La première est la création d’Assemblées régionales élues au suffrage universel direct et dotées de pouvoirs importants dans un délai de dix-huit mois, assortie d’une promesse de “plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales”. La seconde déjà utilisée sans grande réussite par le passé est l’intégration des combattants des mouvements du Nord dans l’armée malienne, y compris à des postes de commandement.
Comme le souhaitait le gouvernement, le texte ne parle ni d’autonomie ni de fédéralisme et insiste sur l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, ainsi que sur le caractère républicain et laïc de l’État. Il cite néanmoins l’Azawad (l’appellation du nord du Mali par les rebelles) comme une “réalité humaine”, répondant ainsi à une revendication des rebelles.
Cet “accord de paix et de réconciliation”, faut-il le rappeler, n’a pas été paraphé par la Coordination des mouvements de l’Azawad, qui a demandé un “délai raisonnable” pour consulter les populations qu’elle représente, après avoir exigé en vain des amendements au texte final.
Pour les leaders de la Coordination, le raisonnement est simple : un accord non partagé avec les populations et sa base a peu de chances d’être appliqué sur le terrain.
Malgré cette épée de Damoclès suspendue au-dessus du nouvel accord, les discours se veulent rassurants, tant du côté de la médiation algérienne que dans les rangs de la Coordination. En effet, selon le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le texte sera signé “par toutes les parties” et le délai demandé exprime “l’ambition d’obtenir le maximum de soutien” au texte et non une volonté de s’en “désolidariser”. Il a cependant qualifié cet accord, dont l’accouchement a nécessité huit mois de laborieux pourparlers, de “boussole crédible et efficace vers la paix”. Après cinq rounds de négociations, entamés en juillet 2014 à Alger, “les négociations sont terminées”, a déclaré le porte-parole de la médiation algérienne. Un échec serait synonyme d’une nouvelle impasse, et donc d’une nouvelle crise dans un Nord du Mali de plus en plus en proie aux divisions tribales inter-touarègues et aux trafics de toutes sortes.
Mohamed Ousmane Ag Mouhamedoun, un des porte-paroles de la Coordination, a expliqué que les non-signataires n’excluaient pas de parapher le texte en cas d’approbation de la population, se disant même “optimiste quant à une signature dans quelques semaines au Mali”.
En tout cas, selon différentes explications, une cérémonie de signature officielle de cet accord de paix est prévue fin mars à Bamako. Le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale et chef de la délégation gouvernementale à Alger, Abdoulaye Diop, s’est dit convaincu “que la signature aura lieu dans quelques semaines”.
Le Premier ministre Modibo Kéita a, pour sa part, appelé les groupes rebelles à franchir le pas pour “construire l’édifice de la paix, du développement juste et équilibré”. “Le projet d’accord soumis aux parties n’est certes pas parfait, mais il constitue un compromis que nous pouvons accepter tout en restant vigilants quant à sa mise en œuvre”, a-t-il indiqué.
Rassemblés par Fombus