Comme prévu, c’est finalement hier mardi que la reprise des travaux de la seconde phase des pourparlers inclusifs inter-Maliens d’Alger a eu lieu. Ainsi, tous les protagonistes à savoir le gouvernement malien et les groupes armés rebelles du nord ont assisté à la cérémonie d’ouverture officielle. Notons que le report d’une journée était donc nécessaire dans la mesure où certains représentants des mouvements armés n’ont pu rallier la capitale algérienne que le lundi 20 octobre à cause d’un retard de vol. Pour cet ultime round des pourparlers, l’espoir d’aboutir à un véritable processus de paix est très grand.
Signalons qu’en plus des parties en conflit, participent également à ces discussions, la CEDEAO, l’ONU, l’UA, l’OCI, l’UE, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Nigéria en tant que parties de la médiation.
Prenant la parole à cette occasion, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra dont le pays assure le chef de file de la médiation a rendu hommage à l’ensemble des parties maliennes qui ont favorablement répondu à l’invitation. Il a, par ailleurs, rappelé que cette nouvelle rencontre s’inscrit dans le cadre du processus d’Alger en présence des parties maliennes impliquées dans les ” négociations de fond et globales ” pour le règlement de la crise. Avant d’indiquer l’intérêt qu’accordent les autorités algériennes à la tête desquelles le Président Abdelaziz Bouteflika aux négociations inter-Maliennes. Il a également appelé à une exploitation judicieuse du temps imparti à ce round de dialogue pour arriver à l’étape escomptée à savoir le règlement de la crise malienne. Lui emboitant le pas, son homologue malien, Abdoulaye Diop non moins chef de la délégation gouvernementale, a assuré l’engagement des autorités maliennes à mettre en œuvre toutes les recommandations qui seront issues du processus de négociation abrité par l’Algérie. Il en est de même, a-t-il rappelé, pour les accords qui lui sont liés tels que celui signé le 18 juin 2013 à Ouagadougou, la feuille de route d’Alger et la déclaration de cessation des hostilités signées à l’issue de la phase initiale des pourparlers en juillet dernier. Le chef de la diplomatie malienne a également émis le souhait de voir ces discussions aboutir à une paix durable et définitive pour le règlement durable de la crise qui secoue le nord du Mali. Il a exprimé sa profonde gratitude aux autorités algériennes impliquées dans la recherche de la paix et la prospérité au nord du Mali ainsi que dans toute la région sahélienne. Les mêmes remerciements ont été adressés à la communauté internationale pour son accompagnement constant aux efforts consentis par les autorités maliennes. Le ministre a, par ailleurs, exprimé la ” profonde inquiétude ” du gouvernement malien quant à la récente détérioration de la situation sécuritaire dans le septentrion malien. L’occasion pour lui d’appeler à la nécessité d’un dialogue politique franc et sincère entre tous les acteurs, qui semble la seule voie pour régler cette équation. Abdoulaye Diop a par la même occasion exprimé sa compassion et ses condoléances à tous les pays qui ont perdu des hommes au nord du Mali en particulier le Tchad et le Niger. Il a enfin indiqué que le processus d’Alger a réalisé ” d’énormes avancées ” avant de renouveler la confiance de son pays à l’Algérie qui conduit la médiation avec ” beaucoup de dextérité, de patience et d’efficacité “.
Le ras-le-bol de la communauté internationale
Visiblement, les partenaires impliqués dans le règlement du conflit au nord du Mali en ont assez de la situation qui prévaut. On se souvient qu’à la veille de la reprise des pourparlers, le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, qui s’exprimait au nom du Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les parties maliennes à ” négocier de bonne foi avec un esprit de compromis dans les pourparlers de paix à Alger ” pour parvenir à un accord de paix durable. Il les a également exhortées ” à respecter pleinement leurs engagements inscrits dans la feuille de route et la déclaration de cessation des hostilités de juillet dernier ainsi que le cessez-le-feu du 23 mai dernier. Le responsable onusien a insisté sur la nécessité des parties ” à éviter toute action qui pourrait mettre en péril les perspectives de paix “. De son côté, le représentant de l’UE pour le Sahel, Michel Reveyrand espère que ce nouveau round des échanges permettra d’avancer ” résolument ” avec ” réalisme ” et ” pragmatisme ” vers la recherche de la paix et de la stabilité au Mali. Il a insisté sur la nécessité de parvenir à un accord de paix global et définitif le ” plus facilement ” applicable et ” compris ” de toutes les parties maliennes pour renouer à une vie normale dans ce pays.
Pour sa part, le haut représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya a indiqué que les négociations ” cruciales ” d’Alger devraient servir à consolider les acquis déjà enregistrés et à rapprocher les différentes parties dans un ” esprit de dialogue et de concertation “. Il a enfin précisé que c’est en faisant des concessions que la paix reviendra au Mali. Quant au chef de la MINUSMA, Arnauld Akodjenou, il a indiqué que ” seule la conjugaison des efforts des parties en conflit pourrait aboutir à un accord de paix global, durable, définitif et concret permettant le retour à la stabilité au Mali et dans la région “. Lui aussi a appelé les différentes parties à s’engager dans un compromis qui prend en compte l’intérêt et la stabilité du Mali.
Le représentant de l’OCI, Mahmoud Compaoré a appelé les différentes parties maliennes à engager cette phase ” cruciale ” avec un ” esprit de compréhension et de responsabilité collective ” pour parvenir à un accord de paix global et définitif. Le vice-président de la CEDEAO, Toga Gayenea estime que c’est une opportunité ” inespérée ” pour le règlement de la crise malienne affirmant qu’il était temps pour les parties maliennes de prendre leur responsabilité ” historique ” afin que la paix et la stabilité reviennent au Mali.
Notons qu’après la cérémonie d’ouverture, un document de synthèse de la médiation a été remis aux différentes parties. Il regroupe les propositions faites par l’équipe de médiation aux positions exprimées par ces dernières lors de la rencontre de septembre dernier. Il nous est revenu que ce document ne remet pas en cause les lignes rouges fixées par le gouvernement du Mali et les différents accords précédents ainsi que la résolution 2164 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU en juin dernier. Il s’agit, entre autres, de l’intégrité territoriale du Mali, la forme républicaine et laïque de l’Etat. Les délégations auront ainsi quelques jours pour éplucher le document et voir s’il est conforme avec leur point de vue avant de peaufiner leur riposte. Ensuite, elles rentreront pour faire une restitution à leurs mandants pour le gouvernement et leurs bases respectives pour les groupes armés avant la signature du document final qui aura lieu en terre malienne.
Massiré DIOP