Processus de paix au Mali : Les parties prenantes à la résolution de la crise constituent l’obstacle majeur

2
Les rebelles touaregs du Mali voient des médiateurs à Alger
Des rebelles touaregs dans le nord du Mali (Reuters)

Avec un gouvernement faible, des groupes armés irresponsables et des partenaires moins rigoureux, la paix demeure encore une utopie pour le Mali. Au grand dame des populations meurtries au plus profond d’elles.

n le savait. La signature, en deux phases, de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali n’était qu’une étape parmi tant d’autres dans le processus d’une paix définitive et durable. Toutefois, cette énième étape est des plus importantes. Il s’agissait de l’engagement de toutes les parties prenantes au conflit malien à œuvrer pour le retour de la Paix sur toute l’étendue du territoire national. Il s’agissait également de la cessation de toutes hostilités entre groupes armés et contre les Forces armées maliennes. Et surtout d’un document dont la mise en œuvre aura permis d’avoir un Mali nouveau en termes de Gouvernance, de Sécurité et de Vivre ensemble malgré quelques dispositions controversées.

Mais cette illusion n’a pas duré très longtemps même si elle n’est pas complètement perdue. Car dès l’entame de cette nouvelle page, on  a senti des épines sur la voie de paix. Lesquelles épines pouvaient être enlevées avec le minimum de bonne foi et de vigilance des acteurs pour une paix définitive. Il s’agit ici de la fameuse question de représentativité au sein du comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord. On s’est retrouvé avec des groupes armés (l’actuel Compis 15) qui n’appartiennent à aucune des parties (gouvernement, CMA, Plateforme) nommément citées dans l’Accord signé à Bamako.  D’où la question de savoir ce qu’ils font à la table des travaux de ce comité ou s’ils sont légitimes à y siéger. Mais ils y sont parce qu’ils ont paraphé et signé, en même temps que le gouvernement malien, sans pourtant être clairement concernés par le document. Le vide était donc là dès le départ, mais la naïveté des parties a fait qu’on l’a laissé nous exploser à la figure trainant ainsi davantage les pas sur l’épineuse voie vers la paix.

Des partenaires moins rigoureux sèment le doute

La médiation internationale conduite par le voisin algérien et la mission onusienne sont les principaux partenaires dans la résolution de cette crise, mais aujourd’hui leur attitude a fait que l’on se pose beaucoup de questions sur leur bonne foi.

Depuis la phase des pourparlers d’Alger, la médiation n’a jamais pu établir une discipline rigoureuse qui soit respectée par les groupes armés de la Coordination des Mouvements de l’Azawad et la Plateforme républicaine. Au contraire, elle n’a fait qu’accéder aux caprices d’humeur à la limite enfantins de ces groupes armés, singulièrement de la CMA. Malgré les retards accusés et des absences à des rendez-vous importants, les changements à chaque session de délégation et des tas d’autres comportements qui ont retardé le processus, la médiation conduite par Alger continuait de caresser la CMA dans le sens du poil.

Cela a continué jusqu’à la signature de l’Accord où la CMA a conditionné sa participation au retrait de la Plateforme de Ménaka après avoir lancé des attaques et perdu contre les positions de cette dernière. Le dernier épisode de cette comédie date des derniers affrontements à Anefis où la CMA vient de suspendre sa participation aux travaux du comité de suivi le temps que la Plateforme se retire de la localité, sur ses injonctions.

Là aussi, même si le comité a décidé de poursuivre ses travaux, la médiation s’est encore pliée aux exigences des rebelles en demandant à la Plateforme de se retirer aussitôt d’Anefis. Elle est aidée dans cette tâche par la MINUSMA qui vient même de dessiner les limites que la Plateforme ne doit pas franchir si elle tient à la vie. Une attitude vue par plusieurs personnes comme une manœuvre de l’ONU. Le même genre de menace avait conduit à la mort de trois personnes lors d’une manifestation qu’elle a réprimée à Gao en janvier 2015.

Les groupes armés doivent contribuer à améliorer la sécurité

Après la signature de l’Accord de paix, on s’attendait à un environnement propice où les attaques meurtrières devaient quand même baisser. On s’attendait également à plus de contribution de la part des groupes armés dans la sécurisation du pays. Puisqu’ils ont clairement partagé différentes localités qu’ils occupent, ces groupes armés devaient contribuer à rendre l’environnement sécuritaire normal dans leurs localités respectives. Dans le cas contraire, ils ne peuvent qu’être assimilés à des terroristes.

Hélas ! On dirait que les vaillants groupes armés ne savent faire la guerre qu’entre eux et contre l’armée régulière en dépit de la signature de l’Accord de paix. Mais quand il s’agit des terroristes, les ennemis communs, le combat est entièrement laissé aux Forces maliennes et Barkhane, l’opération anti-terroriste française. Chose qui n’est pas du tout acceptable, en tout cas pas avant la mise en œuvre du DDR.

Si un groupe armé occupe ne serait-ce qu’un hameau, il doit pouvoir connaitre la musique qui s’y joue. Mais le fait que leurs positions ne sont jamais attaquées par les terroristes et vice-versa malgré leur alignement dans le sens de la paix auquel sont hostiles les terroristes donne l’impression qu’ils sont en fait les mêmes. Notamment la Coordination des Mouvements de l’Azawad qui aurait reçu récemment le renfort des barbus pour reprendre le contrôle d’Anefis.

Aboubacar DICKO

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Merçi mr Dicko de ns relater une evidence qui ns pend au nez depuis le début du processus de l’accord et je me rend cpte que c’est accord est un marché de dupe d’où la difficulté a sa mise en oeuvre L’Etat qui est censé etre le 1 beneficiaire donc le chef d’orchestre est bqs plus préoccupé par la situation d’Anifis que la mise en oeuvre de l’accord La presse fait parti des obstacles de la paix car elle ne fait que ns distraire par des fausses pistes

Comments are closed.