Rendre d’abord compte à la base
C’est le point de vue de certains groupes armés qui n’ont pas paraphé le document et qui entendent communiquer avec leur base avant de valider le texte.
Ce qui est constant, c’est que Sept mois de dure tractation n’ont pas suffi pour clôturer les négociations à leur niveau. Mais tout le monde est unanime qu’il y a un début d’avancée positive. En témoignent l’unicité et la laïcité de la République, deux principes sacro-saints sur lesquels le gouvernement malien n’entendait pas tergiverser et surtout l’abandon des notions comme le fédéralisme et l’autonomie, les deux mots de cœur des groupes armés.
A en croire ces groupes non signataires, ils veulent « un délai raisonnable pour consulter les populations qu’ils représentent ». Mais, l’espoir renaît néanmoins car un accord, même partiel, vaut mieux que RIEN du tout.
Il faut savoir que le monde entier est familier de ce genre de faux bond de la part des groupes armés qui brandissent toujours un alibi pour faire marche arrière. Mais le fait que la France, les Etats Unis, les NU, l’UA, etc. ait signé l’accord fragilise davantage le MNLA acculé dans son dernier retranchement et esseulé par ses manœuvres dilatoires.
Un accord définitif en gestation
Le gouvernement malien a bien fait de communiquer largement sur le document soumis à l’approbation populaire même s’il n’a pas été signé de manière définitive. La coordination des mouvements de l’azawad n’a pas signé. Mais le groupe de Harouna Toureh a paraphé l’accord de même que la France, les USA, l’organisation de la conférence islamique, les NU, l’UA, la CEDEAO, sans oublier l’Algérie et le gouvernement malien, tous ayant paraphé ledit Accord. La coordination des mouvements azawad joue donc aux prolongations, les autres ayant décidé d’avancer. Et c’est cette même coordination qui revendique le fédéralisme, le statut juridique et administratif de l’Azawad cumulés aux aspects financiers liés à une certaine autonomie.
La concession d’IBK
Pendant huit mois, des pays sont au chevet du Mali, donc en négociation. Le Mali à travers son président Ibrahim Boubacar Kéita a fait le choix de la paix et du compromis. Cela est d’autant plus vrai qu’il a compris que « sans paix, il n’y a pas de développement ». D’où le sens de la responsabilité qui lui est reconnue dans cette prise de décision.
Quant au document lui-même, il n’est pas parfait donc susceptible d’être aménagé. Cela veut dire concrètement que les négociations doivent se poursuivre. Toute chose qui constitue une chance pour la paix et pour le Mali d’aller de l’avant.
Pour les représentants du gouvernement à Alger, « c’est l’aboutissement d’un processus, le début d’un commencement et un sentiment de grand soulagement ». Dans ce genre d’exercice au profit du peuple malien, il faut croire qu’aucun sacrifice ne sera occulté pour aboutir à la paix.
La mauvaise foi des « azawadiens » ?
Pour certains, c’est le principe de l’obligation de rendre compte qui est de mise. Ce n’est pas un acte de défiance, selon nos sources, puisque cette coordination ne peut pas dépasser un certain délai dans la mesure où tous les partenaires ont signé et c’est, toute honte bue, que le MNLA n’a pas voulu, séance tenante paraphé le document.
Pour l’Algérie, représenté par son ministre des Affaires étrangères,
« C’est un jour très important pour le Mali ». Toutefois, les manifestations de rue par certaines populations, à Kidal, demandant à leurs représentants de ne pas signer est considéré comme « un acte irresponsable ».
« Le document ne correspond pas à nos aspirations, l’Azawad, c’est un territoire », ont-ils clamé. Mais s’agit-il d’un acte isolé et commandité ?
Il faut croire que le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est pris en étau entre sa base, réticente à tout accord, et les institutions internationales soucieuses de la paix. Mais l’unité et l’intégrité physique du Mali sont préservées.
C’est le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop qui a conclu cet ensemble de belle façon : « Nous attendons le paraphe définitif. Chaque partie est responsable de ses actes »
Alger a offert donc l’occasion de se retrouver. La sécurité et l’armée sont traditionnellement l’apanage de l’Etat. Avec l’insécurité, le gouvernement malien se soucie des populations dont les besoins essentiels ne peuvent être satisfaits. Aujourd’hui, l’accès à l’eau et à l’école, les soins de santé demeurent un goulot d’étranglement dans les régions nord du Mali alors que le retour de 200 000 réfugiés éparpillés dans les pays voisins (Niger, Burkina, Mauritanie) constitue un vrai casse – tête. On apprend même que dans certains endroits, les humanitaires veulent suspendre leurs activités. L’insécurité alimentaire et la mal nutrition touchent 10% de la population malienne, selon une enquête. Vivement donc un Accord.
Issiaka Sidibé