Après deux rounds plutôt mitigés, les différents protagonistes de la crise malienne reprennent langue à Alger, dans le cadre de la dernière ligne droite de la recherche de solution à la problématique du Nord-Mali. La phase s’annonce déterminante et la kyrielle d’experts mobilisés pour la cause est à pied d’œuvre, depuis une semaine, pour faire converger les positions vers un schéma alternatif.
La tâche ne tient peut-être pas de l’impossible, et pour cause. En dépit d’une apparente intransigeance lors des rounds précédents, les parties s’accordent au moins sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative à la paix et à l’intégrité territoriale. Toutefois, traduire cette évidence dans une conciliation des schémas disparates, de la forêt de calculs à peine saisissables, passe par un chemin aussi distant que le fossé d’incompatibilité est profond.
La partie gouvernementale est en effet jusque-là demeurée intraitable sur la ligne infranchissable tracée par les hautes autorités, à savoir : une concession qui ne bougera jamais au-delà de la décentralisation poussée déclinée dans la régionalisation. Cette solution est jugée désuète par les protagonistes d’en face, lesquels, par la voix du porte-parole Moussa Ag Attaher, sont montés au créneau, au sortir du houleux round précédent des pourparlers, pour signifier que la décentralisation fait figure de remède «qui a déjà atteint sa date de péremption». La coordination des mouvements autonomistes (Mnla-HCUA-MAA) lui préfèrent plutôt une formule politico-institutionnelle consacrant la libre administration de « l’AZAWAD » ainsi que tous les attributs d’un Etat fédéré : structures exécutives, législatives et judiciaires distinctes de celles de l’Etat fédéral, etc. Le schéma préconise par ailleurs des bouleversements substantiels que sont le transfert de la capitale à Mopti, une modification des symboles de République, entre autres. S’y ajoutent des propositions ayant trait à l’extension des compétences du nouvel Etat fédéré à tous les domaines d’exercice régalien excepté les Affaires étrangères, la défense et la sécurité du territoire fédéral. Ce n’est pas tout. En plus du fait que le chef de l’Etat fédéral est forcément secondé par un ressortissant de l’AZAWAD et vice-versa, le Parlement sera également composée au tiers de membres issus des régions de l’Etat fédéré.
Les ressources locales quant à elles seront totalement gérées par la nouvelle entité, laquelle disposera par ailleurs de 33% du budget fédéral pendant les quinze (15) années suivant la signature d’un éventuel accord. Cet accord, comme on le voit, réside dans la capacité des facilitateurs de la communauté internationale à trouver le précieux équilibre entre les aspirations les plus partagées.
Celui-ci pourrait se trouver dans cet autre schéma alternatif qui circule sous les manteaux : en échange du fédéralisme et de l’autonomie, ouvrir l’administration, le gouvernement et l’armée nationale aux ressortissants de l’AZAWAD à hauteur de 15% de représentativité pour chacune des structures concernées.
En tout cas, faute de sortie adéquat du cercle vicieux avec les garde-fous appropriés, les négociations d’Alger n’auront été qu’une longue trêve au lieu de la solution définitive tant attendue. Avec notamment le risque de transformation du quinquennat 2013-2018 en simple prolongation de la transition ouverte depuis 2012.
A. K.