Pourparlers de paix en Algérie ; Les groupes armés du Nord du Mali entre l’irréalisable et l’utopie

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2e Rencontre d’Alger : Les groupes armés du nord d’accord pour parler d’une seule voix
Le chef de la délégation d’Ansar Dine, Algabass Ag Intalla (G) et Ahmed Ould Sidi Mohamed du Mouvement arabe de l’Azawad cosignent le protocole d’accord, le 28 août 2014 à Ouagadougou

En réclamant la fédération, les mouvements rebelles du nord se sont mis dans l’impasse. Car la logique et le bon sens veulent toujours qu’on demande ce qui est susceptible d’être reçu, du moins possible. Surtout si l’on sait que la partie malienne, dans les pourparlers a reçu une ferme instruction du chef de l’Etat qui doit lui-même son fauteuil à sa promesse de campagne dont les maîtres mots sont : l’unité nationale et l’intégrité territoriale.

 

La revendication récente des groupes armés suite à la publication d’un document datant du 15 septembre, en particulier la reconnaissance d’un statut politico-institutionnel des régions du Nord comme un préalable à la poursuite du processus des négociations, a surpris l’opinion publique nationale aussi bien qu’internationale. Ce nouveau coup de théâtre à Alger à moins d’être une stratégie de communication, comme on a le plus souvent l’habitude de constater dans ces genres de processus, consistant mettre la barre haut afin d’avoir le minimum acceptable et raisonnable est inquiétant. D’ailleurs, même cet aspect cité ci-haut est mal placé dans ce contexte dans la mesure où on n’est pas au début des négociations.

 

Aussi longtemps que remonte l’histoire de la rébellion dans notre pays (1963-1964, 1991, 1996, 2006, 2012), c’est la toute première fois outre, les questions économiques, sécuritaires et de développement, que les mouvements armés mettent en avant la reconnaissance par l’Etat malien d’un statut politico-institutionnel des régions du Nord comme un préalable à la poursuite des négociations. Cette tentative d’ébranlement des rapports de forces des groupes armés pourraient dans une certaine mesure conforter la thèse à laquelle nombreux sont les Maliens qui demeurent rattachés selon laquelle, ces mouvements comptent sur un soutien de taille, notamment celui de la France et de la communauté internationale. L’appel lancé la semaine dernière par le patron des Nations unies, que le Général DE GAULLE a qualifié de « machin », aux groupes armés en négociation en Algérie, de collaborer avec la force onusienne pour la sécurisation du Nord est un exemple patent pouvant renforcer la suspicion. !!!! Surtout si l’on sait pertinemment que la sécurité relève par excellence de la mission régalienne de l’Etat dont il possède le monopole.

 

Les mouvements armés ne peuvent pas revendiquer un statut particulier des régions du Nord. Ils sont confrontés à un véritable problème de représentativité. Les touareg représentent 1 pourcent de la population malienne et 10 pourcent de celle du nord. En effet, ce n’est donc pas tous les nordistes qui partagent ce qu’ils considèrent comme l’idéal. De surcroit, cette revendication contredit clairement la Charte nationale c’est-à-dire: la constitution malienne du 25 février 1992 qui dispose dans son article 25 que «le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale… », puis dans son article 118 alinéa (4) « la forme républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision ». Elle est également en contradiction avec les accords de Ouagadougou et avec ceux issus de la première partie des pourparlers, tous préservant l’unité nationale et l’intégrité du territoire. En tout état de cause, la méthode convenable dont les groupes armés peuvent éventuellement recourir pour revendiquer un parlement, une armée et un système judicaire demeure l’acte démocratique, c’est-à-dire le referendum. Comme le cas d’Ecosse et de Catalogne. Même si cette voie obligée reste innocemment ignorée par ces mouvements. Sans quoi mettre en place une autorité sans le consentement des gouvernés, elle se confrontera à un problème de légitimité. Car dans toutes les sociétés, depuis les moins développées jusqu’aux plus avancées et puissantes, pour obéir à un commandement ou à une autorité, il faut au préalable croire en sa légitimité et partager cette croyance avec l’ensemble de la communauté politique à laquelle on appartient.

 

L’Etat malien doit donc en ce moment crucial où se joue le destin de la nation se montrer fort et responsable, mettant l’intérêt supérieur de la nation et du peuple au-dessus de toute autre considération. Faire en sorte que les puissances étrangères, qui, on le sait sont mues par des intérêts géopolitiques et géostratégiques et leurs valets échouent de la façon la plus lamentable possible.

Ibrahima Harane Diallo

 

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