Processus d’endormissement de la conscience collective : Que vaut une paix « achetée » par un régime qui ne cherche qu’à sauver sa peau ?

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Mali: première réunion du Comité de suivi de l'accord de paix
Cette première réunion du Comité de suivi de l’accord a notamment été marqué par des désaccords de leadership au sein de certains mouvements armés.
AFP PHOTO / HABIBOU KOUYATE

La paix au sein de l’ensemble des composantes de la Nation, doit en effet,  venir de cœurs sincères. Un sentiment authentique devant clairement se percevoir dans les actes que dans des discours populistes et fanfarons. Le difficile processus qu’elle constitue, avec chaque fois des avancées incertaines, ne devrait fonctionner que dans les meilleures mesures de confiance. L’amertume des pages les plus sombres de notre histoire durant ces dernières décennies nous oblige désormais à jouer cartes sur table et non nous livrer à des farces grotesques à n’en point finir. Mais voici encore aujourd’hui qu’on tente de nous imposer une paix obtenue à l’issue de compromissions tellement graves que les responsables se gardent soigneusement d’en dévoiler la substance. Nul n’est besoin de dire que l’unité et la souveraineté de l’Etat en seront réduites à leur plus simple expression. Un « processus de réconciliation » essentiellement motivé par des intérêts aussi sournois que vils. D’un côté, nous avons un régime visiblement mal inspiré voulant coûte que coûte pérenniser son règne et de l’autre, des bandits armés « reconvertis » en citoyens ordinaires n’ayant été légitimement mandatés par personne, mais bénéficiant incessamment d’appui étranger et réclamant illégalement un pouvoir dont ils n’ont aucune claire vision. Cette « paix » qu’on veut ainsi nous servir, ne peut être autre qu’un « cirque ».

                     Les causes d’une « bêtise » récurrente :

La véritable paix à laquelle aspirent les maliens, ne saurait être le fruit insipide d’aucun « Accord » fantaisiste, des signatures « infantilisantes » qui jusque-là, n’ont fait que nous entraîner vers des crises, les unes plus graves que les autres. Des documents chaque fois validés avec quasiment les mêmes adversaires, mais qui n’ont jamais servi à résoudre un conflit qui n’avait objectivement aucune raison d’être. Au Mali, ils sont extrêmement nombreux, ces concitoyens qui ne manquent pas d’occasion pour vanter, brandir leur « Amour » pour le pays. Cependant, à partir de quelle démarche rationnelle serait-on en mesure de prouver « l’Amour » de ceux qui se sont servis des institutions de la République à des fins presque paternalistes pour conduire leur peuple à l’homicide ? Quelle méthode de discernement pourrait-il véritablement nous permettre de démontrer ou comprendre le « patriotisme » de ceux qui n’ont point hésité à prendre les armes contre leur Patrie, au préjudice d’innombrables vies humaines ? Si l’énorme répugnance des maliens vis-à-vis des politiciens du Sud ne peut fondamentalement se justifier que par l’irresponsabilité caractérisée de ceux-ci, il reste bien entendu également, que leur aversion pour certains cadres et chefs nordistes ne peut, en grande partie, s’expliquer que par l’ethnocentrisme primaire de ces derniers. L’origine de la « bêtise » se trouvant bien des deux côtés. A quoi serviront ces nombreux documents signés si les cœurs ne sont aucunement prêts à s’accorder un pardon sincère ? Que vaudrait réellement une paix sans justice ni repentance ? Que signifierait une signature pour la paix si le document signé en constitue lui-même, une mauvaise semence, un frein à cette paix ? Prétendre jouir d’une paix à l’issue de la signature d’un « Accord » qui en vérité, ne consistera qu’à « enterrer » l’avenir de toute une Nation, ne relève que de l’inconscience pure. Prétendre fraterniser avec les ennemis d’hier en n’ayant nullement cherché à taire les rancœurs à travers la mise en œuvre de mécanismes crédibles, sérieux, ne dénote en effet, que de la simple comédie.

« La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement », disait feu Félix Houphouët Boigny. Au Mali, en revanche, des discours pompeux d’élites démagogues n’ont eu autre destin que de nous enfoncer la tête dans le sable. Dans un contexte sociopolitique aussi incertain que celui-ci, ce n’est guère un texte d’une dangerosité rare, signé par un Gouvernement pusillanime, désespérément incapable d’opérer la moindre innovation politique et sociale, qui nous apportera une paix sincère qui soit l’expression de la fraternité vraie et le ciment d’un développement mieux partagé. Mais plutôt, la participation pleine et entière de l’ensemble des maliens aux processus de prises de décisions, perspective jusque-là écartée voire ignorée par nos différents Gouvernements, bien que déterminante et profondément légitime : voilà la pire trahison que le peuple malien semble bien loin de pardonner à ses dirigeants.

Regain de violence comme incertitude majeure d’un processus mal enclenché :

Après la signature du fameux « Accord de paix  », avons-nous vraiment eu la paix ? Assurément non ! A quoi tout ce tintamarre pompeux du régime autour de ce document a-t-il servi, dans la mesure où l’on n’a plus cessé de constater des attaques armées un peu partout dans le pays, tuant lâchement des maliens comme des mouches ? Au delà de toute propagande politicienne, qu’a concrètement fait l’exécutif pour prévenir une marre de sang à faire passer des nuits blanches aux maliens ? La poudre aux yeux, planifiée par le régime IBK et ses suppôts semble donc avoir bien fonctionné ! Elu à 77 % du suffrage exprimé, l’immense majorité des électeurs ne se seraient guère attendus à l’incompétence avérée d’un Président plutôt mu par la « folie » des grandeurs. Ces nombreuses familles endeuillées par la faute d’une politique gouvernementale aussi perfide que démentielle, seraient moins endolories si toutefois le régime en place reconnaissait, pour une fois, son inaptitude à faire « l’affaire » des maliens. Mais non, seule compte la pérennité de son règne ! Les machinations autour du comité de suivi de l’«Accord »  ainsi que les nombreux facteurs de blocage autour de la  formation du nouveau gouvernement, l’hypocrisie de la communauté dite internationale et le double jeu exaspérant des forces étrangères, l’incapacité ou le manque de volonté des autorités publiques de doter l’Armée nationale de véritables moyens offensifs pour qu’enfin, celle-ci ne reste plus « cloîtrée » dans sa posture défensive et faire valablement face aux menaces de l’heure, constituent par ailleurs, autant d’incertitudes qui ont fini par engouffrer les maliens dans une inquiétude sans commune mesure. D’un autre côté, prétendre lutter contre des groupes terroristes tout en sachant bien où se cachent certains de leurs principaux « maîtres » ainsi que ceux qui les protègent, mais feignant de l’ignorer, ne saurait point être porteur de succès.

En substance, toute paix, n’ayant assidûment pas été recherchée sur des bases réelles et sincères, en ayant réussi à fédérer toutes les forces saines de la Nation, et parvenant ensuite à exercer le maximum de pression politique ou militaire sur les entités ennemies, hostiles à la stabilité et l’Etat de droit, ne serait en vérité,  qu’une paix éphémère voire mensongère. Tel est cependant, à l’image du prétendu processus de paix qu’a voulu enclencher un régime politique en panne de créativité et au sein duquel, le souci existentiel prime visiblement sur toute volonté réelle de conduire le peuple vers une paix définitive : socle inaltérable de tout développement durable.

Modibo Kane DIALLO

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