que l’Etat puisse urgemment se déployer dans toutes les régions du Nord, particulièrement à Kidal, assurer le rapatriement des réfugiés qui vivent dans des conditions déplorables à l’étranger, rassurer les bailleurs de fonds et prouver sa bonne foi à la médiation internationale. Dans ces conditions, faut-il insister sur la révision de certains points, dont, entre autres, le concept AZAWAD et les nouvelles mesures de gouvernance basées sur une architecture institutionnelle fondée sur des collectivités territoriales dotées d’organes élus au suffrage universel, la gestion par les populations des régions concernées de leurs propres affaires sur la base de la libre administration, une plus grande représentation des populations du nord au sein des institutions nationales, les réformes du secteur de la sécurité et l’intégration des ex- combattants ? Si l’on observe la situation découlant de la crise sécuritaire de 2012 et ses conséquences, notamment humanitaires, il est difficile de ne pas accorder à l’Etat les circonstances atténuantes qui l’autorise à signer un projet d’accord, dans des circonstances où il n’est toujours pas maître de l’intégrité de son territoire, donc de la sécurité de ses populations, depuis les attaques de 2012.
B.D.