Projet d’Accord 2015 : Sacrifier l’avenir d’un peuple pour sauver la vie d’un régime

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Déclaration des parties aux pourparlers d’Alger

Depuis le paraphe par le gouvernement du projet d’Accord de paix issu des pourparlers d’Alger, elles ne sont pas aussi nombreuses, ces grandes voix ayant clairement appelé à son rejet total. La mouvance présidentielle, à travers une propagande médiatique organisée, a d’une certaine manière, réussi à mobiliser et rallier une frange importante de la société civile en faveur d’un soutien de cet Accord. Un document qui comporte de graves lacunes constituant elles-mêmes, des menaces lancinantes pour la paix au Mali. Des imperfections profondes qui nous amènent raisonnablement à nous interroger sur l’essence même de sa conception : est-ce en effet, un projet d’Accord pour garantir un développement réel  et une paix durable au Mali ou est-ce « poudre aux yeux  » susceptible de compromettre le devenir de toute une nation pour ne sauvegarder que l’équilibre d’un pouvoir en quête d’existence ? 

Ils n’ont pas absolument tort, ces pourfendeurs qui pensent que ledit Accord recèle les germes d’une désintégration programmée de L’Etat, mettant en cause sa forme laïque et républicaine en ne faisant aucune référence à la Constitution malienne et finir par y créer une double citoyenneté. En substance, restructurer l’Etat et son armée sur la base d’une architecture institutionnelle autre que les fondations ayant jusqu’ici permis au Peuple de l’édifier en sachant mieux pérenniser sa cohésion sociale ainsi que sa grande et riche diversité.

Ces nouvelles bases structurelles sur lesquelles l’Accord prévoit désormais de faire reposer la République sont entre autres, des tentatives de « refaire » l’histoire du pays notamment à travers la falsification de certaines de ses données géographiques et culturelles et « ethniciser » l’armée par des procédés nominatifs qui seront opérés en fonction d’appartenances ethnique, tribale et raciale relativement aux grands services de commandement militaire des régions du nord. Un projet ayant indubitablement pour finalité, la transformation du Mali en de petites entités politiques autonomes extrêmement difficiles à gérer voire ingouvernables. Si les propriétés de ce document sont sincèrement dignes de louanges comme ne cessent de le prétendre avec autant de clameur, le gouvernement et ses partisans, pourquoi n’y avoir alors pas associé la population qui incontestablement, reste un acteur de premier plan dans tout le processus de pacification du pays ?

Ce projet d’Accord ne serait-il pas au fond, une reformulation subtile d’Alger 2006 qui en son temps, avait quasi unanimement été perçu comme un document honteux consacrant une réédition de la nation et qui lui aussi, une suite logique du pacte national et qui également, une résultante de l’Accord de Tamnarasset ? En dépit d’un marathon fastidieux, les racines de la crise, plus que jamais, demeurent vivaces.

La photocopie des anciens accords :

Certes, le Mali négocie en se trouvant du mauvais côté des rapports.

Cependant, comment cela pourrait-il justifier des concessions délibérément incertaines voire dangereuses et propres à  replonger les maliens dans la même crise et chaque fois avec une acuité plus grande ? C’est la conclusion irréfutable que tous ces Accords validés par le passé, n’ont essentiellement servi qu’à préserver les seuls intérêts des régimes signataires et conduire inexorablement le Peuple vers son propre homicide. Le fait de vouloir ériger « Azawad » comme « principe sacré » en y consacrant un paragraphe entier ne reviendrait d’une certaine manière qu’à vouloir y résumer toutes les régions du septentrion malien lorsqu’en revanche, l’on sait que ce concept n’est pourvu d’aucun référent historique connu. En conséquence, la qualification d’une « entité imaginaire » comme « réalité socio-culturelle mémorielle et symbolique » n’est-il pas un mépris évident vis-à-vis de toutes ces contrées légendaires du Mali ayant indélébilement participé à son authentique édification historique et culturelle ?

Par contre, La conférence nationale prévue par le projet d’Accord pour expliquer ce fameux concept d’« Azawad » afin d’y trouver un consensus, n’est en réalité qu’une manœuvre pour embobiner les maliens, leur endormir la conscience et maintenir un flou certain sur la question. En vérité, tout effort de reconnaissance de l’« Azawad » ne ferait qu’ensemencer les germes d’une division du Mali, la remise en cause de son unité, sa diversité ethnique, culturelle et raciale. Faire également comme si la condition unique de la paix au Mali ne se limitait qu’à « un développement accéléré » des régions du nord malien, chose sur laquelle l’Accord se base en termes de « nécessité », n’équivaudrait-il pas à cautionner et même ouvrir clairement la voie aux inégalités entre les différentes composantes géographiques et administratives d’une même nation ? Et cela, au mépris des procédures constitutionnellement admises.

L’ouverture du Conseil des collectivités et du futur Sénat aux notabilités traditionnelles du nord, la concession aux autorités nordistes, d’extraordinaires attributions diplomatiques leur donnant le droit exclusif au développement et à la promotion des projets de coopération à caractère international, conférer à ces mêmes autorités, le droit de disposer librement des ressources naturelles de leurs territoires (surtout minières) au détriment de l’autorité de l’Etat, propriétaire suprême des richesses naturelles, garantir la réinsertion politique, militaire et sociale des ex-rebelles tout en leur concédant de mirobolants avantages légitimant ainsi l’impunité etc., ne consistent en définitive, qu’à compromettre périlleusement l’avenir du peuple malien avec d’éminents risques de révolte et de scission. Et tout ceci, rien que pour sauver la maigre vie d’un régime aux horizons moroses. Si par ailleurs, les groupes rebelles ont refusé de parapher le présent Accord de paix, c’est sans doute parce qu’ils veulent faire monter encore plus les enchères en exigeant plus d’autonomie avec naturellement des moyens de décisions plus imposants au grand damne du Pouvoir central.

Nous en convenons bien qu’il n’existe point d’Accord parfait, mais avant de signer un tel document réunissant en son sein d’aussi flagrantes imperfections, pourquoi ne pas prendre légalement et légitimement le Peuple à témoin en procédant d’abord par un travail pédagogique exhaustif en vue d’une meilleure compréhension du document et lui proposer ensuite un référendum ? Toute autre voie non-conforme à celle-là serait une violation systématique des droits constitutionnels du Peuple malien. A cet effet, le régime Ibrahim Boubacar Kéita serait nettement tenu pour responsable en cas de dérives issues de cette signature et devrait un jour ou l’autre, répondre de son forfait.

Modibo Kane DIALLO        

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Mr Diallo il faut avoir la politique de ces moyens , Le Mali etait le demandeur et le maillon faible a cause du forcing de Kidal alors votre histoire de referendum ou la concertation demandé par l’opposition etait un luxe que le Mali ne pouvait pas se permettre a defaut de se faire lacher par tout ses partenaires . L’etat Malienne devait tirer toute les leçon de la debacle de Kidal , la gestion cahotique du pouvoir a mm fait perdre la ligitimité du Boss parceque son electorat est desabusé

  2. M. Diallo, votre article cerne bien le problème de cet accord. Le gouvernement du Mali a préféré opté pour une solution aussi mauvaise, sans jamais véritablement ouvrir un débat national. L’histoire rattrapera ces acteurs politiques, sans aucun doute ! Nous avons vu un certain nombre de gens manifestés en faveur de l’accord (ont-ils été payés pour cela ?!!!? allez savoir !), mais bon nombre d’entre eux, y compris ceux qui sont instruits, n’ont jamais lu l’accord dans son intégralité ! L’un des drames de notre peuple actuellement, c’est la quasi-absence d’esprit critique pour analyser les situations. Aucun intellectuel sérieux ne peut lire l’accord sans y voir les graines de la scission future du Mali, à part, bien sûr, les gouvernants actuels du Mali. De toute façon, les failles de ce document ne vont pas tarder à se faire voir, quand débutera l’implémentation effective des dispositions qui y ont été consignées. C’est là que bien des Maliens sortiront de leur léthargie pour essayer de comprendre ce qui se passe. Dommage pour le Mali!

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