Coup d’envoi ce mercredi à Yamoussoukro du 42e Sommet de la Cédéao, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest. « La Cédéao fait le point », annonce en Une Fraternité Matin. Le point, entre autres, sur l’opération internationale au Mali. Et on va parler gros sous… En effet, précise le quotidien ivoirien, au centre des discussions, il y aura « la mobilisation des ressources, après la promesse des partenaires, surtout que la Misma va passer de 3 300 à 8 000 hommes avec un besoin estimé à près de 950 millions de dollars. Il est vrai, relève Fraternité Matin, que l’entregent et le leadership du président en exercice de la Cédéao, Alassane Ouattara, ont permis de mobiliser l’Afrique entière et la communauté internationale dans son ensemble autour du Mali. Mais force est de constater que les promesses tardent à se concrétiser, alors même que les troupes africaines continuent d’être déployées et que les jihadistes changent chaque jour de stratégies ».
Alors, 950 millions de dollars pour financer la force internationale au Mali : « c’est une somme naturellement astronomique pour nos budgets squelettiques, remarque L’Observateur au Burkina. Le plus dur est de trouver cet indispensable nerf de la guerre, sans lequel le déploiement des troupes ouest-africaines sera compromis, du moins limité. Faudra-t-il dans ces conditions, s’interroge le quotidien burkinabé, attendre l’hypothétique promesse d’aide de la communauté internationale avec le risque de mettre du temps à la recevoir ou faudra-t-il que la Cédéao s’autofinance en attendant d’être remboursée ? »
En tout cas, relève encore L’Observateur, « voici donc le sort du Mali tributaire de la capacité pécuniaire de la communauté ouest-africaine. Pendant que nos chefs d’Etat rivalisent ouvertement ou de façon couverte pour le leadership sous-régional, l’occasion leur est donnée ici de prouver chacun sa puissance de frappe financière, car leadership politique rime toujours avec leadership financier. C’est ici que l’on verra qui est garçon, comme disent nos frères ivoiriens, car tout le reste n’est que ‘woba-woba’ ».
Des « mendiants larmoyants » ?
Pour le site d’information Fasozine, les pays de la Cédéao doivent se prendre en charge. « Même si la guerre au Mali demeure une préoccupation de taille pour Paris, dont les ressortissants et les intérêts sont devenus la cible privilégiée des terroristes, elle ne doit pas mobiliser plus que la seule armée française. Certes, Paris bénéficie du soutien, entre autres, de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique. Mais de là à croire que ces partenaires traditionnels de l’Afrique doivent également financer les armées d’Afrique de l’Ouest afin que celles-ci s’engagent au Mali, il y a peut-être un pas indécent à ne pas franchir.
On le sait, relève Fasozine, les armées africaines sont à l’image de la plupart des Etats qui tirent le diable par la queue. (…) Plus de cinquante ans après les indépendances octroyées, l’Afrique peine à avoir de véritables armées professionnelles et dignes. La crise malienne n’est d’ailleurs que la conséquence d’une inconséquence de l’armée de ce pays. Rien d’étonnant donc, conclut le site burkinabè, que les chefs d’Etats de la Cédéao se présentent aujourd’hui en mendiants larmoyants devant la communauté internationale pour demander de ‘zouter du riz’ à leurs soldats avant de les envoyer sur le front du septentrion malien. Cela ressemble fort, estime Fasozine, à un marchandage indécent ».
La loi des vainqueurs…
Un rapport qui fait grand bruit en Côte d’Ivoire… Le rapport que vient de publier Amnesty International sur les violations graves des droits de l’homme commises par l’armée ivoirienne l’année dernière à l’encontre de partisans avérés ou supposés de l’ex-président Laurent Gbagbo.
« Amnesty International se déchaîne contre les FRCI et les Dozos », s’exclame en UneL’Intelligent à Abidjan. FRCI, pour Forces républicaines de Côte d’Ivoire, et les Dozos, rappelons-le, sont une confrérie de chasseurs traditionnels, utilisés comme supplétifs aux forces de l’ordre.
« Le titre du rapport est terrible, remarque L’Intelligent, ‘La loi des vainqueurs’, le contenu accablant : deux ans après la fin de la crise post-électorale et ses 3 000 morts, dont une majorité de civils, les droits de l’homme n’ont guère progressé en Côte d’Ivoire. Détentions arbitraires, exécutions sommaires, tortures, harcèlements et exactions de tous ordres y demeurent monnaie courante. Mais cette fois, relève le quotidien ivoirien, au détriment des populations et ethnies soupçonnées de sympathie pour l’ancien président Laurent Gbagbo ».
Apparemment embarrassé, le ministre ivoirien de la Justice et des Droits de l’homme, Gnénéma Coulibaly répond, dans les colonnes de Fraternité Matin : « Nous estimons que nous serons plus à l’aise pour répondre, après les vérifications que nous allons faire », affirme-t-il. Pour autant, le ministre estime qu’une commission internationale d’enquête « n’est pas nécessaire ».
Du côté de la presse d’opposition, on jubile. « Amnesty International assomme Ouattara », s’exclame Le Nouveau Courrier pour qui « la face hideuse du régime Ouattara a été dévoilée ». Et le quotidien d’opposition de citer les auteurs du rapport : « Nous estimons que la réconciliation passe par une réparation judiciaire, affirment-ils. Il faut que le chef de l’Etat mette fin à l’impunité. Si on veut aller à la réconciliation, il faut mettre fin à l’impunité ».
Par Frédéric Couteau
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