Le Conseil de Sécurité de l’Onu a appelé vendredi dernier le Gouvernement malien et les groupes armés à “reprendre sans tarder” les négociations et à “dialoguer par l’intermédiaire de représentants de haut niveau et disposant de l’autorité voulue en vue de parvenir, dans les plus brefs délais, à un accord de paix global et sans exclusive”. Il a aussi annoncé qu’il est “prêt à envisager de prendre les mesures appropriées, y compris d’imposer des sanctions ciblées, à l’encontre de ceux qui reprennent les hostilités et violent le cessez-le-feu”.
De son côté à Alger, l’équipe de médiation des acteurs engagés dans le règlement de la crise du Nord s’est réunie samedi dernier sous la présidence de Ramtane Lamamra, Ministre algérien des Affaires Étrangères, en présence de Mongi Hamdi, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la Minusma, du Chef de la Mission de l’Union Africaine pour le Sahel (Misahel), du Haut Représentant de l’Union européenne pour le Sahel, du Représentant de la Cedeao, des Ambassadeurs du Burkina Faso, du Nigéria, de la Mauritanie et de plusieurs experts sectoriels.
“Après avoir déploré la dégradation rapide, depuis novembre, de la situation sécuritaire dans les zones du Nord et particulièrement à Tabankort, les participants à la rencontre ont convenu de la cessation immédiate des hostilités et d’amener les parties concernées à considérer la Feuille de route comme compromis servant de base de travail”.
Pour sa part, la délégation Malienne présente à Alger depuis mercredi dernier, dans le cadre de la 3ème rencontre avec les groupes armés du nord espère que cette fois un accord sera signé. Et pour cause.
« Nous avons l’assurance que les responsables des groupes armés seront présents cette fois contrairement aux deux précédents rounds au cours desquels ils se faisaient représenter par des personnes qui ne pouvaient prendre aucune décision», a dit Mr Abdoulaye Diop chef de la délégation du Mali. Selon lui, la délégation gouvernementale va en Alger avec un esprit constructif, un grand sens de responsabilité avec le souci de préserver les intérêts du pays.
« Toujours selon Mr Diop, le document qui fera l’objet de discussion préserve le respect de l’intégrité territoriale, le respect de la souveraineté nationale du pays, le respect du caractère laïc et républicain, de même que la forme unitaire de l’Etat malien ».
L’insécurité au quotidien
Enlèvements de personnes et de véhicules, vols et viols, attaques armées contre les populations civiles, affrontements entre groupes armés, de Tombouctou à Kidal en passant par Gao, l’insécurité est de nos jours, totale dans les régions nord du Mali.
En effet, alors que les affrontements entre différents groupes armés n’ont pas cessé dans le nord du Mali, ce sont les attaques contre les populations civiles qui se multiplient. Pour se ravitailler, les groupes armés attaquent ainsi, et cela régulièrement, les populations dans le nord de notre pays. C’est le cas à Bamba.
Là trois à quatre véhicules arrivent nuitamment. Méthodiquement, des hommes armés défoncent des boutiques fermées, appartenant aux commerçants. Au total 34 boutiques pillées, des vivres emportés : du lait, du thé, du sucre, des cigarettes, et du riz notamment. Quatre motos ont été également enlevées. En plus des attaques des groupes armés (pour se ravitailler), dont elles sont victimes, les populations subissent des expéditions punitives menées par ces mêmes groupes. Le cas le plus récent, s’est passé à Kano, localité située près de Tombouctou. Ici, des domiciles ont subi des tirs de roquettes. Bilan : un mort et 23 personnes enlevées.
Trois soldats tchadiens de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) avaient déjà été blessés le 2 décembre dernier lorsque leur véhicule avait sauté sur une mine à Aguelhok.
Ce jour, en début d’après-midi, un véhicule des Casques bleus du contingent tchadien a heurté un engin explosif aux abords du camp de la Minusma à Aguelhok. Le bilan était de trois blessés dont un grave.
Avant, le 25 novembre dernier, deux soldats de l’escorte d’un ministre malien avaient été tués et cinq autres blessés dans une explosion similaire à environ 40 km au nord de Gao.
A Bourem (100 km de Gao) un auteur présumé d’attentat s’est tué le 21 novembre 2014, en manipulant une bombe. Une attaque menée pour la première fois par un kamikaze à la peau noire.
Le kamikaze, venu du sud de la ville de Bourem était non loin de l’usine de phosphates du Mali, lorsque, suite à une maladroite manipulation de l’explosif qu’il portait, l’homme s’est tué sur le coup.
Selon des sources dignes de foi, l’engin mortel était destiné aux troupes des Forces armés maliennes.
Aussi, à Kidal, deux commerçants ont été retrouvés égorgés, le 20 novembre vers le soir. C’est le groupe rebelle armé HCUA, le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad, qui avait donné l’alerte. Les deux hommes, des commerçants transporteurs, avaient disparu entre Kidal et la frontière algérienne.
En 2014, 36 Casques bleus ont été grièvement blessés et dix autres ont perdu la vie lors d’explosions de mines dans les régions nord du Mali.
Toute chose qui prouve que l’occupation de la région de Kidal par les groupes armés du MNLA, HCUA et MAA constitue un obstacle à une lutte efficace contre les djihadistes, narcotrafiquants et autres criminels du genre qui opèrent encore dans la région.
Les groupes armés (MNLA, HCUA, MAA), n’ont ni la puissance de feu, ni le nombre de « combattants » qu’il faut pour sécuriser la région.
D’ailleurs, ni même contre l’Armée malienne, à défaut de soutien (djihadistes ou autres) ces groupes armés ne feront pas le poids. Pourquoi, ne se rendent-ils pas compte de l’évidence ?
Un proverbe de chez nous dit ceci : pour oser remplir sa bouche de farine, il faudrait bien être sûr d’avoir suffisamment de salives pour l’avaler.
L’espoir est-il permis ?
Qui soutient ces groupes armés dits rebelles ? Qui joue à la « politique » de l’autruche ?
A noter que, avant l’occupation en mai 2014 de Kidal et de certaines localités de la région de Kidal par ces groupes armés dits rebelles, il y avait une relative sécurité dans la zone. Mais, depuis, la région de Kidal est devenue une zone que personne en réalité ne contrôle. C’est pourquoi, attentats et assassinats y sont perpétrés régulièrement.
La Coordination des mouvements dits de l’Azawad (MNLA, HCUA, MAA) n’a pas le choix : la réconciliation de tous les fils du pays dans un Seul Mali est l’unique solution au problème d’insécurité dans nos régions nord.
Aussi, comme le disait Me Harouna Toureh, président des Mouvements de la Plate forme d’Alger « tant que l’armée malienne ne sera pas déployée sur l’ensemble du territoire national pour sécuriser l’ensemble des populations, il n’y aura pas de paix et il n’y aura pas de développement ».
Nos « frères égarés » comprendront-ils cela ? Vont-ils, cette fois-ci à Alger donner une chance à la paix ? »
En tout cas, le président français François Hollande y croit fermement et assure même que “le Mali retrouvera son intégrité territoriale, le moment est proche…”. C’était au cours d’un discours qu’il a tenu, vendredi dernier, à l’Élysée.
Le président français sait, certainement de quoi il parle…
Malick Camara
Opportunistes
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