L’information, qui a circulé avec insistance à Bamako, le Jour de Noël (25 décembre), nous a été confirmée par Boubou Doucouré, le maire de Goumbou, capitale du Wagadou. Des bandits armés, qui se trouvaient à bord d’une quinzaine de véhicules 4X4 ont lancé, mercredi, 24 décembre, vers le crépuscule, une double attaque contre Nara et Goumbou, deux localités séparées d’une trentaine de kilomètres. Elles sont situées toutes deux dans le Sahel occidental malien, du côté de la frontière mauritanienne, comme Nampala, qui a fait l’objet d’une attaque meurtrière (20 morts dont 9 chez les militaires et 11 chez les bandits armés, selon un communiqué du ministère de la Défense et des Anciens combattants) le samedi 20 décembre. Suscitant la réprobation collective du gouvernement, des partis politiques, des organisations de la Société civile et des associations religieuses.
Cette fois-ci, il n’y eu ni mort ni blessé, mais seulement l’enlèvement d’un véhicule 4X4 du Centre national des organisations paysannes dont les occupants, qui se rendaient à Nara pour un atelier, ont été dépouillés de leur perdiem (1 400 000 Fcfa) et de leurs téléphones portables avant d’être relâchés saints et saufs. Cependant, un motocycliste, qui a eu la malchance de se trouver sur le chemin des bandits armés, a été pris en otage pour, semble-t-il, leur servir de guide.
Ces individus ignobles se trouveraient actuellement dans la vallée du Serpent, un vaste périmètre fertile en permanence, en territoire malien, où les éleveurs mauritaniens s’installent une partie de l’année pour faire paître leurs troupeaux, ceci depuis la nuit des temps. Ils sont l’objet d’une traque assidue de la part de l’armée malienne qui a sorti les grands moyens, notamment les hélicoptères partis de Bamako, lesquels sillonnent l’espace aérien du secteur, selon de nombreux témoignages. L’armée malienne bénéficie de l’appui de celle de la Mauritanie qui a entrepris de verrouiller sa frontière afin de couper toute retraite aux tueurs de Nampala.
On se rappelle que le chef d’Etat mauritanien, le Général Mohamed Ould Abdellah et le président Wade du Sénégal ont tous deux condamné l’attaque de Nampala et assuré le Mali de leur soutien.
Manifestement, les hommes de Bahanga ont fait un pari très risqué en s’éloignant de leur base traditionnelle, le Grand nord malien, à la frontière algérienne, pour venir frapper très au sud, dans une zone relativement peuplée, qu’ils connaissent très peu, où leur marge de manœuvre est donc très étroite. Certains analystes estiment d’ailleurs que c’est le besoin de s’approvisionner en carburant, vivres et eau qui a pu les pousser à attaquer une agglomération de la taille de Nara. L’un d’eux estime que si la coopération militaire joue correctement entre les armées du Mali et de la Mauritanie, les fugitifs se feront prendre immanquablement.
Ce qui pourrait imprimer un tournant dans la façon dont Bamako a toujours géré ce dossier. Le gouvernement aurait, en effet, un précieux atout pour ouvrir une procédure judiciaire contre les bandits armés, ce dont il s’est gardé jusqu’ici, privilégiant le dialogue.
Cette chasse à l’homme dans le Wagadou a lieu au moment où l’armée a lancé une vaste opération de quadrillage de tout le Nord-Mali.
Saouti HAIDARA