Le dialogue inter-malien inclusif reprendra le lundi 16 février à Alger, sous la conduite de l’Algérie. Telle a été la décision arrêtée mercredi 11 février par l’équipe de médiation internationale à l’issue d’une rencontre « cruciale » avec des représentants du gouvernement malien conduits par le Premier ministre Modibo Keïta.
Objectif assigné à ce dialogue enclenché en juillet 2014 — il est à son 5e round à cause des tergiversations de certains groupes armés qui soufflent à la fois le chaud et le froid: aboutir rapidement à la signature d’un accord de paix pouvant sortir définitivement le pays de la crise actuelle et relancer le développement.
Le Premier ministre Modibo Keita a estimé mardi à son arrivée à Alger que son pays n’avait «pas d’autre choix» que de s’inscrire dans «une dynamique de paix» et a espéré déboucher «rapidement» sur un accord. Une mission difficile mais pas…impossible. Les groupes du nord qui ont exhibé, tantôt l’arme de la séparation, tantôt celle du fédéralisme, auraient fini par accepter que l’unité du Mali est une ligne rouge. Leurs exigences se limitent désormais à des mesures d’accompagnement pour aider le Nord à se développer. Effet des pressions internationales ? C’est possible.
Le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne qui s’est tenu à Bruxelles le 9 février a, au sujet de la situation au Mali, non seulement rappelé que « l’UE reste attachée à la médiation internationale conduite par l’Algérie », mais a appelé « toutes les parties à y participer et à respecter l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et la déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 ». Le Conseil de Sécurité a appelé, lui aussi, le gouvernement malien et les groupes armés signataires de l’Accord préliminaire de Ouagadougou et ceux qui y ont adhéré à « reprendre sans tarder les négociations inter-maliennes entamées à Alger ». Ce énième round des négociations intervient dans un contexte assez particulier : le cessez-le-feu n’est pas respecté au Nord- Mali car les groupes d’autodéfense et les rebelles touaregs se livrent régulièrement la bataille. C’est fort de cela que le Premier ministre soutient considérer le temps non plus comme un ami mais comme un ennemi. « Plus nous traînons, plus la situation se complique », a-t-il souligné en souhaitant «vivement que cet accord puisse être conclu dans les plus bref délais entre les Maliens ».
On a l’impression que l’on tourne en rond. En tout cas, ce n’est un secret pour personne que les pourparlers avancent à pas de tango. Un constat d’autant plus évident que cela fait déjà huit mois que les négociations traînent, alors que l’Algérie avait donné 100 jours pour régler l’affaire. Tout compte fait, la reprise de ces négociations est une belle occasion pour les acteurs de la crise malienne de faire des concessions à même de leur permettre d’avancer résolument sur le chemin de la paix. Encore faudrait-il que les protagonistes de cette crise prennent conscience que si les négociations piétinent tant, c’est parce qu’il y a une rupture de confiance entre eux.
Certes, on comprend le souci de Bamako de ne pas laisser les populations du Nord à la merci des groupes armés, étant donné que ses soldats ne sont pas autorisés à se rendre dans certaines localités pour assurer leur protection. Elle ne peut pas continuer à laisser le loup entrer dans la bergerie. Mais avec la montée des groupes armés, fervents défenseurs de la République du Mali, les autorités doivent y prendre garde. Surtout que cela peut avoir un effet boomerang. De fait, il n’est pas exclu que ces groupes armés se retournent un jour contre les autorités de Bamako. C’est pourquoi celles-ci gagneraient à trouver d’autres mécanismes pour mieux protéger les populations du Nord. En tout état de cause, il faut que les acteurs comprennent que la crise malienne n’a que trop duré et qu’il est temps d’y mettre fin.
Paul N’GUESSAN