Les partis politiques de la majorité et de l’opposition s’accordent à reconnaître que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, est carrément passé à côté de la gestion du dossier du nord du Mali, plus précisément les pourparlers ouverts hier à Ouaga. Le gouvernement participe à ces négociations en nette position de faiblesse, d’une part, pour n’avoir au préalable fait aucune concertation autour de la question, et d’autre part, depuis la perte (définitive ?) de Kidal suite à la déroute de l’armée du 21 mai consécutive à la maudite visite du Premier ministre, Moussa Mara, du 17 mai. Conséquence : l’Etat est mal barré à Alger.
Au cours d’un atelier organisé, mardi dernier, par la Fondation Cmdid (Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie), le dossier du nord, notamment l’ouverture des pourparlers à Alger, s’est imposé comme le principal sujet là où les acteurs politiques étaient invités à faire des propositions d’enrichissement du plan d’action 2014 du Cmdid.
En effet, les acteurs politiques ont fait montre d’une très grande passion pour la question du Nord dont la gestion par le pouvoir est décriée par tous. Sans distinction d’appartenance politique, les participants ont dénoncé les conditions scandaleuses dans lesquelles l’Etat a décidé d’ouvrir des pourparlers avec les groupes autonomistes.
Un recul de vingt ans
Ecoeuré par le recul accusé le 21 mai dernier dans le dossier de Kidal, un membre du comité exécutif du parti l’Ufdp, se demande si c’est le même IBK que les Maliens ont élu à 77%, qui est actuellement au pouvoir. «Dix mois après, peut-on dire que le président IBK a toujours la confiance des Maliens ?», s’interroge-t-il. Face à cette situation, selon lui, le pouvoir a décidé de tenir la classe politique à l’écart et d’ouvrir des pourparlers sans préalablement organiser des concertations autour de la question du Nord. «On n’aboutira à rien de solide sans concertations. On a fait de la gestion de la question du Nord une affaire d’un groupe de personnes… », déplore-t-il.
Nouhoum Keïta, représentant du parti Sadi de la mouvance présidentielle, n’a reconnu aucune amélioration dans la situation de Kidal, depuis qu’IBK est aux affaires. Pour lui, les conditions peu favorables dans lesquelles le Mali va aux négociations d’Alger ne sont que la conséquence de la visite effectuée au mois de mai par Moussa Mara à Kidal.
Un autre participant, Sayon, a enfoncé le clou en déclarant que tout cela n’est que la conséquence de l’aveuglement du pouvoir en place qui, «pour la haine d’un homme, avait, un moment donné, mis de coté l’Accord préliminaire de Ouaga, qui garantit pourtant les intérêts du Mali».
«Ce qui passe aujourd’hui au Nord est inacceptable. On ne le dit pas. En dehors des grandes villes, tout le Nord est occupé par les groupes armés», a affirmé M Touré, qui représentait le Cnid Fyt, un parti également membre de la mouvance présidentielle.
A cette rencontre, l’Adema Pasj était représenté par le député sortant de Gao, Assarid Ag Imbarcaouane. Il s’est prononcé sur le sujet. Pour Assarid, beaucoup de choses sont dites au sujet de la visite effectuée par le Premier ministre à Kidal. «En tant que Premier ministre et chef du gouvernement, Moussa a le droit de se rendre à Kidal où surtout les représentants de l’Etat (gouverneur, préfets et sous préfets) étaient sur place. Mais, avant d’aller dans une telle zone, il faut suffisamment se renseigner, surtout que les services de renseignements étaient sur place », a-t-il ajouté, qui constate avec regret que les évènements du 17 et du 21 mai, nous ont fait reculer de vingt ans. «C’est vrai qu’avant on avait un petit contrôle sur la ville de Gao, sur celle de Tombouctou et de Bourem. Mais, la vérité aujourd’hui c’est que les éléments du Mnla sont partout. Il y a juste quelques jours, ils sont venus implanter leur drapeau à 30 Km de Gao, à Djebock», a révélé l’ancien député Adema de Gao.
Cessez-le-feu dans l’intérêt des groupes armés?
Depuis hier, mercredi, les pourparlers ont débuté à Alger, entre l’Etat et les groupes armés aujourd’hui maîtres de plusieurs localités au nord.
Le drapeau du mouvement indépendantiste est visible dans le Gourma jusqu’à Mondoro, à Mopti, au pays dogon. Pour Assarid Ag Imbarcouane, toute cette situation est provoquée par l’accord de cessez le feu qui n’est pas fait dans l’intérêt du Mali.
Pour l’ancien député de Gao, au moment de signer un tel accord, le médiateur devait, en même temps, exiger des groupes armés qu’ils retournent à leurs anciennes positions.
«Il est incompréhensible que le président Ould Abdel Aziz n’ait nullement tenté d’exiger cela des groupes armés», a indiqué Assarid. Selon lui, les combats violents enregistrés ces derniers temps entre les groupes armés à Tabankor, tout comme les nouvelles occupations de localités, sont des conséquences sont à mettre au compte de cette négligence du parrain de l’accord de cessez-le-feu.
Oumar Diamoye
Tous mes respects, Mr Assarid, mais c’etait a IBK de poser cette condition au President Mauritanien. Mais comme c’etait IBK qui etait demandeur d’accord de cessez le feu, “our pants are on fire now”.
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