Privé de visibilité, le Mali détourne les yeux du Nord

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Un soldat malien dans le village de Kadji, à proximité de Gao
Un soldat malien dans le village de Kadji, à proximité de Gao, en mars 2013. (Photo Joe Penney. Reuters)

L’insécurité règne toujours dans le pays malgré l’opération «Serval» et le dialogue engagé avec les rebelles. Le président Keïta se voit reprocher le «flou» et «l’indécision» de sa politique.

Huit mois après l’accord de Ouagadougou censé mener à une sortie de crise entre les groupes rebelles du Nord et les autorités maliennes, la situation du pays semble toujours aussi opaque. Dans le Nord, l’insécurité règne malgré la présence des forces de Serval (France) et de la Minusma (Nations unies). La semaine dernière le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a une nouvelle fois revendiqué l’enlèvement de cinq Maliens du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) entre Kidal et Gao, ainsi que des tirs de roquettes sur cette seconde ville. Dans la même région, des affrontements intercommunautaires ont fait plusieurs dizaines de morts.

 

 

Gros bras.«Plus le dialogue ralentit, plus le risque sécuritaire dans le Nord est grand», a mis en garde le représentant de l’ONU au Mali, Albert Koenders, à l’occasion d’une encourageante relance des discussions entre le gouvernement et les groupes armés en fin de semaine dernière. L’installation d’une douzaine de sites de cantonnement des combattants rebelles, préalable aux négociations, a notamment été acceptée par les différentes parties. Cette tâche délicate sera supervisée par la Minusma et ses 6 000 Casques bleus.

 

 

«Les discussions ont été organisées pour dégripper le processus. Tout le monde est venu, ça montre que les gens sont intéressés, estime Daouda Maïga, membre de la délégation emmenée par le négociateur Tiébilé Dramé, qui avait travaillé en juin à l’accord de Ouagadougou au nom du gouvernement de transition. Chaque groupe veut son propre pays médiateur. Ces choix sont-ils guidés par des intérêts personnels et matériels ? La question se pose. Mais si un cadre est établi je pense qu’ils le respecteront.» En attendant, le gouvernement malien s’abstient de soulever le couvercle de la bouillante région de Kidal, quitte à acter sa mise entre parenthèses de la République.

 

 

Malgré la présence d’une cinquantaine de militaires français et de Casques bleus, aucun ministre n’y a mis les pieds depuis l’annulation de la visite du Premier ministre en novembre. Aucun préfet ou sous-préfet n’y réside. «Des rebelles sirotent le thé et exercent l’autorité administrative à Kidal alors que notre armée y est cantonnée. [Et ils] viennent jusqu’à Bamako nous donner des leçons de morale… C’est le monde à l’envers ! Plus le temps passe, moins Kidal se sent malienne», fulmine sur Facebook Madani Tall, ancien conseiller d’Amadou Toumani Touré (ATT), président renversé lors du coup d’Etat du 21 mars 2012.

 

 

Le long du fleuve Niger, à Bamako, à 2 000 kilomètres de Kidal, les véhicules zigzaguent lentement entre les engins de chantier. On élargit les routes pour absorber les flux grossissants du trafic. ONU et militaires ont pris leurs quartiers dans les hôtels les plus confortables de la ville. A défaut de touristes, qui ont déserté le pays depuis plus de deux ans, ce sont des gros bras, cheveux coupés en brosse, qui circulent dans d’énormes 4×4 blancs et qui, le soir, se chargent de peupler les bars et de vider les verres.

 

 

En ville, les affiches de campagne de Soumaïla Cissé, casque de chantier vissé sur le crâne, sont toujours en place. Après sa défaite à la présidentielle face à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), il a enfilé l’écharpe de député. Il mène désormais une opposition parlementaire modeste (21 députés sur 147) dans une démocratie mollassonne où le retournement de veste en faveur du pouvoir en place est pratiqué avec une décontraction inouïe. A l’Assemblée nationale, Soumaïla Cissé a dû faire preuve de sang-froid quand il a vu arriver sur les bancs, avec le fils du Président et le beau-frère de ce dernier, deux ex-rebelles touaregs «repentis», élus sous les couleurs du parti présidentiel. Un fort relent de népotisme qu’il critique d’autant plus que le premier a également été élu président de la commission de défense. «Quelqu’un sans expérience à cette place dans un pays quasiment en guerre. C’est inacceptable !»

 

 

L’élu de Niafunké (région de Tombouctou) n’est «pas du tout optimiste» :«Il y a beaucoup de flou et d’indécision dans la politique actuelle. Et ce qui m’inquiète n’est pas tant les tirs d’obus visant régulièrement les bases militaires à Gao, mais plutôt cette insécurité quotidienne faite de banditisme et de règlements de compte en brousse, dont on parle peu. Tout ça n’augure pas de bonnes choses.»

 

 

Sclérosé. Au palais présidentiel de Koulouba, mirage immaculé posé au sommet de la «colline du pouvoir», comme on dit à Bamako, l’entourage d’IBK reconnaît «avoir mal expliqué [son] action». Mahamadou Camara, directeur de cabinet, expliquait hier à Libération : «On n’a pas assez insisté sur la situation du pays à notre arrivée. Un Etat à genoux avec des caisses vides, un pays au ban des voisins, avec une administration démobilisée et sclérosée.» Et pour le reste ? «Le Président sait où il va, assure son cabinet. Normalisation dans la première partie du mandat, résolutions des problèmes quotidiens et développement dans la seconde.»

 

 

Au début de l’année, l’annonce de la signature d’un accord de défense entre le Mali et la France avait agité la capitale, soucieuse de ne pas être «néocolonisée». «Un traité de coopération militaire, rectifie le directeur de cabinet. Et s’il n’a pas été signé le 20 janvier comme annoncé, ce n’est pas parce qu’il y a eu retard ou report. Il doit simplement être validé par l’Assemblée nationale. Ça devrait passer en mars.»

 

 

De Kidal à Bamako, l’urgence est partout, alors que le «programme accéléré de développement des régions du Nord» tourne pour le moment au ralenti. Mais, sur la colline du pouvoir, on développe un autre programme accéléré : cacher à la vue du roi du Maroc, Mohammed VI, en visite d’Etat demain, les murs des bâtiments toujours criblés par les impacts des tirs du coup d’Etat de 2012.

 

Fabien OFFNER Correspondant à Bamako

Source: liberation.fr / 16 février 2014

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16 COMMENTAIRES

  1. I B K SVP LES MALIENNES SONT ME CONTANT…WARABA.FAMA.SAMA ECT.ET CE CARGO TRANSPORTEURE QUI VOLE CHAQUE SOIRE AMMENE QUOI EN FRANCCE.DU PETROLE LURANIUM OU LE MAGANAIS.SVP.LA FRANCE A DEJAS FAIT SON MIEU.LASE NOTRE ARMEE FINIRE UNE BONNE FOIS AVEC SES VOLEUR DE TERRITOIRE.

  2. Je suis désolé M.Camara,un État à genoux n’organise pas de pareilles élections,présidentielles et législatives,ne peut payer les fonctionnaires,organiser les examens,j’en passe.Vos multiples voyages sont-ils pas payés avec l’argent du contribuable? Comment pouvez vous dire que les caisses étaient vides?C’est tout simplement de la délation.Je pouvais admettre de tels propos venant des autorités de la transition,pas de vous.Malgré tout,eux,ils ont tiré leur épingle du jeu.Ce qui fait que vous êtes aujourd’hui aux affaires.Au lieu de les remercier pour le travail abattu,vous préférer tirer à boulet rouge sur eux,pour certainement justifier votre manque de vision pour le pays.Nous savons tous que la situation du pays est encore fragile,d’ailleurs c’est prkoi vous êtes aux affaires aujourd’hui pour la normalisation.Donc vous avez intérêt à trouver autre chose car le peuple sera implacable à l’heure du bilan.Bonne chance à vous, car vous en avez vraiment besoin au vue des signaux donnés.

  3. 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆
    COCO , « cauritologue numérologue » n’a pas été consulté par son ami DRAME …….qui a préféré se servir de son KOLONKANI favori ….pour enquéter et sortir son papier du jour ….juste pour étonner MONKOPIN !
    http://journallesphynxmali.com/index.php?option=com_content&view=article&id=613:enquete-sur-largent-vole-par-les-membres-de-la-junte-florilege-des-biens-immobiliers-de-sanogo&catid=3:enquete&Itemid=60
    Enquete sur l’argent volé par les membres de la junte , florilège des biens immobiliers de Sanogo ….. 😉 😉 😉 😉 😉
    EH DIE ! ! ! !
    😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    N’oubliez pas de reconsulter demain le meme site ….. 😆 😆 😆 😆 😆 😆 :lol IL Y AURA DES PHOTOS !

  4. Je n’ai jamais vu dans ma vie un homme aussi plat que ce Camara. Mais punaise, ou est-ce que IBK a trouvé un tel conseiller?.. Au lieu de dire que le régime devrait plus expliquer ce qu’il est entrain de faire et tenter d’expliquer un peu ce que son chef est entrain de faire (meme un tout petit peu ), il nous confirme que son chef n’a pas de vision en se rabattant sur le soit disant etat du Mali que IBK devrait nous expliquer, comme si nous ne vivons pas l’etat de ce pays dans notre chair, comme si on a besoin que quelqu’un vienne nous expliquer cela. POUR ETRE CLAIR Mr CAMARA, ce qu’on veut qu’on nous explique: C’EST COMMENT IL COMPTE FAIRE POUR NOUS SORTIR DE LA.### je me demande toujours comment IBK , qui sait en ame et en conscience qu’il n’a pas de programme politique, comment il ne voit pas qu’il doit s’entourer de gens compétents, et préfère remplir son cabinet des amis de son fils, des parents de la femme de ce dernier, des potes, etc… 😥

  5. Je n’ai jamais vu dans ma vie un homme aussi plat que ce Camara. mais punaise, ou est-ce que IBK a trouvé un tel conseiller?

  6. “On n’a pas assez insisté sur la situation du pays à notre arrivée. Un Etat à genoux avec des caisses vides, un pays au ban des voisins, avec une administration démobilisée et sclérosée.»

    Désolé, pendant la campagne, IBK (et nous tous aussi!) connaissions EXACTEMENTla situation du pays!…

    ” l’entourage d’IBK reconnaît «avoir mal expliqué [son] action»”
    Fatalement!… Pour la simple raison qu’IBK N’A PAS et n’a JAMAIS EU de programme! Il navigue à vue depuis le début, de déclarations en discours, il va un coup à gauche un coup à droite, un coup en avant un coup en arrière, etc…

    Il n’est pas nécessaire d’être un fin politologue pour s’en rendre compte…

    Helas.

  7. “Mais, sur la colline du pouvoir, on développe un autre programme accéléré : cacher à la vue du roi du Maroc, Mohammed VI, en visite d’Etat demain, les murs des bâtiments toujours criblés par les impacts des tirs du coup d’Etat de 2012”

    Bravo!…

    C’est ce qu’on appelle avoir le sens des “priorités!”… 😥 😥 😥 😥 😥 😥

  8. En conclusion,
    1. la MINUSMA ce n’est qu’une force de dissuasion ou d’interposition entre le Mali et les groupes armés;
    2. l’armée malienne reste toujours en construction, impuissante.

  9. Alla Hou Akbar. DIEU aime le Mali. En réalité l’homme de poigne a tendance à perdre le contrôle de la situation. Voulant tout entamé ensemble pratiquement rien ne bouge. Tout ce que les Maliens ont décrié sous ATT ont refait surface. Parents, amis, connaissance etc…dans le gouvernement, il nous avait fait entendre que ça ne sera pas un partage de gâteaux, aujourd’hui c’est plus que cela. Nous dévons maintenant craindre le PIRE. N’arrêtons pas de faire des bénédictions pour notre beau Mali, débarrassé de ses voyous mnla, hcua, maa etc… Que DIEU sauve le Mali et les Maliens. AMEN.

  10. 😉 les africains doivent cesser d’avoir des presidents forts mais des des hauts conseils de specialistes et de patriotes ❗

    • Piment
      “les africains doivent cesser d’avoir des presidents forts…”

      On a surtout des présidents “forts” en discours, en déclarations, en démonstrations verbales de tous ordres, en déplacements divers, bref: forts……. en gueule et en décorum!…

    • Arrête de voler le pseudo des gens. j’ai remarqué depuis quelques jours il ya des gens qui utilise le pseudo des autres sans état d’âme.

  11. Je sais que IBK ne peut pas…. passe son temps dans les avions ou organisé des festivités avec de beaux discours. Il n’a pas de programme.

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