Processus de sortie de crise au Mali : Les constats de Ban Ki-Moon

Dans son dernier rapport relatif à la situation de notre pays, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies rappelle certains des efforts déployés par les parties pour aller au dialogue. Mais il note le retard voire des difficultés dans plusieurs points du processus.

Le rapport en question a été publié le 9 juin dernier et couvre la période allant du 24 mars au 26 mai 2014. Il traite de la situation globale du Mali, notamment le dialogue et la réconciliation, le processus du désarmement-démobilisation et réinsertion, mais surtout la situation humanitaire.

Sur le plan de la réconciliation nationale, Ban Ki-Moon note le fait qu’après sa nomination au poste de Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien,  l’ancien Premier ministre Modibo Kéita a tenu des consultations sur le processus de paix avec les acteurs nationaux et internationaux. Toutefois le patron de l’ONU estime qu’au cours de la période considérée aucun progrès notable n’a été accompli. Notamment en ce qui concerne l’élaboration d’un projet de feuille de route à l’issue des ateliers informels qui ont eu lieu en février et en mars avec l’appui de la Minusma et la participation du Gouvernement, des autorités locales et des représentants de la société civile et des groupes armés. Ce que Ki-Moon ignore ou qu’il refuse de mentionner, c’est que certains des principaux groupes armés, le Mnla notamment, ont souvent saboté les ateliers en question, en refusant d’y prendre part. Ce que le patron de la Minusma, Bert Koenders, a souvent regretté.

Au sujet de la Commission vérité, justice et réconciliation, le rapport rappelle que le ministère de la Réconciliation nationale a entrepris de nommer les futurs membres de la Commission selon une procédure qui garantit une représentation ethnique et géographique équitable. «La Commission n’a cependant toujours pas été constituée et des propositions concrètes en ce qui concerne la procédure de sélection de ses membres doivent encore être formulées», explique Ban Ki-Moon.

Parlant du processus de DDR, le rapport fait remarquer que, outre le site de cantonnement prioritaire d’Aghareous Keyone, à 42 km de Kidal, où a commencé la construction d’un projet financé à hauteur de 3 millions de dollars par le Fonds pour la consolidation de la paix, 8 des 15 autres sites potentiels proposés par les groupes armés ont été évalués sur la base de critères juridiques et logistiques et des considérations relatives à la sécurité. «Cependant, en raison de la reprise des combats entre les groupes armés dirigés par le Mnla et les Forces de défense et de sécurité maliennes, les livraisons de vivres aux sites de pré-cantonnement ont été suspendues et reprendront lorsque la Commission technique mixte de sécurité se prononcera en ce sens», souligne le document. Toutefois, rappelle-t-il, «la Minusma continue de se concerter avec le Gouvernement au sujet des prochaines mesures à prendre quant au processus de cantonnement, de la mise en place d’une commission nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ainsi que de l’élaboration d’un plan de travail national détaillé avant l’ouverture des pourparlers inclusifs».

Au chapitre humanitaire, le rapport met l’accent sur les efforts déployés par le gouvernement et ses partenaires dans le cadre de la résolution de la crise alimentaire.

Même s’il reconnait par ailleurs que la malnutrition continue d’affecter gravement les personnes les plus vulnérables. A en croire Ban Ki-Moon, 496 000 enfants de moins de 5 ans courent le risque de mourir en 2014 et le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave devrait atteindre 1,9 million d’ici à juin. Aussi, les difficultés qu’éprouvent les partenaires humanitaires à répondre aux besoins recensés et à toute crise soudaine sont encore plus grandes: «Les acteurs humanitaires recherchent, dans le cadre de leur plan commun d’intervention stratégique, 77 millions de dollars pour des interventions en matière de nutrition et 255 millions de dollars pour l’aide alimentaire et des interventions dans le domaine agricole en 2014». Au 26 mai dernier, révèle le document, seulement 19,3 % des 568 millions de dollars nécessaires pour financer le plan d’intervention stratégique pour le Mali ont été reçus aux fins de l’action humanitaire et du relèvement rapide. Le rapport exprime la crainte d’un risque de tensions communautaires car la prestation des services sociaux de base demeure limitée dans les zones de retour. Toute chose qui ne favoriserait pas le retour durable des réfugiés et déplacés, selon le rapport.

En ce qui concerne le respect des droits de l’Homme, le Secrétaire général de l’ONU affirme que le 24 mai 2014, une équipe spéciale des Nations Unies a pu entrer en contact avec les 13 personnes détenues par le Mnla et les 32 personnes aux mains du Hcua depuis le 21 mai, suite aux affrontements de Kidal. «Aucun cas de mauvais traitement n’a été signalé». Il retient toutefois que la situation des droits humains reste fragile au regard de certaines violations qu’il impute aux forces de défense et de sécurité maliennes.

Bakary SOGODOGO

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