Il a par ailleurs souhaité que “le dialogue annoncé entre le gouvernement malien et la Coordination s’établisse sans délai” pour amener la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg), qui exige des discussions supplémentaires pour signer l’accord, à la faire à son tour.
Lors d’une conférence de presse, M. Ladsous a dit “regretter que hier, durant les débats, l’impartialité de la Minusma ait pu être mise en question”, en allusion à la salve de critiques lancée par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors de la cérémonie.
“Depuis la Somalie (il y a plus de 20 ans, NDLR), aucune mission des Nations unies n’a été aussi coûteuse en vies humaines”, avec 35 tués en moins de deux ans pour la Minusma, a-t-il souligné.
Dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi, la Minusma avait déploré que “son impartialité soit régulièrement mise en cause et que ni sa contribution, ni ses sacrifices ne soient reconnus à leur juste valeur”.
A la clôture de la cérémonie de signature de l’accord par le gouvernement malien, plusieurs mouvements armés et la médiation internationale, le président Keïta a apostrophé le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU qui avait lu un message du secrétaire général Ban Ki-moon.
“Avons-nous jamais violé le cessez-le-feu? Jamais. Pour autant, M. Ladsous, il serait convenable que les Nations unies fassent preuve de justice et d’équité à cet égard-là”, a-t-il lancé, exigeant “un peu de respect pour notre peuple”.
“Que l’accord doive rester ouvert, nous y sommes favorables, pourvu qu’il ne soit pas une prise en otage pour le Mali et pour la paix au Mali. Je suis très clair là-dessus”, a ajouté M. Keïta.
‘Faire la différence entre groupes armés’
Dans le discours lu par M. Ladsous, le secrétaire général de l’ONU déplorait que “de graves violations du cessez-le-feu aient été commises de toutes parts ces dernières semaines”.
“Le dialogue doit continuer avec les groupes qui ne sont pas ici aujourd’hui, la possibilité qu’ils signent l’accord de paix à une date ultérieure doit rester ouverte”, affirmait M. Ban au sujet des rebelles.
L’accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d’indépendance du pays, en 1960. En 2012, il a été transformé en sanctuaire et en base d’opérations jihadiste, jusqu’au lancement de l’opération militaire française Serval en janvier 2013.
“Après cette signature, on va être en mesure de clairement faire la différence entre les groupes armés qui se sont engagés dans le processus de paix ou qui vont s’y rallier et ceux qui se situent en dehors de ce cadre et qui seront forcément assimilés aux groupements terroristes”, s’est félicité M. Ladsous.
Interrogé sur d’éventuelles violations du cessez-le-feu par l’armée malienne, il a dit ne pas en avoir connaissance, mais s’est étonné de la proximité des troupes de Bamako lors de chaque opération de la formation pro-gouvernementale Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia).
“Toutes les parties quasiment ont été responsables de violations du cessez-le-feu”, a précisé le responsable de l’ONU, appelant à l’arrêt immédiat des affrontements de ces derniers jours à Ménaka (nord-est), près de la frontière nigérienne “car ils alourdissent l’atmosphère”.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Bien que les jihadistes aient été dispersés et en grande partie chassés de cette région par l’opération Serval, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités.
C’est dire que jusque-là, aucune preuve n’est à disposition des Nations unies qui souligne l’implication des forces maliennes dans la violation du cessez-le-feu.
Yattara Ibrahim
Traitre
Comments are closed.