Sans tarder sur la crise qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive, le conférencier érige la conférence-débat en cours magistral de journalisme. Toute chose qui a été bien accueillie par les jeunes reporters qui en avaient apparemment besoin.
Le ministre a profité de cette rencontre pour donner quelques conseils très utiles, voire une courte leçon de morale aux journalistes en herbe.
Le conférencier, un expert en communication a, au cours de son exposé, insisté sur ce qui doit être le comportement d’un journaliste, surtout en temps de crise.
La prudence et l’exactitude dans le traitement de l’information, a-t-il indiqué, sont un devoir pour tout journaliste. «Pour parler d’une crise, un journaliste doit chercher à connaitre cette crise, ses causes, son évolution. Dans le traitement de l’info, il ne doit pas mêler les faits à ses commentaires. Le journaliste doit équilibrer ses informations en n’écoutant jamais une seule partie, mais toutes les parties. Il doit faire parler toutes les parties en conflit. Même si le journaliste n’aime pas une partie, il doit l’écouter» a laissé entendre le conférencier.
Selon lui, ceux qui débarquent nouvellement à Bamako, ne comprennent pas ce que raconte la presse malienne sur la crise. Car les medias maliens n’expliquent pas la crise, ils prennent position, insultent ou encensent une partie.
Il a conseillé aux reporters de se documenter, de beaucoup fouiller, car, ajoute- t-il, en temps de crise, le journaliste est facile à manipuler. Aussi, le journaliste ne doit pas commettre l’irréparable en salissant la dignité et l’honneur des autres, mais être sans pitié quand il s’agit de la vérité.
Hamadoun Touré d’ajouter que les groupes armés avec lesquels le gouvernement négocie sont constitués de Maliens qui méritent le respect des medias comme tous les autres Maliens.
«Les journalistes doivent éviter de stigmatiser, insulter l’autre. De telles pratiques rendent difficile la tâche de la réconciliation nationale » a martelé l’expert en communication.
Les jeunes journalistes ont mis à profit cette rencontre pour évoquer les difficultés d’accès à l’information au niveau des départements ministériels et des structures publiques. Nul n’ignore que les autorités préfèrent se confier aux medias internationaux qu’aux medias nationaux. En tout cas, les journalistes attendent, à ce niveau, un changement de comportement des autorités.
Le secrétaire général de la Primature, Dr Abraham Bengaly a, à son tour, salué l’initiative des jeunes reporters, avant de rappeler qu’«éveiller un journaliste, c’est éveiller des milliers de citoyens». Aussi, Dr Bengaly a saisi l’occasion pour rappeler la position du gouvernement dans les pourparlers inclusifs inter-malien d’Alger : régler la crise politiquement par le dialogue. Il conclut que l’initiative des reporters coïncide avec cet esprit d’ouverture du gouvernement aux groupes armés.
Abou Berthé