Pourparlers d’Alger : Le processus vers l’enlisement

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Groupe MNLA
Groupe MNLA à Ouagadougou (photo archives)

Enfin la négociation inter malienne s’est ouverte pour la deuxième phase ce lundi entre l’Etat malien et les groupes armés. La tâche s’annonce ardue et compliquée non seulement par l’intrusion de certains interlocuteurs absents lors du premier round, qui veulent prendre part au processus mais aussi par l’entêtement de certains à obtenir un statut particulier pour l’Azawad. Ce qui conduira  le processus de paix vers l’enlisement.

 

Après un premier round  auréolé de succès, la perspective de la deuxième phase qui a débuté ce 1 septembre à Alger commence à donner du fil à retordre. En un laps de temps, on a assisté à une floraison d’autres mouvements armés dans le septentrion, exprimant leur volonté d’embarquer dans le navire.

 

 

En effet, bien avant la reprise de la deuxième phase des négociations, le rang des groupes armées n’a cessé de grossir. Avec notamment le groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), réputé proche d’El Hadj Ag Gamou. Il revendique un millier de combattants et une base entre les villes de Gao et Kidal. Ce groupe d’autodéfense, à en croire ses têtes de proue, entend inscrire son action dans l’unité territoriale du Mali. Comme si cela ne suffisait pas, moins de trois jours avant la reprise du dialogue, le 1er Septembre, un autre groupe armé, le dernier pour l’instant, sorti du néant veut entrer dans la danse. Il s’agit du mouvement populaire pour le salut de l’Azawad (Mpsa)  crée par quelques dissidents du Mouvement arabe de l’Azawad. Ce dernier-né menace de prendre les armes en cas de non satisfaction de leurs revendications. Ces deux groupes armés ont un seul  dénominateur commun : prendre part au processus de négociation qui se déroule à Alger. Ce nouveau rebondissement risque de compromettre dangereusement le processus. Surtout quand on sait que des divergences de vue ont, par le passé, fait trainer inutilement en longueur l’organisation des pourparlers inclusifs de paix conformément à l’Accord Préliminaire de Ouagadougou. Cette situation n’est guère de nature à favoriser  la sérénité lors des négociations. L’on garde fraichement à l’esprit qu’à l’ouverture officielle des négociations du 16 juillet dernier à Alger,  les signataires de  la déclaration d’Alger (Mnla, Hcua, MAA) ont suscité  le tollé  quant à la participation des trois autres groupes aux négociations, à savoir CPA, Cm-Fpr et l’aile dissidente du MAA. Ce qui a abouti à la signature de deux feuilles de route différentes.

 

 

Oiseaux de mauvais augure

Pendant que  l’Etat et les partenaires internationaux s’évertuent afin à trouver une issue rapide au problème du nord, c’est le moment tout trouvé par les oiseaux de mauvais augure, les djihadistes,  pour annoncer leur retour. Les forces de la Minusma ont appris à leurs dépens que le spectre du terrorisme n’est pas complètement éradiqué dans le septentrion. Leur base militaire  d’Anéfis a été la cible de huit roquettes, le mercredi dernier, tirées par les éléments du Mujao, et un de leurs véhicules a sauté sur une mine, entre Aguel Hoc et Kidal, causant la mort de quatre casques bleus tchadiens.

 

 

Ce retour des forces obscurantistes est loin d’être un signe d’apaisement du conflit, mais plutôt un signe de menace d’enlisement du processus. Car tout portait à croire que le maximum de conditions était réuni  pour la signature d’un accord de paix définitif. Ce retour inopiné des djihadistes dans le nord complique davantage la situation. En outre, une semaine avant l’ouverture de la deuxième phase, la quasi-totalité des groupes se sont retrouvés à Ouaga afin de pouvoir parler d’une seule voix à Alger. Selon des indiscrétions, ces groupes ont arrêté leur plan machiavélique à savoir obtenir un statut particulier pour l’Azawad à Alger. Cependant, tout le monde sait que jusqu’à preuve du contraire, l’Etat malien reste inflexible sur sa position à savoir que tout demeure négociable sauf l’intégrité du territoire, et propose par conséquent une décentralisation plus poussée vers la régionalisation. Comme pour ne rien arranger, d’autres revendiquent l’incorporation de millier des leurs dans l’armée, ce qui pourrait susciter des frustrations au sud. Alors qu’aucun Malien n’est supérieur à un autre.

 

 

L’Etat doit clarifier le jeu

La deuxième phase des pourparlers qui s’est ouverte le 1er septembre est lourde d’incertitudes. Ce, en raison de diverses équations inattendues qui ont poussé subitement  comme des champignons. Il revient de plein droit aux autorités du Mali de se mettre à la hauteur des enjeux. Car rien n’est acquis de façon irréversible. L’avancée enregistrée ces derniers temps est toujours susceptible d’être remise en cause. Parce que des intrus au processus enclenché veulent mettre les pieds dans le plat. Ce qui  ne va pas sans susciter des réactions. La question qui taraude les esprits est de savoir si l’Etat négociera avec tous ces groupes. En tout cas, il est opportun pour les autorités maliennes de s’affirmer et de clarifier le jeu. Il n’est un secret pour personne que malgré les efforts des facilitateurs et des médiateurs, une feuille de route commune n’a pu être arrachée lors du premier round avec les « deux trios » des groupes armés à Alger. Par conséquent, il urge d’anticiper sur toutes les éventualités. Pour ce faire, l’Etat malien aussi bien que les facilitateurs sont tenus, d’un commun accord, de fixer les gardes fous pour éviter le retour à la case départ. Sans cela, on n’en finira jamais avec la prolifération des milices avec des revendications aussi variées que diverses.

 

Boubacar SIDIBE

 

 

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