Le patron de l’ONU en appelle à la ferme volonté des parties signataires à faire progresser la mise en œuvre de toutes les dispositions de l’Accord
Le rapport du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, sur la situation au Mali est disponible depuis hier. Le document de 22 pages concerne la période du 23 septembre au 16 décembre 2015, période au cours de laquelle le processus de paix a connu un nouvel élan, estime Ban Ki-Moon qui se réjouit du rapprochement entre la CMA et la Plateforme à l’issue des discussions bilatérales tenues à Anéfis entre le 27 septembre et le 14 octobre au terme de ces négociations, les deux parties ont convenu de coopérer sur les questions concernant notamment la cessation des hostilités, la réconciliation intra et intercommunautaire, l’échange de détenus, le retour de l’administration locale provisoire, la libre circulation des personnes et des biens. Cette nouvelle dynamique s’est accompagnée d’une forte mobilisation de la communauté internationale en faveur de la paix au Mali, comme l’ont exprimé les partenaires à la réunion consultative ministérielle tenue à New York le 1er octobre.
La tenue de la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, à Paris le 22 octobre, constitue une preuve de l’engagement du gouvernement en faveur du développement du nord du pays, juge le patron de l’ONU qui se dit encouragé par l’appel de la CMA et de la Plateforme en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de paix. « L’amélioration des relations entre les groupes armés signataires leur a permis d’apporter un concours constructif aux travaux du Comité de suivi de l’accord et de ses mécanismes et s’est traduite par une absence de violation du cessez-le-feu, deux évolutions dont il faut se réjouir », souligne Ban Ki-Moon.
Les parties signataires doivent désormais redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation, en particulier les réformes institutionnelles qui sous-tendent l’application de toutes les autres dispositions du texte, tout en veillant à ce que le processus soit inclusif, transparent et soutenu, exhorte le patron de l’ONU, estimant que c’est aux signataires qu’il appartient d’assurer la réussite de l’Accord. « Sans la ferme volonté des parties maliennes et de ceux qu’elles représentent de progresser dans la mise en œuvre de toutes les dispositions de l’Accord de paix de façon parallèle et synchrone, le soutien de la communauté internationale n’aura qu’une incidence limitée », soutient Ban Ki-Moon.
Pour lui, les parties doivent veiller à tenir des consultations larges et inclusives avec l’ensemble des intéressés (notamment les signataires, la société civile, les femmes et les jeunes) pour renforcer la reprise en main de son destin par le peuple malien. Ce faisant, les priorités et les besoins de développement non seulement des trois Régions du nord mais également de tous les Maliens doivent être pris en compte. « Je me réjouis dans ce contexte de l’adoption récente par le Parlement de la loi instituant un quota de 30 % de femmes dans les instances et les organes législatifs du pays. »
Ban Ki-Moon estime en outre que les progrès politiques accomplis dans le cadre du processus de paix doivent se traduire d’urgence par une amélioration tangible des conditions de sécurité. C’est pourquoi il encourage toutes les parties à avancer dans la mise en œuvre des mesures de défense et de sécurité prévues par l’Accord de paix et à accélérer les efforts déployés par la Commission technique de sécurité et le Mécanisme opérationnel de coordination dans le domaine du cantonnement et du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, notamment la mise en place durable des patrouilles mixtes. La réforme du secteur de la sécurité est une autre priorité à mettre en œuvre, car il ne peut y avoir cantonnement, désarmement, démobilisation et réintégration sans une stratégie globale de réforme dans ce domaine.
UNE PRÉOCCUPANTE EXTENSION DE L’INSÉCURITÉ. Le secrétaire général de l’ONU exhorte le gouvernement à mettre en place dans les meilleurs délais les commissions nationales de désarmement, démobilisation et réintégration et d’intégration, tout en assurant la représentativité du processus notamment en remaniant le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité. Si le redéploiement progressif des Forces de défense et de sécurité maliennes suppose que les parties se coordonnent davantage, l’initiative prise par le gouvernement pour faire face aux menaces terroristes qui pèsent sur les régions de Mopti et de Ségou constitue une heureuse évolution.
Pour Ban Ki-Moon, les conditions de sécurité ont continué de se détériorer pendant la période considérée, et les civils, les Forces armées maliennes, les forces françaises et la MINUSMA sont restés la cible d’attaques asymétriques et sophistiquées. « Je condamne fermement ces actes barbares et exprime mes sincères condoléances aux familles des victimes, ainsi qu’aux autorités maliennes et à celles des pays d’origine des Casques bleus de l’ONU qui ont perdu la vie. Les attaques dirigées contre les soldats de la paix sont susceptibles de constituer des crimes de guerre au regard du droit international. »
Le patron de l’ONU se dit particulièrement préoccupé par l’extension de l’insécurité dans le centre et le sud du pays, par les attaques et les actes d’intimidation inacceptables commis par les groupes extrémistes et terroristes. Dans ces circonstances, il appelle les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et tous les donateurs bilatéraux à poursuivre leurs efforts pour faire en sorte que le personnel déployé dispose des moyens et de la formation nécessaires à son intervention dans cet environnement hostile. « Je me réjouis à la perspective du déploiement rapide d’un bataillon spécialisé en convois de combat et je souhaite que les capacités militaires et policières prioritaires évoquées aux paragraphes 49 et 50 du présent rapport soient rapidement déployées. Je reste par ailleurs déterminé à mettre en œuvre des mesures innovantes pour garantir l’exécution du mandat de la MINUSMA et à renforcer la protection de son personnel », souligne Ban Ki-Moon.
Par ailleurs, il se réjouit de la nomination des 14 membres de la Commission vérité, justice et réconciliation, tout en regrettant l’absence de représentants des victimes parmi ces membres. « Pour que la réconciliation soit durable, il faut que le processus de recherche de la vérité, de justice et de réparation soit complet et transparent et que la Commission bénéficie du soutien de l’ensemble de la population », estime-t-il.
Ban Ki-Moon s’inquiète aussi de la persistance des conflits intercommunautaires, en particulier dans la région de Gao où au moins six affrontements violents ont opposé des communautés.
Synthèse
A.DIARRA