A cette situation défavorable pour la saine reprise des pourparlers d’Alger, se sont greffé les déboires que la mission des Nations Unies au Mali (Minusma) a eus avec les populations de Kidal et Gao. Compte tenu de toutes ces péripéties, le cinquième round des pourparlers d’Alger qui était censé débuter à la mi-janvier, a été mainte fois reporté. Quoi qu’il en soit, on peut espérer que ce cinquième round pourra démarrer incessamment, car la délégation gouvernementale malienne s’est envolée dans la soirée du mardi 10 février, pour la capitale algérienne. Puisque ce sont les affrontements récurrents entre les groupes armés sur le terrain qui ont constitué la difficulté principale pour la reprise des négociations d’Alger, la médiation algérienne s’est alors évertuée à réunir autour d’une même table, les représentants des deux mouvements belligérants. C’est dans ce cadre que, depuis le 06 février courant, les représentants de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma) et ceux de la plate-forme des Groupes d’Autodéfense, sont à Alger en vue d’aboutir à un accord de cessation des hostilités.
Pendant ce temps à Bamako, la délégation gouvernementale malienne s’est préparée, elle aussi, à participer effectivement et efficacement à ce cinquième et probablement dernier round. Pour cela, le chef de la délégation gouvernementale, le Ministre des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, M. Abdoulaye Diop, a animé un point de presse, le lundi 09 février courant à la maison de la presse à Bamako. Au cours de cette conférence de presse, les propos du ministre ont surtout tourné autour du projet d’accord de paix élaboré par la médiation algérienne et mis à la disposition des parties prenantes.
À propos de ce projet d’accord, le Ministre Diop dira : “le Mali va demander que certaines passages du projet d’accord soient revus. Il s’agit notamment de la question des quotas demandant à ce que les institutions de la République fonctionnent sur la base de quotas attribués à différents groupes ethniques ou à différentes minorités. Aller dans le sens de quotas créera une instabilité permanente pour la pays”.
On se souvient en effet, que les groupes séparatistes (Mnla, Hcua et Maa dissidence) réunis au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma) avaient posé comme préalables au retour de la paix ; la nomination à des grades d’officiers supérieurs (Capitaines, Colonels, Généraux) de certains de leurs hommes ; que la sécurisation de Kidal et ses environs leur soit exclusivement confiée; que certains de élus et cadres soient nommés à des postes de responsabilité au sein de l’administration malienne et des institutions de l’État.
Eu égard aux propos tenus par le Ministre Abdoulaye Diop, lors de sa conférence de presse, ces revendications des groupes séparatistes risquent d’être simplement des vœux pieux. Par ailleurs, toujours selon le Ministre Diop, la délégation gouvernementale ne s’accommode pas du tout avec l’appellation “Azawad” pour désigner les régions du Nord du Mali.
En conséquence, elle exigera de la médiation, le retrait pur et simple du mot “Azawad” de tous les documents officiels ayant trait aux pourparlers d’Alger. “Nous rejetons l’Azawad dans sa connotation politique et géographique qui considérerait Tombouctou, Gao et Kidal comme une seule entité politique“, a dit le conférencier. Vu cette position de la délégation gouvernementale qui ne rime pas forcement avec les attentes des groupes séparatistes, il y a lieu de se demander si ce cinquième round des pourparlers d’Alger sera réellement le dernier. Rien n’est moins sûr.
Les rebelles sont connus pour leur versatilité et la délégation gouvernementale malienne n’est pas prête à se faire duper. On peut donc s’attendre à de chaudes empoignades lors de cette cinquième session des discussions. La communauté internationale, avec la France en tête, a hâte de voir un accord de paix définitif signé par toutes les parties prenantes.
La France avait même lancé un ultimatum en exigeant qu’un accord soit signé pour fin janvier 2015. Mais les choses étant ce qu’elles sont, des circonstances ont prévalu pour freiner la reprise des négociations. En tout cas, le monde semble se lasser de ce processus et c’est l’État malien qui en pâti le plus. C’est donc à juste titre que le Premier ministre Modibo Kéita disait, à l’issue de l’audience que lui a accordée le président algérien Abdel Aziz Bouteflika à Alger le mardi dernier: “plus nous trainons, plus la situation au nord du Mali se complique et plus les problèmes sécuritaires s’accroissent“.
Mamadou GABA
Des traitres
Il est caire que nous sommes pour une paix durable dans le Nord de notre pays. Mais nous voulons une paix juste dont les conditions seront acceptées par la majorité des Maliens.
Comments are closed.